Alors que le Forum économique mondial de Davos, qui rassemble chaque année les dirigeants les plus influents de la planète, ouvre son édition 2025, une nouvelle voix s’élève : celle des millionnaires eux-mêmes. Une enquête menée auprès de près de 3 000 riches citoyens des pays du G20 révèle un constat sans appel.
Pour les riches, les milliardaires menacent la démocratie

Ces millionnaires, pourtant eux-mêmes à l’abri des tracas financiers, perçoivent les milliardaires comme une menace grandissante pour la stabilité démocratique et sociale. Et l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, avec sa cour de milliardaires comme Elon Musk, ne va rien arranger.
Trop de richesse est un danger pour la société et ce sont les millionnaires qui le disent
Selon l’étude, 55 % des millionnaires interrogés estiment que la concentration extrême de richesse constitue une menace directe pour la démocratie. En d'autres termes, plus de la moitié des riches citoyens reconnaissent que l’accumulation des fortunes colossales entre les mains d’une minorité affaiblit les institutions démocratiques et alimente l’instabilité mondiale. Seuls 40 % des répondants contestent cette idée, tandis que 6 % restent indécis.
L’opinion des millionnaires quant aux effets de la richesse concentrée sur la démocratie :
Vision sur la richesse extrême | Pourcentage des millionnaires |
---|---|
Une menace pour la démocratie | 55 % |
Pas une menace pour la démocratie | 40 % |
Indécis | 6 % |
Ce sentiment est particulièrement marqué en ce qui concerne l’impact politique. Une large majorité (75 %) des répondants considère que les milliardaires achètent de l’influence politique à travers des donations ou des actions en coulisses. De plus, 72 % estiment que les milliardaires utilisent leur contrôle sur les médias pour manipuler l'opinion publique, et 71 % voient dans les réseaux sociaux un outil d’influence disproportionnée.
Les ultra-riches : un danger pour les institutions fondamentales
Les conséquences de cette emprise des milliardaires dépassent le seul cadre politique. L’étude montre que 71 % des millionnaires pensent que l’influence des milliardaires contribue à une érosion de la confiance dans les médias, tandis que des proportions similaires dénoncent leur impact négatif sur la justice et la démocratie elle-même. Cette perte de confiance dans des institutions fondamentales reflète une fragmentation sociale profonde, où les élites économiques apparaissent comme déconnectées, voire nuisibles, aux yeux de leurs pairs moins riches.
Les millionnaires interrogés pointent également la responsabilité des milliardaires dans le creusement des inégalités économiques. Comme l’explique le Dr Phil White, membre du réseau Patriotic Millionaires UK qui dévoile ce sondage : « Soyons honnêtes, la richesse extrême cause de graves dommages économiques aux personnes et aux familles partout dans le monde, alors même que la richesse, le contrôle et le pouvoir des milliardaires et des multimillionnaires ne cessent de croître. Si les gens pensent que leurs politiciens ne feront rien à ce sujet, c’est parce qu’au cours des 50 dernières années, ceux-ci se sont abstenus de faire face aux inégalités économiques croissantes. »
Une solution : taxer les milliardaires pour réduire leur puissance
Face à cette situation alarmante, la taxation des ultra-riches émerge comme une solution largement plébiscitée. 72 % des millionnaires interrogés se disent favorables à une augmentation des impôts sur les milliardaires pour réduire les inégalités et financer les services publics. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces millionnaires estiment que leur propre richesse serait toujours suffisante, même après une taxation accrue. Pourtant, cette solution rencontre une opposition minoritaire (13 %) parmi les répondants, qui craignent que des impôts élevés freinent l’innovation et le mérite.
Opinion sur une augmentation des impôts | Pourcentage des millionnaires |
---|---|
Favorable | 72 % |
Neutre | 14 % |
Défavorable | 13 % |
Indécis | 1 % |
Donald Trump est une menace pour la stabilité mondiale
L’étude met également en lumière une inquiétude spécifique : 63 % des millionnaires pensent que l’influence des ultra-riches sur la présidence de Donald Trump constitue une menace pour la stabilité mondiale. Le lien entre politique et concentration de richesse semble ainsi exacerbé par des figures comme Trump, mais également par d’autres milliardaires influents, tels qu’Elon Musk. Ce dernier n’a pas manqué de créer un scandale planétaire lorsqu’il a fait un salut nazi lors de l’investiture du nouveau président des Etats-Unis.
Abigail Disney, documentariste et membre du réseau Patriotic Millionaires, ne mâche pas ses mots : « Donald Trump, ainsi que son soi-disant « premier pote », Elon Musk, incarne la conséquence ultime et inévitable de décennies d’inaction de la part des dirigeants mondiaux pour freiner l’inégalité extrême. Il est difficile d'être optimiste quant à ce qui nous attend au cours des quatre prochaines années, voire plus, mais si les représentants officiels veulent faire quelque chose pour assurer la stabilité de nos démocraties, ils n’ont qu’à trouver la volonté politique de taxer une fois pour toutes les personnes riches, comme moi-même. »
Défendre les démocraties signifie s’attaquer aux milliardaires
En conclusion, cette étude révèle un paradoxe frappant : même les millionnaires, figures de la réussite financière, expriment une inquiétude croissante face aux dérives des milliardaires. Ces derniers, en concentrant richesse et pouvoir, apparaissent comme une menace à la fois pour les démocraties, les institutions fondamentales et la confiance sociale. Le message de ces riches citoyens est clair : il faut agir pour limiter l’accumulation excessive de richesse, rétablir l’équité économique et préserver l’avenir des démocraties.
Avec un soutien majoritaire en faveur d’une taxation accrue des ultra-riches, le débat sur les solutions concrètes s’intensifie. Alors que les dirigeants mondiaux se réunissent à Davos, la pression monte pour que des mesures soient prises avant que les fondations des sociétés démocratiques ne se fissurent davantage.