Le groupe Bouygues craint que les équipements Huawei soient proscrits en France pour les réseaux 5G. Le PDG de l'entreprise, Martin Bouygues, est monté au créneau pour prévenir l'État des conséquences d'une telle interdiction.
C'est à la fin du mois que l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), rattaché au Premier ministre, dira si les équipements de Huawei sont autorisés ou interdits dans le déploiement des futurs réseaux 5G des opérateurs français. Deux d'entre eux ont Huawei comme partenaire principal : Free Mobile et Bouygues Telecom. Une interdiction aurait des conséquences néfastes car on ne peut pas avoir deux fournisseurs différents pour les équipements 4G et 5G. « Vous ne pouvez pas swaper de la 4G d'un équipementier sur la 5G d'un autre équipementier ; il faut les mêmes équipements sur les mêmes zones », a expliqué Martin Bouygues à l'occasion des résultats annuels du groupe, dans des propos relevés par Les Echos.
Martin Bouygues prévient l'État
Si Huawei ne peut pas équiper le futur réseau 5G de Bouygues Telecom, ce dernier se verrait donc dans l'obligation de changer les équipements pour sa 4G. Une telle opération aurait « un effet de coût et de délai et les deux sont de nature à distordre la concurrence entre les opérateurs pour des raisons qui ne nous appartiennent pas », déplore-t-il. Le grand patron rappelle aussi qu'un réseau mobile « performant » en France représente un coût de l'ordre de 8 à 10 milliards d'euros, et que des équipements Huawei sont présents dans les réseaux fixes de tous les opérateurs français. « Que c'est une part majeure de leurs installations même si personne n'en parle », indique-t-il encore en évoquant la présence de Huawei dans les futures voitures de PSA. « Le truc s'arrête où ? », s'interroge-t-il.
Résultat net en baisse
En fonction de la recommandation de l'Anssi, Bouygues se réserve toutes les possibilités, en particulier celle de contester les futures décisions en justice. Pour ce qui concerne l'exercice 2019, le groupe affiche un chiffre d'affaires en progression de 7% à 35,6 milliards d'euros, mais un résultat net en chute de 8,5%, à 1,18 milliard. Cela s'explique par des éléments exceptionnels inscrits durant l'exercice précédent (des tours vendus par Bouygues Telecom, entre autres).
