L’éolien, berceau d’une guerre civile ?

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Par Louis Marin Modifié le 29 novembre 2022 à 9h25
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3,9 %Les éoliennes représentaient 3,9 % de la production électrique française en 2015.

Lors d’un débat à l’Assemblée nationale sur la nécessité d’éloigner les éoliennes à un minimum de 1000 mètres des habitations, le député socialiste Serges Janquin interpellait le Ministre de l’Ecologie, précisant à ce sujet que « les fourches sont sortie contre l’Etat » et qu’il fallait éviter « de nous laisser entraîner dans une situation de guerre civile, faute d’avoir suffisamment réfléchi à l’incidence de nos décisions » soulignant qu’ « il vaudrait mieux avoir la sagesse d’agir avec précaution pour éviter les drames qui s’annoncent…». Il faisait suite à l’alerte lancée par le sénateur socialiste Jean Germain qui souhaitait déjà écarter les aérogénérateurs au-delà de 1000 mètres des habitations.

Il y a quelques jours, c’est à nouveau un sénateur PS, Gilbert Barbier, qui a déposé un amendement afin de rendre impératif l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France (ABF) pour tout projet d’éoliennes situé dans un rayon de 10 kms d’un monument historique. Cet amendement adopté par le Sénat, a suscité l’ire des affairistes du vent toujours prêts à militer pour le zéro norme. Tout récemment, l’avocat spécialiste de l’éolien David DEHARBE du cabinet Greenlaw se réjouissait dans un article à l’intitulé évocateur « La revanche de l’éolien sur le droit » (sic) : aveu incroyable d’un secteur éolien s’estimant au dessus du droit.

Cette actualité nous engage à faire le point sur les questions cruciales que posent l’éolien actuellement.

Le Sénat impose un contrôle de l’ABF pour les éoliennes dans un rayon de 10 kms des monuments historiques

Toute mesure contraignante empêchant l’implantation d’éoliennes suscite une levée de bouclier systématique des affairistes du vent. Pourtant, exiger l’avis de l’ABF pour tout projet éolien situé dans un rayon de 10 km d’un monument historique est un minimum lorsqu’on sait que la France est un pays touristique qui vit de son patrimoine ancien et de ses châteaux. Lui donner une valeur impérative participe de la même logique d’autant que la suppression des zones de développement éolien (ZDE) qui prévoyait un contrôle autour des monuments historiques a conduit à un développement anarchique des projets.

Il n’est pas acceptable que notre patrimoine architectural soit impacté par des aérogénérateurs et il est légitime que l’ABF vérifie dans ce périmètre l’existence d’une co-visibilité avec ces machines. Cette mesure est donc à faible impact pour les promoteurs du vent et il faut espérer que les députés ne se laisseront pas à nouveau abuser par les éléments de langages de leurs lobbyistes.

Vent de panique chez les industriels de l’éolien !

Même si la mesure a assez peu d’impacts pratiques, elle est en revanche l’expression d’un ras le bol populaire souligné par des députés et sénateurs de la majorité. Ce qui inquiète les promoteurs est moins la mesure en elle-même que le fait qu’elle soit portée par des élus de la majorité présidentielle qui pourraient se laisser tenter par de nouvelles mesures restrictives. En effet depuis un certain temps une prise de conscience est en train d’émerger au sein des assemblées auprès d’élus qui, à l’écoute de leurs concitoyens, sentent bien que sur le terrain la situation est explosive.

Ce n’est tout de même pas un hasard si c’est un député socialiste qui a parlé en séance de « guerre civile » à propos de l’éolien. Dans ce contexte nous sommes également informés que les fonctionnaires du Ministère de l’Ecologie sont désorientés par ces voltes faces successifs. Ils ne savent plus à quel sein se vouer et s’ils doivent ou non soutenir cette source d’énergie qui devient de plus en plus controversée…La Ministre elle-même commence à recevoir des informations inquiétantes sur les risques sanitaires.

Risques sanitaires et effet des éoliennes sur la santé

Le discours habituel des promoteurs est de souligner que les éoliennes font assez peu de bruit et que les mesures à proximité des champs installés montrent que leur bruit est inférieur aux seuils. Là encore il s’agit d’éléments de langage de communicants payés par les multinationales du vent dont les intérêts financiers sont gigantesques.

Inutile de revenir davantage sur les modalités de mesures des bruits à proximité des éoliennes qui pour le coup sont déjà contestables. En effet, l’essentiel du problème sanitaire ne provient pas des sons audibles mais des infrasons inaudibles. Et c’est sur cette question que les promoteurs cherchent à occulter les risques pour la santé. Aujourd’hui, et à l’échelle internationale, il est avéré qu’il existe un syndrome éolien qui conduit les personnes vivants à proximité parfois jusqu’à plusieurs kilomètres à subir palpitations, troubles de l’équilibre et du sommeil, problème cardiovasculaires, ….

Un groupe sérieux de médecins allemands a lancé récemment une alerte sur ce thème et il y a fort à parier qu’un énorme scandale sanitaire mondial surviendra si rien n’est fait pour stopper le développement de l’éolien. La Ministre actuelle qui a fortement favorisé son développement en portera une lourde responsabilité si elle ne prend pas les mesures de précautions adaptées ….

Un scandale sanitaire associé au scandale de la corruption

Lorsqu’un secteur d’activité ne suscite pas une acceptabilité sociale évidente, il convient d’instrumentaliser les élus pour imposer une industrie qui est très nuisible pour la population. C’est l’intérêt d’une ultra-minorité qui va nuire à une grande majorité avec des troubles affectant durablement le cadre de vie, induisant une baisse de la valeur du patrimoine, et une division regrettable entre les villageois.

Bref, la corruption ou la prise illégale d’intérêt des élus est un moyen efficace pour imposer aux citoyens des décisions qu’ils ne souhaitent pas. C’est pourquoi, il n’est pas étonnant qu’une grande partie des projets éoliens soient implantés sur les terres mêmes des élus ou sur celles de leur famille. C’est pourquoi, c’est plus d’une centaine de plaintes qui ont été déposées à ce jour auprès des procureurs ou des procureurs généraux avec information au Ministère de la Justice via le Service Central de Prévention de la Corruption (SCPC). Là encore, les promoteurs minimisent ces affaires qui sont pourtant endémiques et que l’on retrouve selon un mode opératoire voisin dans l’Europe entière.

Les nombreuses victoires obtenues par les anti-éoliens face aux promoteurs

Le combat que nous menons se doit d’être global et sans réserve. Les promoteurs ne sont pas des enfants de cœurs et nous devons subir de drôles de pratiques. Les batailles ne se gagnent pas par des diners mondains avec les préfets ou des hauts fonctionnaires. Non les combats doivent être acharnés et associer communication, recours juridiques, action pénales le cas échéant et sensibilisation des élus à l’échelle locale et nationale ce qui nous est - que je sache - encore autorisés par la République et la Déclaration des Droits de l’Homme. Seuls les combattants déterminés obtiennent des victoires. Ceux qui se ramollissent et faiblissent n’auront que leurs yeux pour pleurer avec un parc éolien à la clef pour 40 ans.

Par une action méthodique et structurée, l’action cumulée des 1500 associations locales, du réseau Ulysse et des deux fédérations nationales Fédération Environnement Durable (FED) et Vent de colère (VDC) ont permis de nombreuses victoires : nous avons obtenus, l’annulation de l’arrêté de rachat, que le Conseil constitutionnel reconnaisse l’inconstitutionnalité de la loi sur les Schémas régionaux éolien (SRE), un grand nombre de SRE ont été annulés par les juridictions administratives, un nombre important d’élus ont été condamnés pour prise illégale d’intérêt, (des plaintes pour corruption vont suivre), un nombre important de permis de construire sont actuellement refusés par les préfets ou annulés par les tribunaux, les médias ont changé leur regard sur le sujet avec de nombreuses émissions sur les dangers de l’éolien. Bref, nos actions font mouche et l’opinion publique commence à prendre conscience du danger de cette industrie à grande échelle.

L’attitude des promoteurs face aux victoires des associations de défense de l’environnement

Face aux bénévoles qui agissent avec de faibles moyens, les multinationales du vent déploient des moyens financiers considérables et paient des lobbyistes qui tentent d’infléchir les décisions politiques. Ils ne s’en cachent pas d’ailleurs. L’année dernière le Président du syndicat éolien France Energie Eolienne (FEE) avait écrit aux députés pour leur demander d’envisager de modifier rien moins que le délit de prise illégale d’intérêt

Il est intéressant de noter que malgré les réformes importantes qui ont largement facilité la libéralisation de l’éolien, les promoteurs n’ont pas réussi à faire progresser le nombre de parcs installés en 2015. La machine est belle et bien grippée, et on comprend pourquoi le syndicat FEE a remercié son ancien Président Frédéric Lanoë - qui a étonnamment disparu du Conseil d’Administration et de l’organigramme du syndicat, et musclé son équipe avec un Président plus institutionnel, polytechnicien ancien de la Direction Générale de l’Armement et un ancien Préfet de Région également ancien Président de la commission nationale du débat public (ce qui n’est pas sans poser de question pour ce dernier).

Enfin, sans que l’on puisse affirmer d’où viennent ses attaques, un certain nombre d’acteurs de la résistance anti-éolien ont eu leur ordinateur piraté et aspiré de manière concomitante. Moi-même je suis actionné en diffamation par un promoteur. Quelque soit le résultat, le débat suscité autour de cette action sera pour nous un moment opportun et propice pour dévoiler publiquement certaines pratiques des industriels du vent ….

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Louis Marin est sur le site Economiematin le pseudonyme de Fabien Bouglé lanceur d’alerte écologiste français et auteur du livre Éoliennes : la Face noire de la transition écologiques, publié en 2019 aux éditions du Rocher.  Depuis 10 ans, il dénonce le désastre écologique et financier des éoliennes. Entre 2011 et 2016, il est en lien avec le SCPC (service central de prévention de la corruption) du ministère de la Justice français qui dévoile le scandale de la corruption dans l’industrie éolienne. Il contribue à rendre public en 2018, le prix exorbitant de rachat de l'électricité des éoliennes en mer. A la suite de ces révélations, ce tarif a été renégocié à la baisse par le gouvernement français. Il a été auditionné en juillet 2019 à l'Assemblée nationale par la commission d'enquête parlementaire sur les énergies renouvelables.

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