Selon UBS, en cas de crise, les banques centrales devront baisser leurs taux à -5 %

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Par Charles Sannat Modifié le 27 novembre 2017 à 9h57
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1000 MILLIARDS $Le coût de la crise des subprimes aux Etats-Unis a dépassé les 1 000 milliards de dollars.

C’est une étude sur les risques économiques, les prévisions de croissance mondiale, région par région qu’a publié la banque UBS la semaine dernière.

Cette étude a fait assez peu de bruit et n’a pas été franchement relayée, ce qui est bien dommage. Bon, d’un autre côté, elle fait plus de 200 pages, ce qui en fait un pavé à lire, mais pas qu’un pavé de lecture puisqu’il y a quelques réflexions qui constituent en elles-mêmes autant de petits et gros pavés dans la mare !

Plus de marges de manoeuvre monétaire !

“Selon une étude d’UBS, la marge de manœuvre des instituts d’émission est réduite pour affronter une prochaine récession même faible. Celle des gouvernements s’est légèrement améliorée.”

On parle ici pour les gouvernements de “moyenne”, et si les finances de l’Allemagne se sont effectivement améliorées, et que les autres ne se sont pas plus “dégradées”, cela veut dire que globalement nous avons une très légère amélioration, mais vous voyez bien qu’il n’y a pas de quoi sabrer le champagne ni même lancer un feu d’artifice pour fêter une nouvelle qui n’est pas si bonne que cela.

Pour les grandes banques centrales, là c’est encore pire, et vu les injections monétaires déjà réalisées, la grande banque UBS estime que les marges de manœuvre sont quasi nulles et qu’il faudrait, pour obtenir des résultats, baisser les taux d’intérêt à -5 % afin de réussir à stimuler l’économie.

Des taux à -5 %, cela veut dire décréter la consommation obligataire !

Appelez cela consommation, investissement ou dépense, peu importe, mais avec des taux à -5 %, cela veut dire qu’en 10 ans, cette taxe sur l’épargne amputerait votre fortune d’environ 50 % (ce n’est pas mathématiquement tout à fait cela, mais c’est l’idée). Si l’on vous laisse le choix entre perdre votre argent sous forme de taux négatifs ou consommer, arrivé à un certain niveau de taux négatifs, nous allons tous préférer comme agent économique acheter n’importe quel truc à n’importe quel prix qui peut nous être utile plutôt que de perdre notre argent.

Pourtant, derrière ce raisonnement logique d’agent économique embarqué dans une situation hallucinante, j’espère que vous avez vu l’aberration totale de ladite situation !!

Un système tellement à bout qu’il doit rendre la dépense obligatoire !

C’est cela qu’il faut comprendre dans cette remarque d’UBS, une grande banque du système et par le système et qui finance le système économique marchand tel qu’il est conçu.

Nous ne pouvons pas dépasser cette idée de “croissance” économique où, chaque année, il faut faire plus que l’année d’avant car si ce n’est pas le cas, alors tout le système d’endettement bâti s’effondre.

D’un côté, on vous explique, dans la plus immense des hypocrisies, qu’il faut prendre soin de l’environnement blablablabla et de l’autre, on vous explique qu’il faut plus de croissance, quitte à vous forcer à consommer pour faire tourner à vide ce système absurde.

Finalement, il n’y a pas plus écologiste que la décroissance.

Il n’y a pas plus écologiste que la déflation économique, que les récessions qui font beaucoup plus pour le ralentissement de la consommation, de la production, et donc de la pollution que n’importe quelle politique stupide à la Hulot et consorts.

La réalité c’est que nos dirigeants n’ont pas la moindre idée de la façon dont il serait possible de piloter un changement de système sans faire effondrer le système précédent.

Le problème auquel nous sommes confrontés, c’est qu’ILS ne savent pas comment mener une transition d’un système mourant à un système qu’il faudrait faire naître.

Il est donc fort probable que l’on finisse par un énorme plantage collectif lorsque le système lui-même buttera sur toutes les limites physiques de la planète, sur la disponibilité des ressources.

Nous y sommes presque.

La prochaine crise sera passionnante à vivre et à suivre.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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