Un an après son rachat par Elon Musk pour 44 milliards de dollars, X, anciennement Twitter, traverse une crise financière sans précédent. Entre des choix stratégiques contestés, une dette massive et des investisseurs méfiants, l’avenir de la plateforme s’assombrit.
Réseaux sociaux : X serait sur le bord de la faillite
Le 24 janvier 2025, le Wall Street Journal, rapporte que les principales banques ayant financé l’acquisition de X, notamment Morgan Stanley et Barclays, se préparent à céder à perte une partie des dettes contractées par Elon Musk lors du rachat. Avec des revenus publicitaires en chute libre, des dettes atteignant 13 milliards de dollars et un milliard d’intérêts annuels à rembourser, X peine à atteindre la rentabilité.
Une acquisition démesurée : un départ sur des bases fragiles pour X
En octobre 2022, Elon Musk achevait l’acquisition de Twitter pour 44 milliards de dollars. Cette opération, en partie financée par un consortium bancaire, repose sur des emprunts s’élevant à 13 milliards de dollars. Dès le départ, cette transaction apparaissait comme un pari risqué. La plateforme, bien que populaire, voyait sa croissance ralentir, et son modèle économique dépendait presque exclusivement des revenus publicitaires.
Elon Musk promettait de transformer Twitter en un espace de liberté d’expression totale, tout en diversifiant ses revenus par la mise en place d’abonnements payants. Cependant, ces ambitions ont été rapidement contrecarrées :
- Chute des annonceurs publicitaires : Plusieurs grandes marques ont suspendu leurs campagnes, citant des inquiétudes liées aux nouveaux standards de modération. X a régulièrement été pointée du doigt pour les propos violents et parfois relevant du délit qui sont postés quotidiennement sur le réseau sans que rien ne soit fait par les équipes.
- Érosion des utilisateurs actifs : La refonte de la plateforme, accompagnée d’une multiplication des bugs et d’un manque de clarté stratégique, a contribué à une perte estimée de 33 % des utilisateurs actifs, comme le souligne RTS. Toutefois, depuis, X a réussi à répondre à ce problème, et développerait même désormais de nouvelles fonctionnalités.
Elon Musk : le patron de X a-t-il exacerbé sa chute ?
Dès son arrivée à la tête de X, Elon Musk a entrepris une série de décisions radicales, dont les répercussions continuent d’aggraver la situation financière de l’entreprise.
L’une des premières mesures prises par Musk fut le licenciement de plus de la moitié des employés, ce qui a notamment réduit les équipes en charge de la modération des contenus et du développement. Ces réductions ont eu pour effet de :
- Diminuer la capacité de la plateforme à gérer les contenus problématiques, conduisant à une augmentation des discours haineux selon plusieurs analystes.
- Affaiblir l’efficacité technique de X, avec une multiplication des problèmes techniques non résolus.
Dépendance à un modèle d’abonnements qui ne fonctionne pas
Elon Musk a tenté de pallier la chute des revenus publicitaires en introduisant un modèle d’abonnement payant (X Premium), proposé à 8 dollars par mois. Cependant, ce changement n’a pas suffi à compenser les pertes, faute de proposer de vrais services :
- On estime que seuls 0,2 % des utilisateurs actifs auraient opté pour cet abonnement.
- Les experts estiment que le manque de fonctionnalités exclusives a limité l’attractivité de cette offre.
Les prises de position d’Elon Musk, notamment sur des sujets politiques et sociaux, ont contribué à polariser les opinions autour de X. Les annonceurs, soucieux de préserver leur image, ont continué de fuir la plateforme, aggravant sa situation financière. Et, dernièrement, le salut nazi du milliardaire le jour de l’investiture de Donald Trump a exacerbé cette situation, menant à une vague massive de fermetures de comptes.
Une dette colossale : les banques cherchent à limiter leurs pertes et vendent la dette de X
Les difficultés financières de X n’affectent pas seulement la plateforme elle-même. Les banques ayant financé l’acquisition, comme Morgan Stanley et Barclays, sont désormais confrontées à une dépréciation de la valeur de leurs prêts.
- Les banques envisagent de vendre jusqu’à 3 milliards de dollars de dettes liées à X.
- Ces prêts seraient cédés avec une décote importante, entre 90 et 95 cents par dollar, signe de leur manque de confiance dans la capacité de X à rembourser.
Les principaux créanciers de X
Banque | Montant des prêts (milliards de dollars) |
---|---|
Morgan Stanley | 3,0 |
Barclays | 2,0 |
Bank of America | 2,0 |
Cette décision des banques illustre la gravité de la situation. Alors qu’elles espéraient initialement céder ces dettes peu après l’acquisition, la chute de la valeur de X les oblige à revoir leurs prévisions. Et potentiellement à encaisser des pertes nettes en 2025 afin d’éviter de risquer que la valeur du réseau social s’effondre.
Elon Musk fait comme toujours : il dément
Face aux critiques, Elon Musk adopte une stratégie de communication offensive. Dans un message publié sur X, il a qualifié de « faux » les rapports affirmant qu’il aurait admis en interne la gravité de la situation financière de l’entreprise. Cependant, les données disponibles contredisent ces démentis :
- Les revenus publicitaires de X auraient chuté de 50 % depuis l’acquisition (RTS).
- La valorisation de l’entreprise aurait diminué de 75 %, ramenant X à une fraction de son prix d’achat.
Musk met également en avant les « améliorations » apportées à la plateforme, comme les onglets vidéos et offres d’emploi, mais ces initiatives n’ont pas suffi à rassurer les investisseurs.