Sauvetage des banques espagnoles : pourquoi il fallait agir vite

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Par Jean-Paul Betbèze Modifié le 10 juin 2012 à 9h03

Les marchés n’attendront pas longtemps : les Espagnols sont sur les dents, Mario Draghi, le gouverneur de la Banque Centrale Européenne, est prêt à aider, et l’Eurogroupe d’accord pour débloquer 100 milliards. Notre voisin vit en effet une triple crise : une bulle immobilière qui éclate et met en danger ses caisses d’épargne, une crise de ses finances régionales, le tout sur fond d’une récession qui empire, avec baisse des dépenses publiques, des salaires et des pensions. En contrepartie, et on ne le dit pas, les exportations se redressent : c’est en effet la seule voie pour se sortir d’affaire, en Espagne comme en Grèce, comme en France aussi. Mais la reprise par l’extérieur est toujours lente, bien plus lente que les effets négatifs de la crise financière sur l’activité et la confiance. Voilà pourquoi les autorités espagnoles cherchent l’aide de la zone euro, car la facture dépasse de loin leurs possibilités. Mais, en Espagne ou ailleurs, les hommes politiques n’aiment pas demander de l’aide, préciser son usage, donner des garanties, s’engager sur une feuille de route. Et en Espagne il n’est pas question de demander davantage d’austérité en contrepartie : la leçon grecque a porté.


La zone euro apprend à fonctionner dans la crise. Financièrement, il s’agit d’éviter la peur et la fuite des dépôts bancaires et, politiquement, la rage et la révolte sociale. Cette aide fait ainsi sens, avec un montant conséquent pour les caisses d’épargne qui vont se restructurer, tandis que les grandes banques espagnoles peuvent financer les entreprises du pays. Avec la pression qui monte partout, l’Espagne nous donne l’exemple, plus proche que l’Irlande, de la nouvelle feuille de route : faire intervenir la BCE, rendre plus efficace la puissance publique et soutenir les entreprises pour rebondir par l’export, avec une compétitivité retrouvée. Avant que les difficultés n’empirent, il faut guérir l’Espagne et prévenir ailleurs.

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Jean-Paul Betbèze est PDG de Betbèze Conseil, membre de la Commission Economique de la Nation et du Bureau du Conseil national de l'information statistique (France), du Cercle des économistes et Président du Comité scientifique de la Fondation Robert Schumann. Professeur d'Université (Agrégé des Facultés, Professeur à Paris Panthéon-Assas), il a été auparavant chef économiste de banque (Chef économiste du Crédit Lyonnais puis Chef économiste & Directeur des Etudes Economiques, Membre du Comité Exécutif de Crédit Agricole SA) et membre pendant six ans du Conseil d'Analyse économique auprès du Premier ministre. Il est l'auteur des ouvrages suivants:· "Si ça nous arrivait demain..." aux éditions Plon, Collection Tribune Libre· "2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France" aux Editions PUF, 2012.. "Quelles réformes pour sauver l'Etat ?" avec Benoît Coeuré aux Editions PUF, 2011.. "Les 100 mots de l'Europe" avec Jean-Dominique Giuliani aux Editions PUF, 2O11. "Les 100 mots de la Chine" avec André Chieng aux Editions PUF, 2010. Son site : www.betbezeconseil.com

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