François Hollande, Louis XVI et l’horloge

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Par Ludovic Grangeon Modifié le 24 novembre 2012 à 9h27

Ainsi, François Hollande est le seizième dirigeant français depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Il suggère irrésistiblement Louis XVI. Le même côté rondouillard, indécis, généreux mais naïf, le rappelle fortement. Fini le candidat svelte et amaigri plus viril, l’embonpoint discret et les circonvolutions savantes sont vite revenus.

Déjà, la difficulté à mettre en place des réformes est évidente. Les premières mesures Ayrault font penser à la succession de Turgot, Necker, Calonne Brienne, autant d’échecs qui ont donné la Révolution Française.

Les appareils politiques des deux clans sont deux coquilles vides sans projet, gérées par des employés aux écritures, objet de querelles de domestiques, de petits roquets ou de nourrices s’essayant à la politique, d’intrigues de cour aux relents de sexe ou d’argent, ou des deux. C’est tout juste si l’attribution d’un bureau ou d’un fauteuil ne donne pas lieu à débat public.

Comme à la période de Louis XVI, toutes ces élites sont engoncées dans les rites d’un ancien régime qui ne veut plus rien dire, complètement décalé avec la société contemporaine, sans aucun sens pour les nouvelles générations. Le temple de ces élites, Sciences Po, révèle à son tour ses intrigues, ses lézardes, sa décadence, malgré tous les efforts de son aristocratie pour en dissimuler les turpitudes. Les élèves de l’ENA ne craignent plus de sourire ouvertement de leur enseignement abscons. Nos meilleurs éléments scientifiques partent depuis longtemps travailler sous d’autres cieux, jalousés, incompris ou soucieux de simplement travailler.

Nos parlementaires et ministres mènent un train de vie fastueux, indécent en temps de crise, tant dans les endroits où ils travaillent, que dans la rémunération de leur entourage ou le nombre de personnes à leur service. La contagion a gagné les collectivités territoriales où chaque baron local se laisse aller aux faveurs, aux parrains, aux largesses complices, aux recrutements d’amis voire de parents, avec des méthodes elles aussi révolues, dans l’augmentation sans fin d’impôts locaux devenus astronomiques pour le peuple laborieux qui crée la richesse de la Nation.

Il ne se passe pas un mois depuis plus de trente ans, depuis trois livres, « le mal français », « le désert français » ou « les exclus », sans qu’un ouvrage ne soit publié pour dénoncer la dérive profonde de notre pays, éternel enfant gâté de moins en moins éternel.

Notre système institutionnel a bloqué la pendule sur l’heure qui lui convenait, pour différer éternellement l’addition. Elle arrive. On confond souvent révolution, révolte et émeute. La révolution, c’est simplement le mouvement du soleil, d’une horloge, et elle est bloquée dans notre pays. La révolte, c’est se retourner pour faire face, pour résoudre un conflit ou un problème, c’est donc la réforme. L’émeute, c’est la force nécessaire pour débloquer les choses si une révolte ne permet pas de laisser la révolution naturelle se faire..

Au pouvoir de décider… Il ne lui reste que très peu de temps. Ah ! oui ! au fait…Louis XVI aimait les horloges… Il parait qu’il y en a beaucoup à l’Elysée.

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Ludovic Grangeon a été partenaire de plusieurs réseaux d’expertise en management et innovation sociale de l'entreprise. Il milite à présent pour le développement local et l’équilibre des territoires au sein de différentes associations. Il a créé en grande école et auprès des universités  plusieurs axes d’étude, de recherche et d’action dans le domaine de l’économie sociale, de la stratégie d’entreprise et des nouvelles technologies. Il a également été chef de mission et président de groupe de travail de normalisation au sein du comité stratégique national Afnor management et services. Il a participé régulièrement aux Journées nationales de l’Economie, intervenant et animateur. Son activité professionnelle a été exercée dans l'aménagement du territoire, les collectivités locales, en France et auprès de gouvernements étrangers, à la Caisse des Dépôts et Consignations, dans le capital risque, l’énergie, les systèmes d’information, la protection sociale et la retraite.

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