Service militaire : qui va devoir partir ?

Alors qu’Emmanuel Macron prépare une annonce sur un possible service militaire volontaire, les familles françaises s’interrogent : ce dispositif pourrait-il mener leurs enfants vers un engagement militaire obligatoire, voire vers un risque de déploiement en situation de guerre ? Le projet, encore en arbitrage, se dessine pourtant comme une montée en puissance progressive, rémunérée et centrée sur la résilience nationale plutôt que sur une conscription classique.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 24 novembre 2025 14h39
Service Militaire Qui Va Devoir Partir
Service militaire : qui va devoir partir ? - © Economie Matin

Depuis la fin novembre 2025, le débat sur le service militaire anime de nouveau la scène politique française. Emmanuel Macron envisage de présenter un dispositif volontaire destiné aux jeunes de 18 ans, dans un contexte international marqué par une hausse des tensions et par un besoin affiché de renforcer les capacités de défense du pays. Alors que le service militaire obligatoire a été suspendu en 1997, l’idée de sa réactivation – même partielle ou sous une forme modernisée – ravive inquiétudes et interrogations chez un public peu familier des questions militaires, mais soucieux de savoir si la France pourrait se rapprocher d’une conscription réintroduite.

Un service militaire volontaire, pas un retour à la conscription

Le projet étudié par l’exécutif relève du service militaire volontaire. L’hypothèse la plus probable concerne un engagement d’environ dix mois pour des jeunes de 18 ans, dans un cadre militaire structuré. Ce format pourrait ainsi se positionner entre un simple stage de cohésion et un engagement militaire classique. Toutefois, les arbitrages ne sont pas encore tranchés. La ministre déléguée aux Armées, Alice Rufo, a prévenu que « les arbitrages n’ont pas été rendus ». Ce point illustre les hésitations internes visibles, notamment en matière de coût, de formation à prévoir et de place dans les effectifs militaires.

Contrairement à la conscription massive d’avant 1997, ce projet viserait un volume limité de volontaires. L’objectif affiché se situerait autour de 50 000 jeunes par an d’ici 2035, ce qui représente 6 à 7 % d’une classe d’âge. En outre, la suppression du service militaire obligatoire, actée par la loi du 28 octobre 1997, avait marqué une rupture nette avec la conscription instaurée en 1798 sous le Directoire. Le gouvernement ne semble pas vouloir revenir à ce modèle, mais plutôt renforcer la réserve opérationnelle, qui compte aujourd’hui 47 000 personnes, et soutenir une armée professionnelle composée d’environ 200 000 militaires actifs.

Pourquoi Macron veut remettre un service militaire sur la table

L’idée d’un service militaire volontaire s’inscrit dans un moment géopolitique tendu,. Emmanuel Macron déclare : « Dans le monde où nous vivons fait d’incertitudes, d’une montée des tensions, si nous voulons véritablement être en sécurité, il faut dissuader l’autre de venir […]. La France doit continuer d’être une nation forte avec une armée forte mais avec aussi une capacité de sursaut collectif. »

Au-delà de cette dimension stratégique, l’exécutif semble également vouloir répondre à un défi plus large : la diminution de l’exposition des jeunes aux enjeux de défense. Depuis la suspension de la conscription, seuls des dispositifs symboliques – comme la Journée Défense et Citoyenneté – subsistent. Pour les autorités militaires, ce lien s’est trop distendu.

Un besoin de main-d’œuvre et de renfort structurel pour les armées

L’armée française doit affronter un double défi : recruter durablement et augmenter la réserve. Or, ces deux leviers peinent à suivre le rythme des besoins. Dans cette perspective, un service militaire volontaire constituerait un réservoir de jeunes déjà formés, capables de renforcer la réserve en cas de crise.

Une telle approche s’inscrit dans un mouvement plus global observé en Europe. La Suède, la Lituanie et la Norvège ont déjà réintroduit des formes modernisées de conscription volontaire ou semi-obligatoire. Emmanuel Macron souhaite positionner la France sur une trajectoire similaire, mais sans contrainte imposée aux familles.

Quelles conséquences concrètes pour les familles et pour les jeunes ?

Une rémunération et un statut encadré pour éviter la précarité

Le projet, tel qu’envisagé, inclurait une compensation financière. Le montant, relativement proche d’un salaire d’apprenti, vise à permettre aux jeunes de vivre décemment pendant leur formation. Par ailleurs, le statut proposé resterait volontaire : aucun texte évoqué ne prévoit actuellement d’obligation. En outre, le service militaire volontaire ne constituerait pas un déploiement en zone de guerre. Les jeunes seraient affectés à des missions de formation, de logistique, de soutien ou de sécurité intérieure, sans exposition directe aux conflits extérieurs.

Bien que le dispositif soit militaire, son objectif premier serait d’acquérir des compétences : discipline, cohésion, premiers secours, cyberdéfense, condition physique. La vie en caserne, les parcours du combattant et les formations de base seraient présents, mais dans une logique de préparation citoyenne plutôt que de projection militaire. Cette orientation est confirmée par plusieurs sources, qui évoquent notamment des modules administratifs, numériques ou civiques. L’idée générale serait d’offrir un cadre structurant sans militariser le quotidien des participants.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

No comment on «Service militaire : qui va devoir partir ?»

Leave a comment

* Required fields