Les services tirent la croissance française vers le haut

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Par Christopher Dembik Publié le 5 mars 2015 à 5h00
France Croissance Secteur Services Resultats
1 %La croissance espérée pour la France en 2015 est de 1 %.

Le PMI services français est en ligne avec l’estimation flash, à 53,4 pour le mois de février. C’est la confirmation que le secteur des services, dominant dans l’économie française, renoue avec la croissance.

Un retour progressif de la confiance et une consommation en hausse expliquent cet élan positif qui contraste avec la mauvaise performance persistante du secteur manufacturier.

PMI services : une faible embellie à confirmer

Toutefois, le PMI services n’est pas à l’abri d’une chute dans les prochains mois du fait de nombreuses incertitudes pesant sur la dynamique économique. Une hausse de la fiscalité locale est notamment probable dans la foulée des prochaines scrutins électoraux afin de faire face à la baisse des dotations aux collectivités locales et de mettre en place la réforme territoriale, ce qui pourrait gripper la consommation. Les mois à venir seront donc cruciaux pour confirmer l’embellie économique encore fragile qui se dessine.

Vers 1 % de croissance pour la France en 2015 ?

Le choc extérieur positif provoqué par un euro et un pétrole faibles pourraient permettre d’atteindre l’objectif de 1% de croissance en 2015. Si la dynamique positive s’amplifie, il n’est pas exclu d’avoir une bonne surprise à la fin de l’année. Mais, dans tous les cas, il ne faut pas trop attendre des retombées bénéfiques du contre-choc pétrolier et de la stratégie de dévaluation de l’euro menée par la BCE puisqu’elles ne permettront pas de faire reculer durablement le chômage. Même les scénarios les plus optimistes, qui tablent sur une progression potentielle du PIB de l’ordre de 1,5% cette année, n’anticipent pas de déclin net du taux de chômage.

Des signes de reprises encourageants

Comme le montre l’évolution sectorielle, lorsqu’il y a hausse des effectifs, elle se fait dans des proportions marginales. Il s’agit, au demeurant, très souvent d’emplois précaires qui permettent de répondre à des besoins ponctuels et qui ne se convertissent que rarement en CDI. Le secteur manufacturier est, en particulier, toujours soumis à des destructions d’emplois, n’ayant pas encore restauré ses marges à l’exportation. La politique de l’offre menée par le gouvernement est clairement un message positif mais elle peine à porter ses fruits dans un contexte de plus en plus concurrentiel à l’international. Il y a toutefois des signes de reprise encourageants, notamment dans l’automobile.

Soutenir la demande et la confiance

Le gouvernement aurait certainement tort d’attendre que le renforcement de la croissance mondiale se diffuse aussi à la France. En dépit de la contrainte budgétaire, il y a une marge de manœuvre certaine pour agir. Deux leviers pourraient être actionnés pour renforcer la confiance des agents économiques : l’investissement public ciblé et la baisse de la fiscalité. Un investissement public bien ciblé s’accompagnant d’une participation du secteur privé a des effets vertueux bien connus sur l’emploi, l’innovation et la demande agrégée grâce à l’effet multiplicateur. En période de faible confiance dans l’avenir, c’est à l’Etat d’assumer la prise de risque et les pertes qui vont avec afin de diminuer, in fine, le coût de financement pour les acteurs privés.

En ce qui concerne la fiscalité, les pistes sont nombreuses : baisse de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises de taille intermédiaire qui représentent 25% de l’emploi salarié, cadeau fiscal pour les primo-accédant afin de relancer le marché de l’immobilier ou encore baisse des taxes sur l’essence.

Toutes ces mesures répondent à l’urgence de soutenir la demande agrégée et le retour de la confiance. C’est seulement à ces conditions que la France pourra renouer rapidement avec la croissance et peut-être espérer atteindre un niveau de progression du PIB suffisant pour inverser la tendance de long terme à la hausse du chômage.

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Christopher Dembik est économiste chez SaxoBank.

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