L’euro poignardé par son père

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Par Simone Wapler Publié le 27 octobre 2016 à 5h00
Euro Monnaie Unique Crise Europe
25 %Les investisseurs qataris de la Deutsche Bank veulent grimper leur participation à 25 %.

Un des pères fondateurs de l’euro, Otmar Issing, économiste allemand réputé, estime que la monnaie unique est condamnée. Dans une interview donnée au magazine Central Banking, il prévoit que l’euro va s’effondrer comme un château de cartes.

Les difficultés de Deutsche Bank ravivent les tensions en Zone euro. Le répit de la banque allemande n’est que provisoire. Des investisseurs qataris, réunis autour du cheikh Hamad ben Jassiom al-Thani, ont indiqué qu’ils pourraient porter leur participation à 25% contre 10% actuellement. Deutsche Bank espère par ailleurs pouvoir réduire le montant de son amende américaine de 14 milliards de dollars et se passer d’une augmentation de capital.

Mais… Derrière Deutsche Bank, il y a Commerzbank qui n’est guère en forme. Une partie des banques européennes est plombée par les activités de marché et produits dérivés. Une autre partie est plombée par les prêts non performants. Malgré les protestations véhémentes des intéressées, toutes les banques européennes sont sous-capitalisées par rapport à leurs homologues anglo-saxonnes.

Mon collègue britannique Tim Price est très pessimiste sur les banques italiennes. Il fait remarquer que les prêts non performants des banques britanniques se montent à moins de 1,5% du montant de leurs portefeuilles, tandis que c’est 18% pour les banques italiennes !

Et lorsque la croissance n’est pas au rendez-vous, les emprunteurs défaillants se multiplient. La hausse des taux longs devient mortelle pour tous ceux qui sont en quête de refinancement.

Les marchés financiers se sont attaqués aux banques maillons faibles de l’euro — mais bientôt ce sera l’euro lui-même qui se retrouvera en première ligne. L’euro n’a plus aucun garde-fou. Le pacte de stabilité a été jeté aux orties, et la volonté politique a disparu. La politique monétaire de Mario Draghi protège le marché des obligations souveraines, permettant ainsi aux gouvernements dispendieux d’emprunter toujours plus pour pas cher.

“L’idée d’instaurer un mécanisme de contrôle de la politique fiscale des Etats membres au travers du pacte de croissance et de stabilité a plus ou moins échoué. La discipline du marché est détruite par les interventions de la BCE. Donc il n’y a plus de contrôle des déficits ni par la politique, ni par les marchés. Tous les éléments sont en place pour arriver au désastre de l’union monétaire.”

La disparition de la monnaie unique provoquerait des pertes très importantes dans les établissements bancaires qui sont incapables de les supporter. Le désastre arrivera-t-il par une banque et un besoin de sauvetage national ou par la volonté d’un pays de retourner à la “souveraineté monétaire”, c’est à dire aux déficits financés par la planche à billets nationale et au protectionnisme ?

C’est un peu comme si on vous posait la question de savoir si vous préféreriez le garrot ou la guillotine. Dans les deux cas, il est important de prendre dès à présent vos dispositions pour ne pas vous faire prendre dans la débâcle de l’euro.

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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