Milee : redressement judiciaire, 9.000 emplois menacés

Le leader de la distribution publicitaire, Milee, anciennement connu sous le nom d’Adrexo, se trouve au bord du gouffre financier. L’entreprise vient de demander son placement en redressement judiciaire.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 20 mai 2024 à 14h00
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Milee : redressement judiciaire, 9.000 emplois menacés - © Economie Matin

Milee, leader de la distribution publicitaire, est au bord du gouffre

Depuis plusieurs années, le secteur de la distribution d'imprimés publicitaires connaît une forte décroissance. Pour donner une échelle, entre 2019 et 2023, le marché des imprimés publicitaires en France a été divisé par deux, passant ainsi de 10,4 milliards à 5,7 milliards d'exemplaires distribués.

Cette diminution drastique est le résultat de plusieurs facteurs, parmi lesquels la crise des « Gilets jaunes », la pandémie de Covid-19 et l'inflation provoquée par la guerre en Ukraine. La loi Climat et Résilience de 2021, notamment avec l'expérimentation « Oui Pub », qui interdit la distribution d'imprimés publicitaires par défaut dans certaines communes, n'aura pas arrangé la situation du distributeur publicitaire. N'arrivant pas à redresser la barre, la direction de Milee a demandé son placement en redressement judiciaire.

Des tentatives de redressement infructueuses

En mars 2023, Milee s'était engagé dans un plan de restructuration qui prévoyait la suppression de 3 500 postes, dont 1 700 départs à la retraite, en plus d'acter la fin de la distribution de prospectus publicitaires dans les boîtes aux lettres d'ici à août 2024. Malgré ce plan, les pertes financières se sont accumulées. Principal concurrent de La Poste, cette dernière n'a, elle non plus, pas été épargnée par l'effondrement du marché de la distribution publicitaire : au mois d'avril 2024, La Poste a reclassé les salariés de sa filiale Mediaposte.

Pour tenter de diversifier ses activités, Mile a lancé en 2023 une plateforme numérique baptisée « 150EUR », destinée à offrir aux consommateurs un accès facile aux promotions locales. Cependant, cette initiative n'a pas suffi à redresser les finances de l'entreprise, qui a dû vendre sa filiale Colis Privé pour près de 600 millions d'euros à l'armateur CMA-CGM.

9.000 emplois sur la sellette

L'annonce de la direction a de quoi inquiéter les 9.000 salariés du groupe. « Ça me fait vraiment gamberger, ça me fait peur pour l'avenir, déjà que la vie n'est pas facile », témoigne Malika Fatnassi, une employée de Givors, auprès de nos confrères du Figaro. Nombre de salariés du groupe sont des personnes vulnérables, aux revenus modestes et parfois même des retraités qui trouvent dans leur travail un revenu complémentaire qui leur est essentiel.

Le syndicat majoritaire, la Confédération Autonome du Travail (CAT), a vivement critiqué la gestion de l'entreprise. Selon Salim Henouda, syndiqué : « C'est triste, l'environnement du secteur est difficile, mais la direction a accumulé les erreurs depuis 2017 ». Il pointe notamment du doigt les décisions erronées prises lors des élections départementales et régionales de 2021, où l'entreprise a préféré employer des intérimaires plutôt que ses distributeurs expérimentés.

Le tribunal de commerce de Marseille doit examiner la demande de redressement judiciaire de Milee d'ici la fin du mois de mai 2024. La direction espère qu'un plan de redressement permettra de préserver l'avenir des collaborateurs. En attendant, les salariés restent dans l'incertitude quant à leur avenir professionnel.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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