Sodas, plats cuisinés : pourquoi vous paierez plus cher ?

Face à l’expansion de l’obésité, la France resserre la vis fiscale sur les sodas et les plats cuisinés. Mais est-ce vraiment la solution pour nous inciter à consommer moins de sucre ?

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 25 octobre 2023 à 14h47
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600 millions d'eurosla taxe soda rapporte en moyenne 600 millions d'euros à l'État.

Taxe soda : une loi adoptée pour l'augmenter et l'élargir aux produits transformés

En commission, les députés ont adopté, jeudi 19 octobre 2023, deux amendements, proposés par la députée Modem Cyrille Isaac Sybille, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Ces amendements visent à augmenter les taxes sur les boissons sucrées et à élargir cet impôt sur les produits transformés. L'objectif de cette proposition : responsabiliser les industriels et les consommateurs face aux enjeux de santé publique.

Toutefois, ces mesures fiscales, bien qu'ambitieuses, suscitent des débats. L'objectif principal est d'inciter les fabricants à reformuler leurs produits en réduisant la teneur en sucre. Or, certains craignent que ces coûts supplémentaires ne se répercutent une fois de plus sur le consommateur et qu'ils n'encouragent pas pour autant les industriels à modifier leurs recettes. Le défi est donc de taille : réussir à impacter positivement les habitudes de consommation sans grever le porte-monnaie des Français.

Une recette miracle pour diminuer la consommation ?

L'efficacité de la taxe soda demeure incertaine. Cet impôt n'est effectivement pas une nouveauté en France. La taxe soda existe depuis 2012 en France. Cependant, son efficacité jusqu'à présent reste mitigée. Malgré cette mesure, le taux d'obésité ne cesse d'augmenter. Le taux d'obésité a été multiplié par quatre en France depuis les années 2000. Le nombre de personnes en situation d'obésité a augmenté de plus de 10 % en deux décennies. En 2023, près de 48 % des Français de plus de 18 ans sont obèses selon l'étude de l'Institut de recherche médicale. Le surpoids est deux fois plus répandus chez les personnes aux revenus modestes : il concerne près de 20 % des ouvriers et employés contre 10 % des cadres supérieurs, selon les chiffres de l'Observatoire des Inégalités. 

La taxe soda n'a donc pour le moment pas réussi à réduire la consommation des Français. Depuis cette taxe, les Français ont réduit leur consommation quotidienne de sucre d'un gramme seulement. Et contrairement à l'objectif recherché par la taxe soda, les industriels n'ont aucunement réduit la quantité de sucre présente dans leurs boissons. Sur près de 830 boissons référencées, 90 % d'entre elles n'ont pas vu leur quantité de sucre diminuer. À titre d'illustration, une boisson sucrée en contient près de 28 g, alors que l'OMS recommande seulement 25g. En réponse à ce qui semble être une impasse, plusieurs nutritionnistes préconisent de créer une taxe sur l'indice Nutri-Score.

Quoiqu'il en soit, les répercussions de l'augmentation de la taxe soda, ou la création de la nouvelle taxe sur le Nutri-Score, se répercuteront in fine sur le portefeuille des consommateurs (de la même façon que la taxe sur le tabac). Et les industriels n'hésiteront pas à se tourner vers des alternatives, en utilisant des édulcorants, qui sont tout aussi dangereux pour la santé, pour remplacer le sucre...

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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