Ubérisation des indépendants et risques pour les entreprises

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Par Olivier Fernandes Publié le 1 décembre 2019 à 6h49
Femmes Conseils Administration
@shutter - © Economie Matin
526 EUROSUn consultant en stratégie coûte, en moyenne, 526 euros par jour en France.

Le modèle développé par Uber en 2009, synonyme de disruption et de « désintermédiation », a totalement bouleversé le monde des services en contraignant les entreprises à se réinventer : une révolution accomplie en moins d’une décennie,

s’appuyant sur une simple plateforme de mise en relation. Le succès rencontré par Uber, et dans certains cas la nécessité de s’adapter pour survivre, ont fait éclore des déclinaisons dans tous les secteurs, de la restauration aux banques, en passant par l’hôtellerie : AirBnB, Doctolib, Foodora, Booking… L’explosion du nombre d’indépendants ne pouvait échapper à cette tendance, et bien au contraire, a clairement contribué à l’alimenter : nombre de plateformes ont vu le jour, dans le but de rapprocher les freelances des entreprises en simplifiant la rencontre entre ces deux parties.

Aujourd’hui ces modèles sont devenus incontournables mais posent questions : l’humain s’efface derrière le tout-digital, les algorithmes conditionnent la valorisation de certains profils sur des critères opaques et peu objectifs, ou encore la plupart des modèles juridiques sur lesquels ces plateformes s’appuient dégagent l’intermédiaire de toute responsabilité.

Le court-circuit du courtage

Dans la mise en relation d’indépendants, un cas classique reste celui du courtage porté ces dernières années par les vents de l’ubérisation. Dans ce modèle, le courtier sert de passe-plat.

Et rien d’autre ! Vous êtes client, vous cherchez un indépendant pour une mission que vous peinez à définir. Vous vous rendez donc sur le site internet : celui de Malt, de Crème de la Crème, de Comet… À l’aide de ses algorithmes, la plateforme vous met alors en relation avec des profils plus ou moins pertinents et prélève une commission. Elle génère ainsi sa facture sans jamais établir de lien contractuel avec vous. Et… c’est bien là le problème ! En cas de souci, impossible de se retourner contre l’intermédiaire voire trouver le bon interlocuteur. Un congé maladie inattendu du consultant ? Une sélection du profil non pertinente ? La plateforme n’est en rien responsable de la bonne réalisation de la mission. Seule solution - et ce n’est pas forcément la bonne - s’en prendre directement au consultant.

La position des plateformes qui ont opté pour le courtage peut également impliquer de gros risques financiers ! Exemple simple : si les consultants ne sont pas en règle avec l’Urssaf et que votre entreprise les prend en mission, à vous de payer les pots cassés ! Dans les entreprises du CAC 40, dans lesquelles on trouve des dizaines de consultants indépendants, l’addition peut très vite s’avérer… plus que salée.

La garantie de la sous-traitance

Pour toutes les entreprises qui sont revenues de l’ubérisation, un schéma plus adapté est possible. Un modèle bien plus protecteur pour le client, qui peut alors contrôler le risque. Le tiers intermédiaire se porte garant du bon déroulé de la mission, il ne se cache plus derrière un
catalogue de profils. En un mot : il s’engage. C’est le modèle de la sous-traitance.

Dans ce modèle, les profils des consultants sont logiquement passés au peigne-fin, pour éviter tout problème. Ils sont soigneusement sélectionnés en vertu de leurs compétences et non de critères difficilement compréhensibles, liés à l’activité de la plateforme. Ils sont par ailleurs rigoureusement évalués, et sur des critères plus précis que de simples étoiles : c’est d’autant plus important que les missions de transformation des organisations demandent régulièrement des expertises de haut vol et un savoir-être qui ne courent pas les rues… ni les plateformes de freelances ! Enfin et surtout, ils sont passés au crible d’un point de vue conformité pour éviter tout risque juridique : un consultant missionné est un consultant en règle avec l’administration sociale et fiscale.

Dans ce cadre, si malgré tout un problème se présente, ce n’est pas celui du client, mais bien celui du sous-traitant et du tiers qui s’interpose dans la relation. Dans le cas du courtage, au contraire, tout repose sur ses épaules, et il est même susceptible de subir une requalification en CDI, avec, en jeu, des dommages et intérêts, des projets mis en péril, et parfois des millions d’euros potentiellement perdus. La sous-traitance permet donc de proposer une
solution plus sûre et plus pertinente.

Bien souvent les clients qui travaillent avec les plateformes d’indépendants n’ont pas conscience des risques juridiques et financiers qu’ils peuvent encourir. Le phénomène d’ubérisation, qui semblait tout emporter sur son passage, a trouvé ses limites dans certaines mesures prises par le législateur, comme par exemple le devoir de vigilance et de mise en conformité auquel sont confrontées les entreprises. Ces dernières peuvent cependant faire appel à des ressources extérieures en toute sécurité, à condition de choisir les bons partenaires.

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 Fondateur de Colibee, cabinet de conseil spécialisé dans le recrutement de consultants indépendants dédiés aux grands comptes

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