Actionnaire à 30 % du projet Sakhaline-1 avant le début de l’invasion de l’Ukraine, ExxonMobil avait dû se retirer. Mais le géant pétrolier pourrait revenir en Russie.
ExxonMobil bientôt de retour en Russie ?

ExxonMobil, le come-back en Russie ?
Le président russe, Vladimir Poutine, vient de signer un décret autorisant un possible retour du géant pétrolier américain ExxonMobil dans le projet Sakhaline-1, dans l’Extrême-Orient russe. Cette décision marque un tournant dans la politique énergétique du Kremlin, après plusieurs années d’isolement partiel des grandes majors occidentales à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine en 2022.
Sakhaline-1, situé au large de l’île de Sakhaline, est l’un des plus grands projets pétroliers offshore de Russie. ExxonMobil en était l’opérateur historique depuis les années 1990, avant de se retirer en 2022 sous la pression des sanctions occidentales. Le décret présidentiel prévoit désormais la possibilité pour ExxonMobil de reprendre une participation, via un mécanisme validé par Moscou et placé sous supervision directe de l’État russe. En clair, le Kremlin cherche à faire revenir l’entreprise dans ce projet. Et ce, en dépit de la sortie en queue de poisson de l’entreprise. En 2022, à la suite de ce revirement, ExxonMobil avait dû passer une provision de 4,6 milliards de dollars.
Un retournement de politique
Le retour éventuel du groupe américain constituerait une inflexion notable dans les relations économiques entre la Russie et les compagnies occidentales. Si les Européens restent largement exclus du marché énergétique russe, ExxonMobil pourrait bénéficier de ses relations historiques avec le Kremlin et de l’importance stratégique de Sakhaline-1, qui alimente en brut et en gaz l’Asie, notamment la Chine et le Japon.
Cette ouverture intervient dans un contexte où Moscou cherche à diversifier ses partenariats et à attirer de nouveaux capitaux étrangers, alors que les sanctions continuent de limiter l’accès de la Russie aux technologies de pointe. Elle souligne également le pragmatisme du Kremlin, prêt à réintégrer certains acteurs occidentaux si cela renforce sa sécurité énergétique et sa capacité d’exportation.
Pour Washington, la question est sensible. Un retour d’ExxonMobil nécessiterait une clarification réglementaire et politique, au risque de se heurter aux régimes de sanctions encore en vigueur. Mais du point de vue russe, ce signal envoyé au marché pourrait annoncer une redéfinition partielle des lignes rouges économiques établies depuis 2022. Ce revirement n’est pas anodin. Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump souhaite avant tout faire du business. En cas de retour dans le projet Sakhaline-1, ExxonMobil frapperait un grand coup.
