Excédent commercial de la zone euro : une bonne nouvelle peut en cacher une mauvaise

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 16 avril 2013 à 4h58

Réjouissez-vous, tout va... un peu plus mal. Avec un excédent commercial de 10,4 milliards d'euros pour toute la zone euro en février, versus 4,7 milliards de déficit en janvier, on pourrait croire à une reprise de l'activité économique sur le continent. Pourtant, c'est tout le contraire que révèlent les chiffres d'Eurostat, l'institut européen des statistiques qui a publié ses derniers chiffres hier.

Car les statistiques ne mentent pas : Les exportations, dans les faits, n'ont progressé que de 0,1 % d'un mois sur l'autre pour toute la zone euro. Qui exporte ? Je vous le donne en mille : l'Allemagne, dont la balance affiche un excédent de... 13,6 milliards d'euros. Sur un mois. Oui. Autrement dit, si toute la zone euro affiche un excédent d'exportations de 10,4 milliards d'euros, c'est à la louche que seule l'Allemagne exporte plus qu'elle n'importe, sur le continent.

Malheureusement, si l'avance que donne l'Allemagne à la zone euro n'a pas été "mangée" ce mois-ci par les importations des autres pays, c'est que ceux-ci importent moins. A l'échelle du continent, les importations baissent de 2,1% sur février, données corrigées des variations saisonnières, autrement dit, impact des hausses ou des baisses de consommation d'hydrocarbures (chauffage / transports) inclus. Les "champions" de la baisse des importations s'apellent... Espagne, Italie et Portugal, les trois pays européens au poids statistique conséquent dans la zone euro, et qui sont désormais plongés dans une profonde récession. Cela fait longtemps que la Grèce importe le minimum pour survivre, et son poids statistique est infime pour peser sur les chiffres.

Les problèmes que révèlent cest chiffres sont que les exportations européennes ne progressent pas ou peu (0,1%, et c'est l'Allemagne la locomotive, sans wagons accrochés derrière), mais que les importations s'effondrent, et essentiellement les importations d'investissement structurel. Les entreprises achétent moins de biens d'équipement et de matières premières à l'international, signe qu'elles investissent moins, et que leur activité continue à ralentir. Cela corrobore la chute des marchés des matières premières depuis quelques jours, autre indicateur d'un ralentissement de l'activité économique.

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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