Une réforme territoriale dans la douleur

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Par Patrick Crasnier Modifié le 4 août 2015 à 7h23
Reforme Regions Territoriale
34 MILLIONS €La fusion des régions devrait entraîner une hausse des indemnités des élus estimée à 34 millions d'euros.

C’était l’information importante du jour des départs en vacances, Manuel Valls annonçait le lancement de la grande réforme territoriale que personne n’attend. Il a organisé dans toutes les nouvelles régions des conférences de presse, lui-même se livrant à l’exercice national. Il fallait annoncer à la presse (et aux politiques encore ignorants) quelles seraient les « capitales » de région et les réorganisations qui iraient avec.

C’est après six mois de tractations sévères, de grincements de dents à tous les échelons, de non choix très Français et d’arbitrages autoritaires que les annonces ont été faites. Les gagnants sont contents, les écartés font à minima la tête, ou plus encore dans certains lieux. Tout se passe comme si l’ensemble des régions de France, dans lesquelles les socialistes ont tous les pouvoirs, restaient socialistes après la grande réforme. Vendre la peau de l’ours est un exercice bien naturel chez les socialistes mais là, nous sommes en droit de rire.

Les socialistes se partagent les pouvoirs futurs, sans aucune gène

Ils se partagent déjà les postes « à moi la présidence, à toi les commissions » une discussion de souks presque risible s’il ne s’agissait de la France. Manuel Valls a même annoncé qu’il cherchait à changer les règles des élections (à quatre mois du scrutin) pour créer le poste de « président délégué de région ». Vous comprendrez tous que personne ne veut lâcher le pouvoir et que le partage n’est pas une règle politique. Cette annonce a été faite suite aux tractations âprement discutées dans la grande région midi Pyrénées – Languedoc Roussillon. Cet exemple qui pourrait être étendu à bien d’autres régions est le suivant : Le sud-ouest de la France est socialiste et le restera c’est le préalable, Toulouse sera la capitale et Montpellier fait la tête. De plus il faut faire avec le PRG, Jean Michel Baylet propriétaire de la presse quotidienne régionale des deux entités impose sa loi. Un nombre important candidats sur les positions théoriquement éligibles, Sa « protégée » Sylvia Pinel ministre du logement doit venir en second et obtenir une première vice présidence.

Cette tractation se termine donc par un « quatuor » PS – PRG, sans savoir exactement qui sera quoi

Carole Delga tête de liste sera présidente en cas de victoire, mais le PS Damien Allary de Montpellier ne veut pas s’effacer derrière Sylvia Pinel, d’où l’idée géniale de notre premier ministre de créer un poste de « président délégué ». Ajoutons qu’il ne vient pas à l’idée de Manuel Valls que ces postes là soient occupés par l’opposition. Ces difficultés entre personnes avides de pouvoir politique regional se retrouvent à tous les niveaux des administrations qui seront délocalisées.
Faisant fi des économies, là encore notre premier ministre à tranché dans le consensus, une partie dans la capitale, une autre dans la capitale déchue, aucun fonctionnaire muté, des postes et des directions en doublette. Aucune économie à attendre de cette réforme, pire une cacophonie administrative qui mettra plusieurs années à se résorber. Le plus étonnant dans toutes ces annonces, c’est que l’état « officialise » ces changements seulement après Juillet 2016. Une belle arnaque pour les électeurs à qui on demande un chèque en blanc, pour mieux magouiller derrière avec leur consentement volé. Il est facile de comprendre que ce n’est qu’après les élections (et ses résultats attendus comme catastrophiques) que les socialistes se partageront les restes. On annonce une capitale mais si les électeurs n’ont pas bien voté on pourra ensuite la retirer au profit de ceux qui auront été de bon petits soldats.
Grâce à Mitterrand puis à Raffarin nous avons un mode de scrutin imbécile, proportionnelle a deux tours avec panachage des listes entre les deux tours. Personne au monde n’y avait pensé, Raffarin l’a fait, c’est même grâce à ce mode de scrutin que la droite la plus bête du monde a perdu toutes les régions. Nous aurons en plus cette année l’épée de Damoclès de la réorganisation, faite par les socialistes en fonction non pas du scrutin mais de ce qui les arrange le plus. L’élection de liste est déjà en soi un déni, si l’on ajoute les possibles réorganisations sanctions ou récompenses après les élections nous aurons atteint les sommets.

La réforme voulue par le gouvernement Fillon était une bonne réforme

Des conseillers territoriaux élus individuellement, des économies avec la suppression des conseils généraux, c’était le retour de la démocratie en région. Sauf que cela n’arrangeait pas les panachages socialistes et leurs épiceries électorales, Hollande élu cette réforme a été supprimée. Aujourd’hui avec ce qui va nous être imposé nous allons toucher le fond. La boboïsation de la France autour de grandes « capitales » et le délaissement total de la France rurale agricole et provinciale. Les crises agricoles dramatiques que l’on constate en ce moment ne feront que s’amplifier une fois mise en place cette pseudo réforme. Aucune grande capitale régionale dans le centre de la France qui à n’en pas douter deviendra le « triangle des Bermudes »
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Patrick Crasnier est diplômé en sciences humaines 3eme cycle en psychopathologie, après de longues années passées en cabinet libéral comme psychanalyste, blessé lors d’un attentat terroriste cesse cette activité en 1995. Continue comme photojournaliste, journaliste radiophonique (activités menées conjointement avec celle de psychanalyste depuis 1983) puis comme journaliste rédacteur au journal Toulousain et à l’écho des entreprises. Actuellement photojournaliste correspondant pour l’agence de presse panoramic et rédacteur dans plusieurs revues.

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