Santé : près de 7 Français sur 10 font gaffe aux prix faute d’argent

Entre aspirations à une meilleure qualité de vie et contraintes budgétaires, les choix des Français en matière de santé en 2025 révèlent des tensions inattendues. Une récente étude tente de décrypter ces comportements à la croisée du bien-être et du portefeuille.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 28 avril 2025 11h11
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86 % 86 % des Français considèrent leur état de santé « plutôt bon ».

Le 24 avril 2025, l’Observatoire E.Leclerc des Nouvelles Consommations, en partenariat avec Ipsos, a dévoilé une étude saisissante sur la relation complexe qu’entretiennent les Français avec leur santé. À l’issue d’une enquête réalisée les 18 et 19 mars 2025 auprès de 1100 adultes représentatifs, les résultats illustrent une situation où, plus que jamais, l’équilibre entre bien-être et contraintes économiques s’avère précaire.

Quand la santé vacille : une perception ébranlée

À première vue, les Français affichent un relatif optimisme : 86 % considèrent leur état de santé « plutôt bon ». Pourtant, cette impression masque une réalité moins reluisante. Ce chiffre accuse une baisse de cinq points par rapport à 2019, avant la pandémie de Covid-19​. En première ligne, les plus jeunes (18-24 ans) voient leur confiance en berne (-9 %), suivis des 45-59 ans (-8 %).

La santé mentale, longtemps reléguée au second plan, s’impose comme une source de mal-être persistante. Plus de 40 % des Français déplorent des troubles du sommeil, une récupération musculaire difficile ou une résistance au stress insuffisante. Chez les 18-24 ans, la situation est encore plus préoccupante : la capacité à gérer le stress plafonne à 5,6/10, et le sommeil n’obtient que 6,3/10 en moyenne​.

Les femmes ne sont pas épargnées. Elles continuent de déclarer des niveaux de bien-être inférieurs à ceux des hommes. Comme le souligne l’étude : « Résistance au stress (6,5 contre 5,9) et capacité à bien dormir (6,6 contre 6,2 pour les femmes) »​. Derrière ces chiffres, c’est une précarisation silencieuse de la santé psychologique qui se dessine.

Santé et portefeuille : un combat inégal

Se nourrir correctement devient un véritable défi financier. Bien que 8 Français sur 10 reconnaissent l'importance capitale d'une alimentation équilibrée, le coût des aliments bons pour la santé est un obstacle majeur pour 65 % d’entre eux​.

Si 49 % déclarent adopter une alimentation équilibrée, en hausse de 7 points depuis 2019, les écarts générationnels et genrés persistent. Les hommes privilégient davantage la satiété (14 %) et le plaisir de manger (15 %) contre 10 % et 11 % chez les femmes respectivement. Dans un contexte d'inflation alimentaire soutenue, ces résultats traduisent des stratégies d’adaptation variées, mais souvent subies.

La définition même d’une bonne alimentation évolue subtilement : en parallèle de la chasse au gras, au sucre et au sel, l'attention portée aux apports en vitamines (25 %, +6 % depuis 2021) et au Nutri-score (+4 %) progresse timidement. Mais face aux promotions alléchantes de produits ultra-transformés, combien résistent vraiment à la tentation ?

L'automédication, un réflexe en déclin

Sur le terrain de l’autonomie médicale, les signaux sont contrastés. 72 % des Français se disent capables d'automédication pour les maux bénins, une proportion en diminution par rapport aux années pré-pandémiques​.

Le prix des médicaments devient une variable d’ajustement brutale : « Les Français comparent et cherchent à acheter au meilleur prix pour 68 % d’entre eux, quitte à renoncer à se soigner si le prix est trop élevé »​. Le simple fait de soigner un rhume ou une douleur articulaire n’est plus un geste anodin : il suppose de calculer, d'arbitrer, parfois de différer, voire d'abandonner.

Cette évolution interroge : comment justifier une santé à plusieurs vitesses quand l’accès aux soins élémentaires devient tributaire du solde bancaire ?

Compléments alimentaires : la solution... ou l'illusion ?

Dans cette quête chaotique du bien-être, les compléments alimentaires s’imposent comme une alternative en plein essor. 52 % des Français en consomment régulièrement, avec une nette surreprésentation chez les jeunes (61 % chez les 18-24 ans) et les femmes (58 %)​.

Les motivations sont limpides : améliorer le bien-être général (70 %) et renforcer l’immunité (70 %). Cependant, la méfiance n’est jamais loin. L’enquête souligne : « Les raisons de ne pas consommer des compléments alimentaires sont les doutes sur l’efficacité des produits (58 %) et le manque d’habitude (56 %) »​.

Autre bémol de taille : 46 % pointent le prix comme frein majeur. Une cure de vitamines ou d'oméga-3 devient ainsi un investissement réfléchi, plus qu’un geste anodin. Ce paradoxe révèle une constante : qu’il s’agisse de pilules ou de paniers bio, la santé est de plus en plus conditionnée par des arbitrages économiques serrés.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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