Taxe sur les billets d’avion : vers une mort programmée du secteur aérien français ?

Dans le cadre de son nouveau projet de finance, le ministre délégué aux Transports a annoncé deux nouvelles taxes : sur les autoroutes et les billets d’avion. Une décision qui suscite l’ire de la Fédération Nationale de l’Aviation et de ses Métiers (FNAM).
Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 4 septembre 2023 à 16h01
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14,3 %c'est l'augmentation cumulée du prix des billets d'avion depuis le début de l'année 2023

Le secteur aérien fortement opposé à cette nouvelle taxe

Le réchauffement climatique peu parfois avoir bon dos, le gouvernement se refuse rarement d'utiliser cette boite de pandore pour faire passer de nouvelles taxes... Celle-ci devrait varier selon le profil des voyageurs : Pour les moins aisés, voyageants en classe économique, la nouvelle taxe devrait être de 2,63 € pour un vol interne. Pour le plus aisés, qui voyagent en première classe ou en classe affaire, elle s'élèvera à 63,07 € pour un vol international de plus de 1.000 kilomètres. Dès son annonce, la Fédération Nationale de l'Aviation et de ses Métiers (FNAM), qui représente plus de 370 entreprises et 95 % du secteur aérien français, s'est insurgée contre cette annonce en regrettant que cette décision n'ait fait l'objet d'aucune concertation avec les acteurs du secteur. Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair et président de la FNAM, a ainsi clairement expliqué son mécontentement :  « Nous sommes fermement opposés à cette taxe qui n'a fait l'objet d'aucune concertation et dont nous avons appris l'existence dans la presse ».

Selon Clément Beaune, cette nouvelle taxation sur les billets d'avions n'a pas pour objectif de « punir » le secteur aérien, mais vise plutôt à « financer » ces transformations vers la transition énergétique. Ce en quoi, Pascal de Izaguirre a vivement répondu auprès de nos confrères de BFMTV ce lundi 4 septembre, que le transport aérien «supporte déjà énormément de taxes et de redevances, contrairement à ce qui est dit » en précisant que les marges pour les compagnies aériennes déjà faibles, ne cessaient de se réduire.

Vers une mort programmée du secteur aérien français ?

La situation sera donc de moins en moins viable pour les compagnies françaises, et ce, malgré la reprise de l'activité depuis la crise du covid-19. Et quand bien même le secteur aérien s'est engagé à atteindre zéro émission nette de CO2 d'ici 2050, cet objectif nécessitera des investissements massifs en matériel et en carburants non fossiles. Si les compagnies aériennes continuent de voir leur marge se réduire, elles n'auront plus les capacités d'investir dans les énergies renouvelables. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles la FNAM plaide pour que toute nouvelle taxe soit directement investie dans la décarbonation du transport aérien. Selon Pascal de Izaguirre, cette nouvelle taxe « se surajoute au projet d'augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d'avion » alors que le  prix du billet d'avion est déjà composé pratiquement de moitié par les « taxes et de redevances ». Comme l'a indiqué Paul Chiambaretto, spécialiste de l'économie du transport aérien, auprès de nos confrères de Ouest France : « Les taxes sur l’aérien sont intégralement répercutées sur les prix des billets car les compagnies aériennes ne font pas assez de marge pour absorber la hausse des coûts ».

En plus de cette nouvelle taxe, le ministre des Transports, Clément Beaune, envisagerait également un tarif minimum pour les billets d'avion en Europe, dans le but, selon lui, de lutter contre le "dumping social et environnemental". Autrement dit, cette nouvelle taxe n'est autre qu'un moyen détourné pour le gouvernement de faire payer les plus aisés et d'encourager les voyageurs à prendre le train plutôt que l'avion, et qu'importe si cela impacte la compétitivité du secteur aérien français...
Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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