Télétravail : le bonheur est-il dans le près ?

Fin de la récré, retour au bureau. C’est le mot d’ordre de grandes entreprises : il faut faire revenir les équipes en présentiel. Pourquoi ce revirement après avoir chanté les louanges du travail hybride ? Paradoxalement, l’appel provient majoritairement des leaders américains, les mêmes qui vantaient les mérites du full remote (100% à distance) il y a encore deux ans : Amazon, Disney, JPMorgan et… Zoom opérateur de visioconférences ! Leur principal argument ? Rien ne vaut le travail collectif en direct pour conduire des projets et créer de nouvelles offres. Sacrée trouvaille !

Bsamson
Par Bertrand Samson Modifié le 4 décembre 2023 à 10h49
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33%33% des salariés français télétravaillent au moins un jour par semaine

La France rejoint-elle la tendance américaine de retour au bureau ?

Rien ne semble l’indiquer. En 2023, l’institut Statista estime que 33% des salariés français télétravaillent au moins un jour par semaine. Ce chiffre grimpe à 75% pour les cadres. Mais ces moyennes sont trompeuses : en France 90% des entreprises comptent moins de 50 salariés. Dans les TPE et PME, le télétravail est informel et à géométrie variable selon l’activité et la culture de l’entreprise. En clair, le télétravail réel passe sous les radars des statistiques.

Quelle est l’organisation optimale : atout et inconvénient du télétravail ?

Les entreprises avec lesquels nous travaillons n’ont pas attendu l’épisode COVID pour l’adopter : c’est un excellent moyen de répondre aux attentes des salariés tout en réduisant les coûts de structure. Le télétravail bien équilibré (2-3 jours par semaine) a démontré ses avantages : gain de productivité pour les tâches routinières/automatisées, augmentation de l’autonomie des collaborateurs et, pour les entreprises, de substantielles économies, principalement au niveau immobilier.

Inversement, l’excès de télétravail révèle aussi deux menaces pour les entreprises : tout d’abord, une baisse de l’engagement individuel et du sentiment d’appartenance. L’adage « loin des yeux loin du cœur » se vérifie sur le moyen terme, en particulier dans les études de climat social ; on observe aussi une certaine « volatilité » des salariés qui n’hésitent plus à aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Quand l’attachement se réduit à la seule dimension contractuelle (travail et salaire) le pas est vite franchi. Il est un autre inconvénient dont les dirigeants devraient se préoccuper plus encore, celui d’une perte de performance à long terme ; si les activités quotidiennes ou routinières du télétravail favorisent la productivité immédiate elles risquent en parallèle de masquer le besoin d’engager les projets d’avenir, ceux qui sécurisent l’entreprise pour les 2 ou 3 prochaines années.

Quand les indicateurs sont au vert, qui se soucie de relever de nouveaux défis ?

Lorsque les objectifs sont atteints, voire dépassés, que les performances sont bonnes et que les risques sont maîtrisés, pour pérenniser son activité l’entreprise doit continuer à chercher de nouvelles opportunités pour innover, se développer, rester compétitives sur le marché et anticiper les changements à venir.

C'est pourquoi la culture d'entreprise et le leadership jouent un rôle essentiel dans le maintien de la mentalité de progression même lorsque les indicateurs sont favorables. Les entreprises visionnaires encouragent souvent l'innovation continue et la recherche de nouveaux défis, quel que soit le contexte actuel de l'entreprise. Ces défis sont collectifs, ils se travaillent « manches retroussées » avec la contribution des tous.

Seul le présentiel permet de faire travailler les gens en proximité. Parce que le vrai bonheur au travail est dans le près.

Bsamson

Associé - Directeur de Projets chez OasYs Mobilisation

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