L’interdiction des vols intérieurs risque d’être inopérante

Anton Kunin
Par Anton Kunin Modifié le 22 janvier 2021 à 14h39
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82%Sur la ligne Paris-Nantes, 82% des passagers transitent par Roissy et seuls 18% par Orly.

Dans un rapport dédié aux velléités de l’exécutif d’interdire à Air France d’opérer les vols intérieurs pour lesquels il existe une alternative en train en moins de 2h30, Greenpeace recommande d’instaurer une interdiction beaucoup plus ambitieuse et pointe les raisons pour lesquelles l’interdiction actuellement envisagée pourrait rester sans effet.

Vols intérieurs : une interdiction qui n’en est pas une

Au printemps 2020, « se transformer pour devenir une compagnie plus écologique » était une condition posée à Air France pour bénéficier d’une aide massive de l’État. Parmi les différentes injonctions, il y avait celle de s’abstenir d’opérer des vols intérieurs pour lesquels il existe une alternative en train en moins de 2h30. Facile à dire… mais beaucoup plus compliqué à mettre en œuvre. Comme le met en évidence un rapport de Greenpeace tout fraîchement sorti, une disposition envisagée par le gouvernement rendrait cette interdiction des vols intérieurs tout simplement inopérante.

L’exécutif prévoit en effet d’épargner par cette interdiction les vols à destination de l’aéroport de Roissy, que les passagers empruntent surtout pour faire une correspondance vers un vol international. (Selon la logique du gouvernement, tous les vols internationaux décolleraient de Roissy.) Si cette logique est effectivement retenue, Air France pourra tout simplement rediriger tous ses vols à destination d’Orly vers Roissy, contournant ainsi l’interdiction. L’aéroport de Roissy est d’ailleurs déjà très utilisé pour les vols intérieurs : 54% du trafic transite par Roissy sur la ligne Paris-Bordeaux, 78% sur la ligne Paris-Lyon et 82% sur la ligne Paris-Nantes.

Pour Greenpeace, l’exécutif devrait rendre cette interdiction beaucoup plus large et y soumettre tous les vols pour lesquels il existe une alternative en train en moins de 5 heures. Une telle interdiction permettrait de diminuer l’empreinte carbone des vols intérieurs (hors Corse et outre-mer) de 60,6%

Les vols Paris-province, déjà en perte de vitesse avant l’épidémie de Covid-19

Il faut savoir qu'avant l'épidémie de Covid-19, la demande pour les vols intérieurs n'avait cessé de croître. En janvier 2020, le nombre de passagers sur la ligne Paris-Nice avait progressé de 1% par rapport à janvier 2019. La hausse avait été de 2% sur Paris-Toulouse, Paris-Marseille et de 5% sur Paris-Montpellier.

Selon Greenpeace, les seules liaisons aériennes qui ont du sens sont les liaisons Province-Province (dites « transversales »). Ces cinq dernières années, l’augmentation du trafic a par exemple été de 55% sur Lyon-Nantes et de 75% sur Bordeaux-Marseille. À l’inverse, la ligne aérienne Paris-Bordeaux, fortement concurrencée par l’arrivée d’une ligne ferroviaire à grande vitesse depuis 2017, a vu son trafic diminuer de 21%. Par ailleurs, sur ces lignes l’avion est d’autant moins pertinent que l’aéroport de Roissy dispose d’une gare TGV, desservie par des trains en provenance de Bordeaux, Lyon, Nantes et Rennes.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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