Allemagne : la honte et le dégout à Cologne

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Par Thierry Le Gueut Publié le 9 janvier 2016 à 5h00
Cologne Viol Migrants Femmes Allemagne
9090 plaintes pour agression sexuelle ont été déposées à Cologne, le 31 décembre dernier.

A moins que ce ne soit l’inverse. Quand j’ai pris connaissance des faits advenus en Allemagne lors de la Saint Sylvestre, bien sur, le dégout à prévalu. Toute personne normalement constituée ne peut qu’être abasourdi par ce déferlement coordonné de violences, cette sauvagerie dont on conviendra aisément qu’elle fut récemment importée. Si on en croit les témoins, du moins…

Au fil de l’Histoire, j’ai une pensée pour les femmes allemandes. Le Viol n’est pas une idée neuve en Europe, et il serait illusoire de penser que ce qui s’est passé dans la Nuit de la St Sylvestre ne renvoie pas nos amis d’outre –Rhin, à d’autres périodes funestes. Ne mésestimons pas l’impact dans l’inconscient allemand, plus profond sans doute qu’on ne le croit.

Revenons donc, à la Honte. Il aura fallu donc, 5 ou 6 jours, pour que les medias français fassent état de ce « léger » problème. Visiblement, que des femmes soient agressées, violentées, par dizaines, ou par centaines, (car on peine à avoir le « solde » définitif) à quelques centaines de kilomètres de chez nous, laissait nos éditorialistes, muets. Les grands prêtres de la Parité, du couple franco allemand, de l’amitié des peuples, de l’Europe « unie et fraternelle » étaient sans doute en vacances, gage bienvenu de leur servilité. Jean Jacques Bourdin, Jean Michel Apathie, Jean Pierre Elkabbach et Olivier Mazerolle avaient sans doute autre chose à faire que de s’occuper de quelques centaines de femmes allemandes agressées par des hordes.

Jerome Fenoglio, le chroniqueur sportif à la tète du Monde, s’est il fendu d’un article pour condamner ces exactions ? Monsieur Bergé, l’homme qui confond les ventres de la fécondation avec les bras du Capital s’est il fendu lui aussi, d’une condamnation, ne serait ce qu’à minima, des violences exercées contre des journalistes, et des policières allemandes, sans parler de toutes les autres ?

On reste pantois. Les donneurs de leçon « droit de l’hommistes » se dérobent lorsque les droits sont menacés. Pas menacés de façon abstraite, non, mais concrètement, dans la rue, au bas de chez soi. Oui, je sais, c’est en Allemagne….Mais on nous a assez bassiné avec le couple franco-allemand pour que je puisse aisément leur retourner leurs propos. Ce qui est effrayant dans cette affaire c’est qu’il ne se passera rien. Du moins, officiellement, car dans l’inconscient collectif, il en va, bien sur, tout autrement.

Il ne se passera rien comme à Calais, comme à Grande Synthe, du coté de Dieppe et ailleurs sur nos cotes… En fait, c’est juste un problème de fermentation. A un moment, on ne sait officiellement pas pourquoi, mais en fait , on le sait tres bien… ça explose, ou ça va exploser. Encore une minute monsieur le bourreau..

Bienvenue en 2016, donc. Un quarteron d’éditorialistes, toujours prêt à s’enflammer pour on ne sait quelle cause dans on ne sait quelle contrée, a décidé de blackouté cette affaire gravissime. La « toile » fermente d’indignations, les témoignages affluent, et la presse française reste muette, tétanisée. Ce qui est effrayant dans cette affaire , c’est qu’il n’ y a même pas de complot, de mot d’ordre, de silence requis. Non, il n’ y a que le juste silence qu’il n’est meme pas besoin de requérir , car il va de soi. Des femmes se font agresser et violer à quelques kilometres de chez nous dans une concordance stupéfiante, mais il est préférable de ne pas en parler, des fois , horresco referens , qu’il puisse y avoir on ne sait quel amalgame.

Pitoyable. A force de ne plus rien dire, la presse française créve de sa veulerie. « Porter la plume dans la plaie ». Oui. Mais dans toutes les plaies , evidemment, y compris celles qu’on ne voudrait pas porter. Et pour lui retourner ce propos qu’il s’est approprié dans ses livres, rendons justice à Edwy Plenel, qui constate que la crise de la presse n’est pas une crise de la demande des lecteurs, mais une crise de l’offre éditoriale. Encore faut il avoir le courage d’affronter les réalités, et non pas l’idée qu’on se fait de la Realité.

Il ne serait que justice d’enquéter sur ces événements qui se sont passés dans cette sale nuit de la St Sylvestre en Allemagne. Nul doute que Mediapart y dépechera ses plus fins limiers pres de l’Haupt Bahnhof de Koln. Ou de Stuttgart. Ou de Hamburg. On attend avec impatience le reportage des donneurs de leçon.

En attendant, car on va sans doute attendre assez longtemps, on s’interrogera sur le comportement indigne de la maire de Cologne, demandant aux femmes allemandes de ne pas provoquer par leur tenue… et sur l’attitude de la chancelière dont le moins qu’on puisse dire, est qu’elle n’est pas à la hauteur d’un pays dont les rênes lui ont été confiés. Il est vrai que la présidence du « Front der Jugend «  est-allemand ne laisse pas intact… n’est ce pas , Mme Merkel ?

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Thierry Le Gueut, vieux routier des médias (20 ans notamment au journal Le Monde) a été dans le civil dirigeant d'un club amateur pendant 17 ans, et est supporter de l'AS Saint Etienne et du Football Club de Rouen.

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