Reconnaissance de la Palestine : un accord Canada – États-Unis en péril

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By Jehanne Duplaa Published on 31 juillet 2025 9h50
Reconnaissance de la Palestine : un accord Canada - États-Unis en péril
Reconnaissance de la Palestine : un accord Canada – États-Unis en péril - © Economie Matin
924,4 MILLIARDS $En 2024, le commerce de marchandises entre le Canada et les États‑Unis a atteint un record de 924,4 milliards de dollars américains

Le 30 juillet 2025, le gouvernement canadien a fait savoir son intention officielle de procéder à la reconnaissance de l’État de Palestine d’ici septembre. Ce positionnement, politiquement audacieux, provoque un séisme immédiat sur la scène internationale. En tête des réactions les plus virulentes : Donald Trump, qui met en garde contre un gel des négociations commerciales avec Ottawa.

Le Canada relance la question palestinienne

C’est une déclaration qui n’était pas attendue aussi frontalement. Le Premier ministre canadien Mark Carney, dans un discours prononcé à Ottawa le 30 juillet 2025, a affirmé : « Le Canada a l’intention de reconnaître un État palestinien aux Nations unies en septembre 2025 », rapporte Reuters.

Ce changement marque un virage diplomatique majeur pour un pays longtemps resté prudent sur la question. Ottawa lie cette reconnaissance à un engagement réciproque des autorités palestiniennes à poursuivre un processus démocratique, avec des élections générales annoncées pour 2026. Mark Carney évoque une volonté d’« agir là où l’inaction diplomatique nourrit les extrêmes ».

Ce positionnement survient dans un contexte de tensions accrues à Gaza et à Jérusalem-Est, et alors que plusieurs États européens — dont l’Espagne, la Norvège et l’Irlande — ont eux-mêmes reconnu l’État palestinien plus tôt dans l’année.

Donald Trump brandit la menace commerciale

La réaction américaine n’a pas tardé. Dès le lendemain de l’annonce, Donald Trump a publié un message virulent sur son réseau TruthSocial :

« Wow ! Le Canada vient d’annoncer qu’il soutient un État palestinien. Cela va devenir très difficile pour nous de conclure un accord commercial avec eux. Oh Canada !!! »

Le ton est aussi menaçant qu’ironique. Dans un échange ultérieur relayé par Le Figaro, Trump a précisé : « Si le Canada va de l’avant avec cette décision unilatérale, un accord commercial avec les États-Unis sera très impossible. »

Ottawa reste inflexible face à la pression

Malgré la montée des tensions diplomatiques, le Canada campe sur sa position. Le gouvernement fédéral refuse de céder aux avertissements américains ou aux critiques israéliennes. Selon Ottawa, la reconnaissance d’un État palestinien ne constitue pas une provocation, mais une étape légitime vers un règlement durable. L’initiative, défendue par le Premier ministre Mark Carney, s’appuie sur une lecture du droit international et sur le refus de conditionner la diplomatie à des menaces commerciales. Aucune entité étrangère, insistent les responsables canadiens, ne peut imposer son tempo à un État souverain dans ses choix de politique étrangère.

Sur le terrain, la réaction israélienne est également sans appel. The Guardian indique que le ministère israélien a rejeté la position canadienne, affirmant que celle-ci favorise indirectement le Hamas et compromet les négociations de cessez-le-feu.

L’enjeu commercial dépasse le symbolique

Au-delà de la reconnaissance formelle, les conséquences économiques potentielles sont sérieuses. Le commerce bilatéral entre les États-Unis et le Canada représentait près de 850 milliards de dollars canadiens en 2024, soit environ 580 milliards d’euros. L’idée d’un blocage ou d’un ralentissement des négociations pourrait donc avoir des retombées concrètes sur plusieurs secteurs clefs : agroalimentaire, énergie, services numériques.

Une reconnaissance à double tranchant

Le choix d’Ottawa pourrait bien devenir un précédent. D’autres nations du G7 pourraient suivre, ou au contraire s’aligner sur une position plus atlantiste. D’un point de vue commercial, le signal est clair : la diplomatie humanitaire peut désormais coûter cher.

Alors que la diplomatie canadienne tente de conjuguer éthique et intérêt, la question demeure : jusqu’où les principes résisteront-ils aux représailles économiques ?

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