L’Etat est accusé de ne pas lutter assez contre le tabagisme

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Par Laure De Charette Modifié le 14 décembre 2012 à 2h43

« Fumer tue. Un fumeur sur deux décède d'une pathologie liée au tabac ». C’est par ces mots chocs que Didier Migaud, le premier président de la Cour des Comptes, a présenté hier un rapport sur la lutte contre le tabagisme. Le bilan de deux décennies de lutte est clair : l’Etat n'a pas suffisamment oeuvré contre ce problème de santé publique, notamment en ne mettant pas assez l'accent sur la prévention.

Le tabagisme ne cesse d'augmenter, dénonce le rapport : en 2010, 33,7% des Français fumaient, contre 31,4% en 2005. Ce sont notamment les femmes, les jeunes et les plus pauvres qui se mettent de plus en plus à s’en griller une régulièrement. « Un Français sur trois fume alors que ce n'est le cas que d'un Anglais sur cinq » explique Didier Migaud, qui cite le mélange de pédagogie, d’assistance et de contrôle qui a permis au Royaume-Uni de réduire de 10% le pourcentage de fumeurs dans sa population en l’espace de seulement dix ans.

Or la cigarette n’est pas inoffensive, loin de là. Chaque année, 73 000 personnes meurent en France à cause d'elle, soit tout de même 200 par jour ! C’est la première cause de mortalité évitable dans le pays, devant l’alcool (environ 30 000 décès), les suicides (10 000 décès) et les accidents de la route (4 000 décès). Sans compter que cela a évidemment un coût pour le pays, au moins 12 milliards d'euros par an pour le seul régime général de la Sécurité sociale.

D’après le rapport, les moyens déployés pour lutter contre le tabagisme ne sont pas à la hauteur des enjeux : les contrôles sont notamment insuffisants - « un buraliste ne risque d'être contrôlé par les Douanes qu'un fois par siècle » et les buralistes reçoivent des sommes d’argent (en compensation de la baisse de la consommation) trois fois plus importantes que celles allouée à la prévention.

Les solutions ? Augmenter de manière drastique les prix du tabac, pour toucher au porte-monnaie les fumeurs actuels et ceux qui seraient tentés de le devenir. Classique, mais efficace, et rentable pour l’Etat, via les taxes perçues. Plus original, la Cour des Comptes suggère de planquer les paquets de cigarettes dans les bureaux de tabac, afin qu’un client ne soit pas tenté d’en acheter. Bref, dissuader en amont un maximum de Français de succomber à la tentation.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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