Travail : les salariés sont dérangés 275 fois par jour, selon une étude

Le monde du travail est confronté à un nouvel enjeu : maintenir la concentration des employés tout au long de la journée. Selon une étude, c’est tout simplement impossible. En cause : une sursollicitation intempestive.

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By Cédric Bonnefoy Published on 19 juin 2025 10h00
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Travail : les salariés sont dérangés 275 fois par jour, selon une étude - © Economie Matin
275Selon une étude de Microsoft, au travail, les collaborateurs sont dérangés 275 fois par jour.

La concentration, de plus en plus compliquée au travail

Dans une étude, Microsoft révèle que les salariés français sont littéralement pris en otage par le flux incessant de sollicitations numériques. En moyenne, les collaborateurs de bureau subissent 275 interruptions par jour, soit une toutes les deux minutes. Cette fragmentation permanente transforme le travail en une succession d’actes dispersés, rendant toute concentration durable très difficile.

Le chaos cognitif ne concerne pas seulement les exécutants : 48 % des salariés et 52 % des dirigeants décrivent leur quotidien comme « chaotique et fragmenté », selon l’étude. Les e-mails restent l’un des vecteurs principaux d’interruption : 117 courriels sont reçus chaque jour par salarié, chacun étant lu dans la minute.

À partir de huit heures du matin, 153 messages Teams s’ajoutent en moyenne, renforçant la saturation de l’attention. Pire encore, 15 % des messages sont envoyés en dehors des horaires de travail, ce qui accentue la charge mentale des salariés, même pendant leurs périodes de repos. Illustration chiffrée à l’appui : 29 % des salariés déclarent encore consulter leurs mails à 22 heures, rendant la frontière entre vie professionnelle et vie privée de plus en plus floue.

L’explosion des réunions impromptues mine la productivité

Les réunions ne sont pas planifiées à l’avance dans 60 % des cas, et 57 % d’entre elles ne font même pas l’objet d’une invitation formelle. Résultat : le pic de concentration cérébrale, situé entre 9 heures et 11 heures, est systématiquement envahi par des réunions imprévues. D’ailleurs, preuve que les journées sont déjà bien remplies, le volume de réunions après 17 heures a bondi de 16 % par rapport à l’année précédente.

Les collaborateurs ne disposent plus de véritables plages de travail en profondeur, condamnés à une succession de tâches morcelées. Les interruptions sont si fréquentes que les salariés peinent à mener une tâche à son terme sans devoir la reprendre plusieurs fois. Ce brouhaha permanent ne relève pas d’une fatalité technique, mais d’un dérèglement profond du modèle organisationnel, pointe l’étude.

Ainsi, pour lutter contre ce phénomène, sans oublier de faire la promotion de ses propres solutions logicielles, Microsoft suggère d’utiliser l’intelligence artificielle pour hiérarchiser les tâches, en appliquant la règle du 80/20 afin de prioriser les objectifs. Des outils automatisés pourraient désengorger les sollicitations en filtrant les urgences ou en planifiant intelligemment les réunions. Mais le même rapport alerte : mal encadrée, l’IA risque de renforcer le syndrome du “travail infini”, en ajoutant une couche d’optimisation au détriment de la respiration mentale.

Cedric.bonnefoy

Cédric Bonnefoy est journaliste en local à la radio. À côté, il collabore depuis 2022 avec Économie Matin.

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