Industrie : La Chine va-t-elle racheter les usines allemandes de Volkswagen ?

Le 16 janvier 2025, Reuters a révélé l’intérêt croissant des entreprises chinoises pour le rachat d’usines automobiles allemandes, notamment celles de Volkswagen. Cette perspective inquiète les syndicats, les responsables politiques et les défenseurs de l’industrie européenne. Alors que des discussions s’intensifient, que signifierait un tel transfert pour l’Europe industrielle ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 17 janvier 2025 à 10h09
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Wolfsburg, Germany - March 2022: Volkswagen headquarters building with VW logo on top at the Volkswagen car plant - © Economie Matin
322 MILLIARDS $Le chiffre d'affaires de Volkswagen a atteint 322 milliards de dollars en 2023.

L’industrie automobile européenne est à un tournant critique. Alors que Volkswagen, fleuron de l’automobile allemande, cherche à réduire ses coûts en fermant certaines de ses usines, des groupes chinois manifestent leur intérêt pour ces sites stratégiques. Une telle opération, si elle venait à se concrétiser, pourrait bouleverser les équilibres industriels en Europe, où la dépendance à la Chine suscite déjà de vives préoccupations.

Volkswagen et la restructuration : symbole d’une industrie automobile en difficulté

Volkswagen, acteur historique de l’industrie automobile allemande, traverse une phase de transformation majeure. Sous pression pour aligner ses activités sur les objectifs environnementaux européens et répondre à la concurrence croissante des véhicules électriques, le groupe a décidé de fermer plusieurs sites en Allemagne, notamment à Dresde et Osnabrück.

Selon Reuters, ces fermetures, prévues respectivement pour 2025 et 2027, concernent 2 640 salariés.

Usines Effectifs Fermeture prévue Production actuelle
Osnabrück 2 300 2027 T-Roc Cabriolet, Porsche Cayman
Dresde 340 2025 Volkswagen ID.3

La menace chinoise : un investissement stratégique

Les constructeurs chinois, comme BYD, Geely et NIO, voient dans ces fermetures une opportunité unique. En rachetant ces usines, ils pourraient non seulement accéder à des infrastructures modernes, mais aussi contourner les droits de douane imposés par l’Union européenne sur les importations de voitures électriques.

Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré : « Nous espérons que l’Allemagne offrira un environnement équitable et non discriminatoire aux entreprises chinoises souhaitant investir. »

Cependant, ces ambitions ne sont pas sans controverse. En Allemagne, le gouvernement actuel s’efforce de réduire la dépendance du pays à l’égard de la Chine. La ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a récemment qualifié la Chine de « rival systémique », rappelle Reuters.

Industrie : risques et opportunités pour l’Europe

Le rachat d’usines par des entreprises chinoises pose des risques significatifs pour l’Europe :

  1. Perte de souveraineté industrielle : Ces sites pourraient devenir des outils au service des ambitions chinoises.
  2. Érosion de l’emploi local : Bien que les groupes chinois promettent de maintenir l’emploi, les syndicats allemands s’inquiètent de voir les conditions de travail détériorées.
  3. Rivalité économique : Construire des voitures en Allemagne permettrait aux entreprises chinoises de concurrencer directement des géants comme Renault, Stellantis ou Volkswagen sur leur propre terrain.

Pour Volkswagen, vendre ses usines pourrait représenter une solution moins coûteuse qu’une fermeture pure et simple.

Pourquoi l’Europe attire-t-elle la Chine ?

Pour les constructeurs chinois, produire en Europe est stratégique. Cela leur offre un accès direct à un marché sophistiqué tout en réduisant les coûts logistiques. De plus, cela renforce leur crédibilité auprès des consommateurs européens. Toutefois, la méfiance persiste. La Chambre du Commerce chinoise à Berlin a confirmé que les investisseurs chinois considèrent le secteur automobile allemand comme « stratégiquement important ».

La défense de l’industrie européenne

Face à cette situation, les dirigeants européens doivent arbitrer entre l’ouverture économique et la protection des fleurons industriels. La vente d’usines à des investisseurs étrangers pourrait stimuler la transition écologique et attirer des capitaux, mais à quel prix ? L’exemple des industries technologiques, où la dépendance à la Chine est criante, doit servir d’avertissement.

En Allemagne, les syndicats jouent un rôle clé dans ce débat. Détenant la moitié des sièges des conseils consultatifs des entreprises, ils exigent des garanties pour protéger l’emploi et les conditions de travail. « Je pourrais imaginer que nous produisions quelque chose pour une coentreprise chinoise (...) mais sous le logo VW et selon les normes VW. C'est la condition essentielle », a affirmé Stephan Soldanski.

Vers une reconfiguration de l’industrie européenne ?

La vente des usines Volkswagen à des entreprises chinoises incarne un dilemme pour l’Europe. D’un côté, ces transactions pourraient stimuler l’innovation et accélérer la transition écologique. De l’autre, elles risquent d’éroder l’indépendance industrielle du continent et de renforcer l’influence économique chinoise. Alors que les discussions se poursuivent, une question demeure : l’Europe est-elle prête à céder une partie de son patrimoine industriel pour faire face aux défis économiques mondiaux ?

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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