Le capitalisme dans sa plus grande splendeur : un traitement contre le Sida, pourtant la maladie la plus dangereuse et répandue de notre 21ème siècle, a été au centre d'une tentative de gains sur le dos des malades. Et ce de la part d'un fonds d'investissement mineur et de son PDG, devenu en quelques heures l'homme le plus détesté des Etats-Unis.
Martin Skreli : un requin en bonne et due forme
Rien, mais vraiment rien, ne justifiait une telle action. Le patron du fonds d'investissements Turing Pharmaceuticals a racheté le brevet du Darapirm, un brevet qui est tombé dans le domaine public, qui plus est. Or ce Darapirm est fondamental pour toute une série de maladies, dont le Sida.
Quelques heures après ce rachat le fonds annonce que le prix du Darapirm passera de 12 euros à 670 euros. Une augmentation de 5450% qui n'a aucune raison d'être : la production de ce médicament ne coûte quasiment rien et même à 12 euros la marge est gigantesque. Mais qu'importe : pour le Dieu Argent tout est bon.
Shkreli tente de se justifier... et Hillary Clinton s'en mêle
Le Darapirm est utilisé depuis les années 60 dans de nombreux domaines. L'OMS le liste même dans les "médicaments essentiels" car il permet de lutter contre les infections parasitaires. En augmenter le prix à ce point, surtout qu'aucun laboratoire ne produit de générique, reviendrait à priver des milliers de patients de ce traitement.
Martin Shkreli a tenté une justification exprimant sa volonté de gagner de l'argent sur ce médicament afin d'investir dans la recherche et développement. Une justification qui ne tient absolument pas et qui a du mal à passer.
L'affaire est remontée jusqu'aux oreilles d'Hillary Clinton, candidate à la présidence des Etats-Unis et ancienne première dame, qui en un seul tweet concis a clamé son indignation. Les valeurs pharmaceutiques en Bourse ont chuté dans la foulée (montrant au passage l'influence d'Hillary).
Finalement il n'y aura pas d'augmentation
A la suite de ce scandale, craignant sans doute des représailles voire pire, Martin Shkreli aurait fait marche arrière. Il a déclaré le 22 septembre 2015 à la chaîne NBC qu'il ne procèderait pas avec son plan d'augmentation du prix du Darapirm tout en ne comprenant pas pourquoi les gens se sont indignés.