Selon la journaliste de CNBC Lora Kolodny, qui s’est entretenue avec 35 salariés actuels et passés de Tesla, à l’intérieur de son entreprise Elon Musk inspire, mais ses tentatives d’automatisation de la production induisent essentiellement des contraintes et des difficultés supplémentaires.
Le contrôle et l’automatisation à outrance, deux vers qui rongent Tesla
Fin 2016, Elon Musk réunissait une équipe d’ingénieurs afin de trouver une solution à un challenge industriel complexe, celui de sortir d’usine 500 000 voitures par an à l’horizon 2018. Et même si un certain succès a été atteint avec l’accomplissement de l’objectif formulé ultérieurement de sortir d’usine 5 000 voitures par semaine (sur le deuxième trimestre 2018 Tesla a réussi à fabriquer 5 724 voitures par semaine en moyenne), la société a encore un très long chemin à parcourir avant de pouvoir se rapprocher de son objectif initial.
Selon une majorité des 35 salariés actuels et passés de Tesla que la journaliste de CNBC Lora Kolodny a interviewés, même si au sein de son entreprise Elon Musk est admiré pour sa créativité, son sens de l’humour et ses discours inspirants, de nombreux salariés sont également critiques vis-à-vis de sa propension à contrôler les moindres détails du processus de fabrication et à l’automatiser même quand cela n’est pas possible objectivement.
Tesla : l’utilité des solutions de fabrication « maison » pose question
Exemple de cette velléité de contrôle : Elon Musk a donné l’ordre d’installer des caméras haute résolution qui transmettraient les images du processus de fabrication en direct à une équipe d’ingénieurs chargée du pilotage de la fabrication. Mais les images n’ont jamais été suffisamment nettes, et les employés se cognaient sans cesse la tête contre ces caméras. Autre exemple : le « tapis magique », censé livrer les pièces nécessaires aux postes d’assemblage. La construction en 2016 de ce système avait nécessité l’emploi de 20 ingénieurs pendant trois mois et a coûté 40 millions de dollars… mais n’a jamais vraiment fonctionné.
Toujours d’après les interviews réalisés par Lora Kolodny, Elon Musk s’obstinerait à faire développer et à utiliser les logiciels « maison » au lieu d’adopter des logiciels existants pour l’industrie automobile. Dépourvus d’une fonctionnalité de recherche efficace, ces logiciels « maison » permettent difficilement de savoir quels composants ont été commandés ou livrés, ce qui provoque des retards et des dépassements de budget. L’un des salariés raconte par exemple comment son équipe a dépassé le budget d’un million de dollars, sans qu’il ait été possible de déterminer l’origine de ce dépassement.