Une évolution attendue, un impact économique surprenant : le code de la route accessible en LSF promet un retour sur investissement concret pour les individus, les collectivités et l’État.
Permis de conduire : le Code de la route plus accessible pour les personnes sourdes

Le 3 juin 2025, Florence Guillaume, déléguée interministérielle à la sécurité routière, a annoncé qu’à partir de l’été 2025, l’examen du code de la route, étape théorique du permis de conduire, sera désormais accessible en Langue des Signes Française (LSF). Au-delà d’une avancée sociétale, cette mesure représente un enjeu économique majeur pour l’inclusion des personnes sourdes et malentendantes.
Autonomisation économique : levier pour l’emploi
Environ 4 000 candidats sourds passent chaque année l'examen du code de la route en France. Parmi eux, plus de 80 % rencontrent aujourd’hui d’importantes difficultés, notamment linguistiques, liées au français écrit. Or, l’obtention du permis est souvent un préalable à l’emploi, notamment dans les zones périurbaines et rurales, où les transports en commun sont peu développés. Réussir l’épreuve sans interprète réduit les barrières de mobilité, favorisant un accès élargi aux opportunités professionnelles.
Gains financiers pour les candidats et les collectivités
Avant cette réforme, les candidats au Code de la route devaient faire appel à un interprète assermenté, entraînant des délais, un coût supplémentaire et une disponibilité limitée. La nouvelle version intégrant la traduction vidéo en LSF, accompagnée de sous‑titrages et d’un temps adapté, supprime ces frais. De surcroît, les sessions pourront être déployées plus fréquemment dans les bureaux d’éducation routière, ce qui abaisse les coûts logistiques et pédagogiques, tout en optimisant les investissements publics.
Retombées économiques pour les territoires
Optimiser l’accès au permis permet d’augmenter le taux d’emploi des personnes sourdes, dont seulement 54 % sont en activité, contre 64 % pour l’ensemble des personnes handicapées. Un taux d’emploi plus élevé se traduit par :
- un gain de revenus pour les ménages sourds,
- une réduction des dépenses sociales liées au chômage,
- une augmentation des recettes fiscales associées aux salaires,
- une stimulation de la mobilité économique locale (consommation, déplacements professionnels).
Contexte institutionnel et impact macro‑économique
La mesure s’inscrit dans le Comité Interministériel du Handicap 2025, qui vise à rendre tout emploi inaccessible à personne handicapée. L’accessibilité des services publics, désormais considérée comme un impératif économique, s’appuie sur ce cadre. En mobilisant l’intelligence artificielle, les sessions LSF sont conçues pour être efficaces et évolutives, tout en répondant aux spécifications techniques des bureaux d’examen.