Pour Sapin, 50 milliards d’économies en 2014 et en 2016 « ne peuvent pas être les mêmes »

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 11 juillet 2016 à 13h29
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2,7%Michel SApin table toujours sur un déficit à 2,7 % du PIB en 2017.

Malheureusement les épreuves du Bac sont terminées car le ministre des Finances, Michel Sapin, a prononcé une phrase qui aurait pu être à la fois le sujet de Philosophie et d'Economie. Mais ce ne fut ni une boutade, ni une phrase prononcée au hasard : c'est la justification donnée par le ministre pour le non-respect des engagements que la France a pris envers Bruxelles.

50 milliards ne sont pas toujours 50 milliards...

Les mathématiques sont probablement une opinion et on sait que l'Economie n'est pas vraiment une science exacte... mais tout de même. Lors d'une conférence de presse donnée lundi 11 juillet 2016, le ministre des Finances a donné une raison un peu étrange pour justifier que le gouvernement ne réalise finalement pas les économies promises en 2014 à la Commission Européenne.

Ces économies, qui devaient être réalisées sur la période 2015-2017 et devaient permettre à la France de faire tomber son déficit sous la barre des 3 % du PIB, étaient conséquentes : 50 milliards d'euros. La France s'était alors pliée à la volonté de la Commission Européenne car elle menaçait de lui infliger une amende de 4 milliards d'euros. Mais deux ans après, ce n'est plus vraiment la même chose...

"Cinquante milliards annoncés début 2014, ça ne peut pas être les mêmes 50 milliards trois ans après, parce que la vie continue" a déclaré le ministre. Pratique : si vous deviez 50 euros à votre meilleur ami, vous pouvez lui dire que désormais, en France, les montants sont plutôt relatifs et que finalement vous pouvez lui rendre seulement 48 euros.

Michel Sapin n'a pas tort... mais Bruxelles risque de ne pas apprécier

Ce que Michel Sapin veut dire par cette phrase qui paraît étrange est simple : "Depuis 2014, un certain nombre de choses se sont passées", dont "une inflation zéro sur quasiment trois ans". Sans compter la menace terroriste qui a conduit le gouvernement à faire des choix sécuritaires et coûteux. Des dépenses "légitimes" estime le locataire de Bercy.

Le gouvernement, en plein campagne, a également promis des hausses de salaires, des dépenses supplémentaires pour l'emploi... autant de dépenses déjà épinglées par la Cour des Comptes qui vont rendre impossible l'objectif de 18 milliards d'euros d'économies qui devraient être réalisés en 2017 afin d'arriver au total de 50 milliards promis à Bruxelles.

Reste que, malgré l'objectif non-atteint, Michel Sapin mise toujours sur un déficit à 2,7 % comme prévu pour l'année 2017. Un déficit qui ne sera atteint que si la croissance s'avère de 1,5 % ou plus en 2016 et 2017, un niveau très élevé et qui laisse transparaître l'optimisme du gouvernement : aucune grande institution du monde n'y croit et même la Banque de France a des doutes, tablant sur 1,4 % en 2016 selon ses dernières estimations publiées lundi 11 juillet 2016.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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