Les PME et TPE freinent leurs investissements à cause des incertitudes politiques

Les PME et TPE françaises traversent une période de doute. Selon le baromètre de Bpifrance Le Lab et Rexecode, l’incertitude politique née de la dissolution de l’Assemblée nationale pèse lourdement sur les décisions d’investissement et de recrutement. Une majorité de dirigeants fait état d’un impact négatif sur leur activité, freinant ainsi leur développement économique.

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Par Aurélien Delacroix Modifié le 18 septembre 2024 à 13h44
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Stressed tired businessman suffering from headache, chronic migraine at workplace, feeling strong pain, holding head with closed eyes. Business professional going through fatigue and nervous breakdown - © Economie Matin
46%La proportion de dirigeants de PME et TPE prévoyant d'investir dans l'année a chuté à 46 %.

L'incertitude politique en France, exacerbée par la dissolution de l'Assemblée nationale et l'attente de la nomination d'un nouveau Premier ministre, a engendré un climat défavorable pour les PME et TPE. Le baromètre trimestriel publié par Bpifrance Le Lab et Rexecode dévoile des chiffres inquiétants : 51% des dirigeants de ces entreprises jugent que cette incertitude a eu un « fort impact négatif » sur leur activité. En outre, 34% d'entre eux évoquent un impact « modéré ».

L'impact de l'instabilité politique sur les PME et TPE

Cette enquête, réalisée entre le 22 août et le 3 septembre, en pleine période d'incertitude politique, met en lumière des comportements prudents parmi les chefs d'entreprise. Plus d'un tiers des projets d'investissements et de recrutements ont été reportés, et environ 20 % ont même été annulés. Cette prudence est directement liée à l'instabilité politique ambiante et rappelle les comportements observés lors du second confinement lié à la pandémie de Covid-19 en 2020. Philippe Mutricy, directeur des études de Bpifrance, souligne que « ce choc d'incertitude n'est pas surprenant, mais son ampleur, elle, l'est. »

Les perspectives d'investissement sont particulièrement touchées. La proportion de dirigeants de PME et TPE prévoyant d'investir dans l'année a chuté à 46 %, soit une baisse de quatre points par rapport au trimestre précédent et de onze points en un an. Il s'agit de niveaux comparables à ceux observés lors des périodes de crise économique majeures.

Face à ce contexte difficile, les priorités des PME et TPE ont évolué. Selon le baromètre, les entreprises placent désormais la demande insuffisante en tête de leurs préoccupations, devant les difficultés de recrutement. Cette faible demande, couplée à une compétition accrue entre entreprises, conduit de nombreux dirigeants à anticiper une réduction de leur marge nette cette année.

Une reprise conditionnée par la stabilité politique

Cependant, tout n'est pas sombre pour autant. Philippe Mutricy évoque deux points positifs : d'une part, la désinflation se poursuit, ce qui pourrait alléger les charges des entreprises ; d'autre part, les salaires devraient augmenter plus rapidement que les prix. En effet, près de 58 % des dirigeants envisagent toujours une revalorisation salariale en 2024, bien que celle-ci soit inférieure aux prévisions du début d'année. Les augmentations moyennes atteindraient ainsi 2,1 %, contre 2,6 % anticipés quelques mois plus tôt.

Malgré la morosité ambiante, des motifs d'espoir existent. « Le pire n'est jamais sûr », rappelle Philippe Mutricy, ajoutant que « l'investissement peut rebondir », comme ce fut le cas après la pandémie. Toutefois, ce scénario optimiste dépendra en grande partie des décisions budgétaires et fiscales qui seront prises dans les mois à venir pour rassurer les entrepreneurs.

Les résultats de ce baromètre montrent clairement que l’incertitude politique est perçue comme un frein à l’activité économique des petites entreprises. Pour que l’investissement et les recrutements repartent à la hausse, une certaine stabilité doit être restaurée dans le paysage politique français. Alors que Michel Barnier vient de prendre ses fonctions à Matignon, les PME et TPE attendent des signaux clairs quant à l’orientation future des politiques économiques.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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