Les déclarations d’Elon Musk, souvent proches des mouvances d’extrême-droite, n’impactent plus seulement sa réputation : elles pèsent désormais lourdement sur Tesla. Selon plusieurs études, dont celle de l’université de Yale, l’« effet Musk » aurait coûté au constructeur plus d’un million de véhicules vendus.
Tesla : c’est confirmé, c’est Elon Musk qui plombe les ventes

Fin octobre 2025, alors que Tesla tente de redresser ses ventes mondiales, une étude universitaire relance un débat sensible : les prises de position politiques de son dirigeant Elon Musk auraient provoqué une chute significative des ventes. Depuis qu’il a racheté Twitter en 2022, devenu X, le patron de SpaceX multiplie les déclarations alignées sur les idées d’extrême-droite, et brouille la frontière entre innovation technologique et militantisme idéologique.
Les positions d’extrême-droite d’Elon Musk et la fracture de son image
Depuis l’automne 2022, Elon Musk assume un discours ouvertement conservateur : il a soutenu Donald Trump, fait un salut Nazi sur scène, amplifié des comptes d’extrême-droite sur X, tenu des propos transphobes et repris des théories complotistes sur l’immigration ou la presse. Selon une enquête de l’université de Yale, ces prises de position sont qualifiées de « polarisantes et partisanes ». Elles rompent avec la posture de neutralité qu’adoptent traditionnellement les dirigeants d’entreprises mondiales.
Ce basculement politique s’est accompagné de soutiens financiers notables. L’étude rappelle qu’Elon Musk a versé environ 300 millions de dollars à des candidats républicains américains depuis 2022, confirmant son ancrage à droite. Cette orientation a suscité une réaction vive chez les consommateurs historiquement progressistes : « les acheteurs démocrates sont désormais beaucoup moins enclins à acheter une Tesla », souligne l’étude. Dans certains pays européens, notamment en Allemagne, Musk a également relayé des messages d’élus proches de l’AfD, un parti d’extrême-droite.
Comment la politique d’Elon Musk influence les ventes de Tesla
Le cœur de la clientèle Tesla s’était bâti sur un imaginaire de modernité écologique et d’innovation éthique. Or, les postures d’Elon Musk s’accordent désormais mal avec ce profil sociologique. Les chercheurs de Yale et du National Bureau of Economic Research notent une corrélation directe entre la polarisation politique du dirigeant et la baisse des ventes dans les comtés américains à majorité démocrate.
Selon cette étude reprise par Electrek, « sans l’effet partisan de Musk, les ventes de Tesla aux Etats-Unis entre octobre 2022 et avril 2025 auraient été de 67 % à 83 % plus élevées ». Autrement dit, plus d’un million de véhicules n’ont pas trouvé preneur. Cette estimation repose sur les données de ventes locales, croisées avec l’évolution du vote par comté et les enquêtes d’opinion sur l’image de Tesla.
En Europe, l’effet politique se combine à d’autres facteurs, mais il reste visible. D’après Reuters, les immatriculations de Tesla ont chuté de 47,3 % en France, de 84 % en Suède et de 42 % au Danemark en août 2025. Plusieurs analystes y voient un « backlash » contre Musk, nourri par les appels au boycott relayés sur les réseaux sociaux. La même tendance se retrouve dans l’ensemble de l’Union européenne, où les ventes de Tesla ont reculé de 18,6 % en septembre 2025 sur un an, tandis que le constructeur chinois BYD progressait de 272 %.
Un coût commercial et symbolique pour la marque Tesla
Au-delà du simple chiffre d’affaires, c’est la valeur symbolique de Tesla qui s’effrite. « La domination de Tesla n’est plus acquise », analyse Ginny Buckley, directrice du site Electrifying.com, citée par Reuters. La marque, autrefois synonyme d’avant-garde, se voit désormais associée à des controverses politiques, ce qui nuit à son attractivité auprès des jeunes acheteurs urbains et écologistes.
Les investisseurs eux-mêmes s’inquiètent. Les actions de Tesla ont chuté de près de 4 % en Europe après la publication des résultats trimestriels, en raison de marges en baisse et d’un contexte de « boomerang politique », rapporte Reuters le 23 octobre 2025. Certains fonds éthiques, sensibles aux critères ESG, se sont partiellement désengagés du titre.
En Europe, la part de marché du constructeur est tombée à 46,2 % en Californie et sous les 10 % dans plusieurs pays de l’Union. L’arrivée de BYD, NIO ou Hyundai sur le segment électrique accentue la pression. Mais c’est bien le facteur politique, inédit dans l’histoire du secteur automobile, qui fragilise aujourd’hui la marque au point d’en devenir un risque commercial majeur.
