Réacteurs mieux disponibles, météo plus clémente, prix de l’énergie toujours élevés : 2024 a bousculé les équilibres énergétiques du pays. Entre production record et consommation sous tension, le bilan réserve quelques surprises.
Grâce au nucléaire, la France a produit 10% d’électricité en plus en 2024

Le domaine énergétique tricolore a traversé une année 2024 pleine de contrastes. Derrière l’embellie de certaines productions, des défis invisibles se profilent. Où en est réellement la France sur la voie de l’autonomie énergétique ?
Un rebond marqué de la production d’énergie, merci le nucléaire !
La production d’énergie a connu un élan spectaculaire en 2024, grimpant de 9,9 % pour atteindre 1 564 TWh. Cet essor est principalement attribuable à l'amélioration de la disponibilité des réacteurs nucléaires, qui, selon le "Bilan énergétique de la France en 2024" a permis de porter la création nucléaire à 1 153 TWh, soit 12,5 % de plus qu’en 2023.
Le contexte climatique a également joué un rôle clé. L'absence de canicules a réduit les limitations sur les centrales, et l'électricité hydraulique a bondi de 26,8 % pour atteindre 72 TWh. La filière photovoltaïque, malgré un ensoleillement plus timide, a progressé grâce à un accroissement de 19 % des capacités installées. Seule l'éolienne recule, affichant une baisse de 8,3 %, victime de conditions de vent moins favorables.
Malgré cette dynamique de production, la consommation primaire n'augmente que de 1,9 %, marquant une certaine retenue de la demande intérieure d’énergie. Cette hausse s’explique notamment par une augmentation des pertes thermiques liées au fonctionnement intensif du nucléaire.
Plus significatif encore : la consommation finale, c’est-à-dire celle réellement utilisée par les foyers, les entreprises et les services, reste stable (- 0,1 %), un chiffre qui traduit l'impact des prix élevés et des politiques publiques de sobriété énergétique. Même corrigée des aléas climatiques, la consommation finale n’augmente que de 0,3 %, confirmant une érosion progressive des efforts de réduction engagés fin 2022.
L’indépendance énergétique retrouve des couleurs
La France a nettement réduit sa dépendance extérieure en 2024. Avec un taux d’indépendance énergétique atteignant 60,7 %, le pays bat son record de 2023, selon le SDES. Cette performance repose sur une combinaison de meilleure production intérieure et de recul des importations d’énergie (- 9,8 %).
Dans le détail, les importations de gaz naturel diminuent de 14,7 %, tandis que les achats de pétrole brut se contractent de 2,1 %. Les exportations nettes d'électricité explosent, atteignant 90 TWh, contre 50 TWh l’année précédente. Un excédent qui dope la balance commerciale énergétique et allège encore la facture énergétique, en repli de 21 % sur l’année.
La stabilité de la consommation énergétique dans l'industrie (+0,3 %) et le transport (-0,1 %) masque en réalité des tensions sous-jacentes. L'effritement des économies de gaz naturel et d'électricité amorcé en 2024, ajouté à la très légère reprise de la consommation des bâtiments, souligne la fragilité des acquis récents.
En outre, même si la facture énergétique est divisée par plus de deux par rapport au pic de 2022, elle reste supérieure à son niveau d’avant-crise en euros constants. Le prix moyen du gaz naturel, établi à 34 euros/MWh PCS, demeure élevé, principalement en raison de la dépendance persistante au GNL, plus coûteux que le gaz gazeux traditionnel.