La question de la santé publique demeure plus que jamais au cœur des débats. En témoignent les mesures résolues du gouvernement français visant à réduire le déficit de la sécurité sociale en 2013 à 13,9 milliard d’euros.
Diminuer les dépenses est une chose, mais d’autres leviers d’actions sont aussi à exploiter, comme utiliser la pratique sportive comme vecteur de santé. En effet, le sport a un rôle essentiel à jouer dans un contexte où les dépenses publiques concernant la santé ne cessaient jusqu’alors de s’élever. Dans certains Etats, les dépenses liées directement ou indirectement au manque d’activité physique peuvent même représenter le double du budget consacré à l’Education !
Le message est clair : le sport participe de la bonne gestion des dépenses publiques en matière de santé. La société postindustrielle se caractérise par une course effrénée au bien-être, tant physique que mental. Les différentes campagnes de communication rappelant les bienfaits d’une nourriture saine et la pratique régulière d’une activité physique ont fait entrer l'idée que le sport est bon pour la santé dans les mœurs.
Pour autant la pratique du sport est une autre question et s’est-on réellement réapproprié la devise "mens sana in corpore sano" dans notre vie quotidienne ? A l’heure du dopage, du tout virtuel et des "nouvelles" maladies caractéristiques d’une société de plus en plus marquée par la sédentarité (obésité, maladies cardio-vasculaires), il apparait nécessaire de promouvoir encore et toujours l’égalité des chances et les bienfaits du sport pour tous.
L’Année européenne du vieillissement actif 2012 fût et est à n’en pas douter une occasion à saisir ! Toutefois, les tensions accrues sur le financement du sport pour tous, la montée de l’individualisme et les graves crises traversées par nos sociétés sont autant de risques pouvant mettre en péril la capacité des activités physiques et sportives à participer au bien-être de la population, même si l'inactivité physique est l'un des principaux facteurs de risque pour la santé. En effet, elle serait la cause d’un million de décès (environ 10 % du total) par an dans la région européenne de l'OMS .
Il est statistiquement démontré qu’entre 40 et 60 % de la population de l'UE mènerait une vie sédentaire . Il est donc temps d’agir pour atteindre l’objectif fixé par l’OMS en 1946 : "La jouissance de la plus haute norme atteignable de santé est l'un des droits fondamentaux de tout être humain sans distinction de race, de religion, de convictions politiques ou de condition économique ou sociale."
La campagne "Designed to move" révèle des résultats scientifiques alarmants Il y a seulement quelques générations, l’activité physique faisait partie intégrante de la vie quotidienne. Au nom du progrès, nous l’avons si minutieusement écartée que l’inactivité physique semble à présent complètement normale. Les coûts économiques en sont inacceptables, les coûts humains impardonnables.
Selon les experts (Nike, le Conseil International pour l'éducation physique et la science du sport (CIEPSS) et l’American College of Sports Medicine (ACSM)) réunis autour de la campagne "Designed to move", tant les opportunités que la nécessité de bouger ont décliné dans le monde moderne, ce qui conduit à un manque grandissant d’activité physique. En effet, en raison de la technologie et de la modernisation, l’exercice physique au quotidien a disparu, tandis que le sport et les activités physiques sont plus que jamais marginalisés. Ce phénomène affecte des millions de citoyens européens. Il fait figure de menace dangereuse et imminente pour la santé, le bien-être et la qualité de vie de chacun.
Les recherches actuelles montrent que si rien n’est fait, en 2030 la moitié des Américains et des Chinois seront physiquement inactifs, tout comme un tiers des populations britannique et brésilienne. Cela représente un milliard de personnes. Un problème encore plus effrayant est le fait que la condition physique des enfants d’aujourd’hui se détériore irrémédiablement, ce qui en fait la première génération dont l’espérance de vie sera inférieure à celle de ses parents… de 5 ans.
Nous nous devons d’agir maintenant avant qu’il ne soit trop tard. Seule une action symboliquement forte et contraignante des institutions européennes en matière de Sport/Santé, car c’est là un aspect central des problématiques actuelles de santé publique, pourra permettre de palier ce fléau.
A l’appui des recherches (validés par 70 experts et organisations multisectorielles dont le think tank Sport et Citoyenneté pour l’Europe) sur le cerveau qui ont démontré que les préférences et les motivations sont déterminées pour la vie vers l’âge de 10 ans, la campagne se focalise sur les enfants en leur proposant des expériences positives (pour multiplier les chances qu’ils adoptent un mode de vie physiquement actif de façon durable) et en intégrant l’activité physique dans leur vie de tous les jours (en construisant des villes et des communautés qui leur permettent de bouger plus).
Conscients des risques qu’entrainent la sédentarité sur notre santé, nous devons vraiment faire entrer l’activité physique dans nos mœurs afin d’éviter à tout prix que nos enfants voient leurs espérance de vie se raccourcir. Gageons que les institutions européennes s’emparent des résultats effrayants de cette campagne, mais malheureusement bien réels.
Par Julian Jappert (directeur) et Inès Boutar (chargée de communication) du think tank Sport et Citoyenneté