PPE 3 : enjeux majeurs de la programmation énergétique française

À la croisée des enjeux climatiques, économiques et politiques, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) constitue l’ossature stratégique de la transition énergétique française. À l’heure où le gouvernement finalise la version 2025‑2035, décryptage d’un document pivot qui engage la France sur une décennie cruciale.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
By Rédaction Published on 4 octobre 2025 14h15
PPE
PPE 3 : enjeux majeurs de la programmation énergétique française - © Economie Matin
12L’un des changements les plus notables est l’abandon de l’objectif de fermeture de 12 réacteurs nucléaires d’ici 2035, qui figurait dans la PPE 2019‑2028.

Le 28 avril 2025, l’Assemblée nationale débattait sans vote du projet de Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), texte clef de la politique énergétique nationale. Ce document, couvrant la période 2025‑2035, constitue la feuille de route stratégique du gouvernement pour planifier les transformations structurelles du système énergétique. Il fixe des caps en matière de consommation, de production et d’équipement, en ligne avec l’ambition de neutralité carbone à l’horizon 2050. En précisant la place du nucléaire, des énergies renouvelables, du gaz ou du charbon, cette PPE engage bien plus qu’une simple trajectoire technique : elle redéfinit les contours d’un modèle énergétique souverain et durable.

Une stratégie décennale pilotée par l’État

La PPE 2025‑2035 s’inscrit dans le cadre juridique de la loi Énergie-Climat de 2019, qui oblige l’État à actualiser sa stratégie énergétique tous les cinq ans. Elle constitue un instrument de pilotage pluriannuel, destiné à orchestrer l’évolution du mix énergétique français. « La PPE 3 présente la politique énergétique de la France sur la période 2025‑2035 en fixant des objectifs dans les domaines de la consommation et de la production énergétique », a précisé le ministère de l’Économie.

Ce document est le fruit de cinq années d’études, de concertations techniques et de débats publics, menés par l’État et ses partenaires. L’objectif affiché est triple : garantir la sécurité d’approvisionnement, limiter les coûts pour les ménages et les entreprises, et atteindre la neutralité carbone. Comme l’a rappelé le ministère de la Transition écologique, « la PPE inscrit la France dans une trajectoire permettant d’atteindre la neutralité carbone en 2050 ».

En 2025, la part des énergies fossiles dans la consommation finale représente encore environ 60 %. La PPE prévoit une réduction significative de cette dépendance, avec un objectif de 42 % en 2030 et 30 % en 2035, selon les données gouvernementales relayées par Connaissance des Énergies (28 avril 2025). Cette diminution devrait s’accompagner d’une hausse marquée des énergies renouvelables et de l’électricité bas-carbone.

Cap sur les énergies décarbonées : ambitions et limites

L’un des axes majeurs du texte concerne le renforcement de la production d’énergies décarbonées. L’objectif est d’augmenter la part de l’électricité bas-carbone dans la consommation finale, de 27 % en 2023 à 39 % en 2035. Quant aux énergies renouvelables hors électricité, leur part devra doubler, passant de 15 % à 30 % sur la même période. Ces chiffres proviennent du projet officiel présenté par le ministère, repris dans la synthèse de Connaissance des Énergies.

Malgré cette orientation, le texte a suscité des tensions dans le débat public et parlementaire. En cause : les signaux ambigus sur le développement des renouvelables, notamment un possible moratoire évoqué au printemps 2025. Face à l’émoi suscité, le Premier ministre a officiellement démenti tout gel sur l’éolien terrestre ou le solaire. Le Syndicat des énergies renouvelables a dénoncé un « profond déni démocratique », en rappelant que « ce moratoire a été massivement rejeté cet été par 377 députés ».

Ce bras de fer souligne une ligne de fracture persistante entre l’exécutif, soucieux de planifier, et les acteurs des filières renouvelables, qui redoutent une instabilité réglementaire. Il reflète également une tension entre impératifs industriels, compétitivité économique et acceptabilité sociale, dans un contexte où les besoins en électricité ne cessent d’augmenter.

Nucléaire relancé, charbon condamné : une réorientation marquée

La PPE acte un tournant net vis-à-vis de la précédente stratégie. L’un des changements les plus notables est l’abandon de l’objectif de fermeture de 12 réacteurs nucléaires d’ici 2035, qui figurait dans la PPE 2019‑2028. Le projet actuel assume une relance du nucléaire, au nom de la souveraineté énergétique et de la décarbonation rapide du mix.

À rebours, la production d’électricité à partir de charbon est appelée à disparaître. La fermeture des dernières centrales est prévue à l’horizon 2027, conformément aux engagements climatiques de la France. Ce basculement repose sur une double logique : éliminer les sources les plus émettrices de CO₂ et consolider les infrastructures bas-carbone déjà disponibles.

Lors du débat parlementaire du 28 avril 2025, le gouvernement a défendu une vision d’une énergie « abondante, compétitive, décarbonée et souveraine ». Un positionnement qui tente de concilier les attentes des industriels, des territoires et des citoyens, dans un contexte post-crise marqué par des tensions sur les prix et l’approvisionnement.

No comment on «PPE 3 : enjeux majeurs de la programmation énergétique française»

Leave a comment

* Required fields