Retraite : jusqu’à quel âge devront travailler les Britanniques ?

Le Royaume-Uni se trouve à un carrefour décisif concernant l’avenir de son système de retraites. L’étude du Centre international sur la longévité au Royaume-Uni (ILCUK) jette une lumière crue sur les défis démographiques et économiques auxquels le pays est confronté, faisant effet miroir sur des problématiques qui nous concernent tout autant, si ce n’est davantage.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 7 février 2024 à 11h15
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10%Le Royaume-Uni verse l'équivalent d'un peu plus de 10% de son PIB aux retraites.

Les Britanniques pourraient être forcés de travailler jusqu'à 71 ans

Le système de retraites britannique, qui combine pensions publiques et privées, est à un tournant critique. Actuellement, la pension publique est plafonnée à 203,85 livres (environ 238 euros) par semaine, un montant qui, bien que substantiel, nécessite le complément d'une retraite privée pour de nombreux retraités. L'âge légal de départ à la retraite est actuellement fixé à 66 ans au Royaume-Uni, mais il pourrait passer à 67 ans entre 2026 et 2028, puis à 68 ans à partir de 2044. Toutefois, l'étude du Centre international sur la longévité au Royaume-Uni (ILCUK) tire la sonnette d'alarme sur la nécessité de maintenir le ratio actuel de travailleurs par retraité, et préconise, pour ce faire, un ajustement plus bien plus radical : porter l'âge de la retraite à 70 ou 71 ans d'ici à 2050.

L'idée de travailler jusqu'à 71 ans a de quoi décourager, et ce, d'autant plus que d'après les statistiques, la moitié des personnes de plus 70 ans ne sont pas en capacité de poursuivre une activité professionnelle.  Autrement dit, l'ILCUK appelle le gouvernement britannique à accorder une attention renforcée à la santé des travailleurs, non seulement pour augmenter la capacité de travail des personnes âgées, mais aussi pour prévenir l'inactivité précoce due à des problèmes de santé.

Pour une stratégie globale et une vue sur le temps long

La situation du Royaume-Uni est loin d'être isolée, elle touche au contraire l'ensemble - ou presque, des pays du Vieux continent, et plus généralement les pays occidentaux. La France a d'ailleurs atteint son taux de naissance le plus bas depuis la Seconde guerre mondiale. Autrement dit, nous manquons de contribuables. Le Royaume-Uni a bien tenté, depuis le Brexit, de compenser la réduction de sa population active par une main d'œuvre migrante, mais cela est loin d'être suffisant, et une partie de cette main-d'œuvre ne cotise pas forcément à la même hauteur que le reste de la population active. L'étude de l'ILCUK met d'ailleurs en garde le gouvernement britannique contre une dépendance excessive à cette stratégie qui ne peut être durable et peut avoir des conséquences économiques et sociales négatives.

À moins de lancer une grande politique nataliste, peu de solutions s'offrent au Royaume-Uni, si ce n'est d'ajuster l'âge de la retraite, d'investir dans la santé publique et d'adapter les lieux de travail pour soutenir une main-d'œuvre vieillissante. La prévention des maladies chroniques et la promotion d'un mode de vie sain deviennent également des priorités nationales pour augmenter le nombre d'années pendant lesquelles les citoyens peuvent contribuer activement à l'économie. Rien que pour l'année 2023-2024, le gouvernement britannique prévoit d'allouer 138 milliards de livres sterling à ses retraités pour une population totale de 67 millions (73,5 millions d'ici à 2036), ce qui représente un peu plus de 10% du PIB du Royaume-Uni (chiffre de 2017). À titre de comparaison, la France, qui est le deuxième pays, derrière l'Italie qui paye le plus pour les retraites, versait 321,1 milliards d'euros à ses retraitées en 2021, ce qui équivaut à 14% de son PIB.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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