Le programme d’Ursula von der Leyen

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Par Stéphane Déo Modifié le 16 juillet 2019 à 12h57
Commission Europeenne

Le programme d’Ursula von der Leyen résumé : une relance budgétaire pour augmenter la croissance potentielle, une amélioration de l’Union Bancaire. Rien de nouveau, mais si ces mesures voyaient effectivement le jour ce serait une très bonne nouvelle. A suivre !

Point de marché : un marché fragile ?

La performance récente du marché, comme le montre le graphique ci-dessous, doit beaucoup au changement de valorisation. Les bénéfices des entreprises ont très peu bougé depuis la fin de l’année dernière. En fait, on est même entré en récession des profits : deux trimestres de suite de contraction des profits mondiaux exprimés en dollars, le T1 et le T2 de cette année, ce qui est bien la définition habituelle d’une récession.

La très bonne performance des actions cette année est donc exclusivement le résultat de valorisations qui ont gonflé depuis le début de l’année. Bien sûr, c’est très lié à l’attitude des banques centrales, Fed et BCE en particulier, qui avec une attitude beaucoup plus accommodante ont soutenu les actifs risqués. C’est aussi le signe que les investisseurs sont prêts à payer plus cher les profits futurs.

Jusqu’ici tout va bien, mais des valorisations confortables, c’est aussi un marché qui inclut une vue positive sur le futur, et donc qui est fragile aux mauvaises nouvelles. Il est donc risqué de commencer la saison des résultats sur ce niveau. Les entreprises qui déçoivent sur leurs publications pourraient être pénalisées agressivement par les marchés. On se souvient en particulier qu’à la fin de 2017 ou au début 2018, lorsque les valorisations étaient beaucoup plus tendues, les entreprises qui décevaient étaient sujettes à des baisses très fortes.

Un marché qui a des valorisations élevées est un marché qui a besoin de bonne nouvelles pour justifier son prix, il est donc paradoxalement plus fragile aux mauvaises nouvelles. Il convient d’être prudent sur cette saison de résultats.

Le programme d’Ursula von der Leyen

Le Parlement Européen est censé avaliser ce jour à 18:00 la candidature d’Ursula von der Leyen comme présidente de la Commission Européenne. Le vote pourrait être repoussé, peut-être même à demain. Le Parlement n’a pas apprécié que Manfred Weber le Spitzenkandidaten du PPE ait été retoqué par les chefs d’Etat. Il n’est donc pas impossible qu’Ursula ne soit pas confirmée, ce qui ouvrirait une crise constitutionnelle.

Hier, elle a donc écrit à Dacian Ciolos, le Président du groupe « Renew Europe » au Parlement européen pour lui exposer son programme. Et c’est très intéressant ! Le texte complet est disponible ici.

Pour les marchés il y a surtout deux points à retenir.

Une relance budgétaire « verte » ?

L’ambition est de réduire les émissions de CO2 « d’au moins 50% d’ici 2030 ». La politique sera atteinte par un marché des émissions, une taxe carbone mais aussi un « Sustainable Europe Investment Plan » et la conversion d’une partie de la BEI en Banque Européenne du Climat. Objectif plus que louable que nous applaudissons des deux mains même si l’Europe est déjà engagée dans une voie encourageante.

L’économiste y voit, aussi, une relance budgétaire « verte » car il faudra bien financer ces investissements. Il faut d’ailleurs noter qu’Ursula envisage d’utiliser « la totale flexibilité du Pacte de Stabilité et de Croissance ». Il faut donc rappeler que l’article 126 du traité de l’UE permet d’augmenter les dépenses d’investissement au-delà de la limite de déficit de 3% même s’il n’a jamais été utilisé : « Le rapport de la Commission examine également si le déficit public excède les dépenses publiques d'investissement ».

Alors qu’on nous rabat les oreilles avec la japonisation de l’Europe, une relance budgétaire qui viserait à augmenter la croissance potentielle européenne serait effectivement bienvenue.

Une relance de l’Union Bancaire ?

Autre point crucial pour la stabilité de l’Europe, les derniers pas manquants à l’Union Bancaire. Ursula propose un Système d’Assurance des dépôts Européen. Rien de nouveau là, au contraire c’est un problème identifié depuis bien longtemps. Mais qu’il s’agisse d’une allemande qui propose d’aller dans ce sens, alors que la garantie de dépôts européenne a toujours été bloquée par la diplomatie allemande, est plus qu’intéressant !

Propos électoraux ? Peut-être. Mais ces engagements sont trop explicites pour être jetés aux orties immédiatement.

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Stéphane Déo est stratégiste chez La Banque Postale Asset Management. Il est diplômé d'HEC, a un DEA en économie à l'Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales) et un doctorat en finances à HEC. Il a effectué des études post-doctorales à l'université de Berkeley (Californie). Après l’OCDE et Goldman Sachs, il travaille chez UBS en 2001 comme économiste puis stratégiste jusqu’en 2015. Il poursuit son expérience chez Empirical Research Partners comme stratégiste actions globales.

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