Santé : les bébés aux urgences en danger !

Le rapport de la Société Française de néonatalogie est plus qu’alarmant : de nombreux nourrissons nécessitant des soins critiques sont en danger. Les services de néonatalogie sont délaissés. Le taux mortalité infantile en France ne descend plus, au contraire, il augmente.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 11 octobre 2023 à 16h22
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74 % de la mortalité infantile est néonatale en 2021 contre 65 % en 2005

Bébés en danger : le rapport inquiétant de la SFN

Les données du dernier rapport de la Société française de néonatalogie, publié le 9 octobre 2023, sont glaçantes. La Société française de néonatologie (SFN), dirigée par Jean-Christophe Rozé, se consacre à la santé des nouveau-nés (âgés de moins de 28 jours), notamment ceux qui sont nés prématurément ou qui présentent des comorbidités. La situation des services de néonatologie est plus qu'inquiétante : « Nous réanimons des bébés dans les couloirs », déclare Jean-Christophe Rozé, président de la SFN, lors d'une interview pour France Info. Les raisons de cette situation alarmante : une surcharge des services de néonatologie et une pénurie de lits de réanimation spécialisés pour les nourrissons. D'après l'enquête de la SFN, « 23% des services déclarent refuser régulièrement des entrées critiques, faute de place (…) Dans certains services, le taux d'occupation moyen des lits de réanimation pour les nourrissons est supérieur à 100% ».

Dans cette pénurie de lits, le rapport de la Société française de néonatalogie met en lumière les grandes disparités entre certaines régions françaises : « Pour bien fonctionner, il faut au minimum un lit pour 1.000 naissances ». Or, seule la région du Grand-Est atteint ce ratio avec 1,28 lits pour 1.000 naissances. D'une région à l'autre, le nombre de lits peut passer du simple au double. La plupart des régions françaises sont en deçà du seuil indiqué par le président de la SFN. Pour illustrer cette disparité : un enfant de 2 mois originaire des Hauts-de-Seine a dû être transféré au CHU de Rouen pour obtenir des soins, parcourant ainsi plus de 100 km.

Mortalité infantile (UE) : la France passe de la 3e à la 20ème position 

Chaque jour, la France semble prendre le chemin de la tiers-mondisation. En effet, une autre difficulté relevée par l'enquête de la SFN est l'extrême surcharge des services de néonatologie. D'après le rapport, près de 80 % des pédiatres néonatologistes ont déclaré travailler plus de 50 heures par semaine, et 13 % franchissent la barre des 75 heures hebdomadaires. La pression sur ces services est telle que le métier de néonatologiste peine à recruter et perd des vocations chaque année : « au moins un poste de pédiatre néonatologiste est vacant dans 73% des services de, et deux ou plus sont vacants dans 46% des services ». Autre chiffre préoccupant : « 80% des services de néonatalogie comptent au moins 1/3 de leur effectif infirmier ayant moins de deux ans d’expérience ».

Comme l'indique le rapport de la Société française de néonatalogie, le taux de mortalité infantile est en augmentation en France : en 2021, 74 % de la mortalité infantile était néonatale, contre 65 %. Et comme le souligne, Jean-Christophe Rozé, président de la SFN : « Il est frappant de voir que certains pays, comme la Suède, progressent positivement, tandis que d'autres, comme la France, regrettent leur trajectoire ». En une décennie, la France est passée de la 3ème à la 20ème place dans le classement européen de la mortalité infantile. « On compte 1 000 enfants de moins d'un an qui décèdent en plus, comparativement à des pays comme la Suède et la Norvège. Parmi eux, environ 700 ont moins d'un mois ».

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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