Les chiffres du SIDA explosent en Europe de l’Est

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Par JOL Press Publié le 10 décembre 2012 à 9h44

Sur le front de la lutte contre le SIDA, l'Europe est coupée en deux. Si, à l'ouest, les taux de contamination régressent, malgré l'arrivée à l'âge adulte de générations moins conscientes des risques, à l'est, ils explosent. Parmi les causes, l'explosion de la consommation de drogues. Les Londoniens ont repeint leur ville en rouge, la couleur du ruban traditionnel de la lutte contre le HIV, le 1er décembre à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Sur Old Compton Street, au cœur de Soho dont la communauté gay a fait son bastion, une clinique mobile a prétendu avoir battu un record : 745 tests de détection du VIH en une journée.

En dehors de Londres, pourtant, les acteurs du combat contre le sida et les professionnels de la santé s’inquiètent de sentir les Européens de plus en plus blasés à l’égard du sida. « C’est malheureusement la réalité, VIH et sida ne sont plus des questions aussi cool et sexy qu’elles ont pu l’être par le passé », estime Oleksandr Matynenko, en charge de la communication et de la formation du European AIDS Treatment Group, une structure basée à Bruxelles en Belgique. « J’ai été surpris en me promenant dans Bruxelles de constater qu’il y avait nettement moins de gens arborant le ruban rouge que par le passé… C’est juste devenu une problématique parmi d’autres. »

Aujourd’hui, une personne infectée par le VIH peut espérer vivre tout aussi longtemps qu’une autre qui n’est pas contaminée par le virus, s’ils commencent le traitement approprié à temps, affirme l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces succès impliquent que nombreux sont ceux en Europe qui sont bien moins effrayés d’une maladie perçue, autrefois, comme une sentence de mort certaine. Les chiffres des Nations Unies montrent que, si le taux de contamination a diminué au niveau mondial, les chiffres de l’Europe centrale et orientale suivent la tendance inverse.

Les taux de diagnostic du VIH/sida sont tombés à 5,7 pour 100 000 à travers l’ensemble de l’Union européenne, c’est bien différent en Europe de l’Est. En Ukraine, ce même taux a grimpé à 38 pour 100 000 en 2011, tandis qu’en Russie, les derniers chiffres disponibles – 2010 – font état d’un taux de 44,1 pour 100 000 – près de huit fois les taux de l’Union européenne. « L’Europe de l’Est et l’Asie centrale sont les deux régions du globe où les chiffres de la contamination au VIH sont en hausse et à un rythme particulièrement rapide », déclare Oleksandr Matynenko. « En Ukraine et en Russie, 80% des nouveaux contaminés sont des individus de moins de 30 ans. C’est très perturbant et inquiétant. » Parmi les facteurs mis en avant pour expliquer la hausse des taux d’infection au VIH, figurent la hausse de la consommation d’héroïne – une drogue qui inonde la région -, la prostitution liée à la pauvreté et à l’industrie du tourisme sexuel, les faibles niveaux de sensibilisation, les difficultés d’accès aux soins, aux tests, et la discrimination dont font l’objet les séropositifs – ce qui les pousse à hésiter à se faire traiter. Pire encore, moins d’un quart des 300 000 Ukrainiens vivant actuellement avec le VIH reçoivent des traitements adaptés à leur situation.

Oleksandr Matynenko, Ukrainien lui-même, se rend régulièrement dans la région dans le cadre des activités de sensibilisation de son organisation et il s’inquiète en particulier de la hausse descontaminations de mères à enfants dans les anciennes républiques soviétiques. « L’Europe occidentale est fière d’annoncer qu’il n’y a pratiquement plus de cas d’infection verticale de ce type », a-t-il déclaré dans une interview. « Dans les pays d’Europe de l’Est et en Asie centrale, les médecins qui devraient être informés sur la transmission de la mère à l’enfantet devraient conseiller des solutions aux mères, se contentent de proposer un avortement. C’est insensé alors que désormais nous sommes si avancés sur cette question. »

Ceci dit, la persistance de la crise économique fait renaître des craintes en Europe occidentale. Les coupes budgétaires pourraient affecter le traitement du sida à travers l’ensemble du continent, y compris dans des pays à la pointe de ce combat, comme la France ou le Royaume-Uni. Sur les 745 personnes testées sur Old Compton Street ce 1er décembre, sept étaient positives. Cette statistique devrait être source d’espoir pour les pays d’Europe centrale, mais elle rappelle aussi que, même dans les pays les plus avancés sur le front du sida, la lutte n’est pas terminée.

Article repris chez notre partenaire JOL Press

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