Barrages hydroélectriques : Paris et Bruxelles scellent un compromis historique

Après deux décennies de blocages et de différends juridiques, la France et la Belgique, soutenues par la Commission européenne, viennent de sceller un accord historique sur la gestion des barrages hydroélectriques.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 29 août 2025 7h00
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13,92%En 2024, l’hydroélectricité a produit 74,7 TWh, soit 13,92 % de la production électrique totale en France

Le 28 août 2025, Paris et Bruxelles ont officialisé un accord sur l’hydroélectricité et la gestion des barrages, mettant fin à une longue confrontation sur les règles de concurrence. Les enjeux sont considérables : en France, environ 340 concessions de barrages, représentant 90 % de la puissance installée, constituent la colonne vertébrale de l’électricité renouvelable. Parmi elles, 61 arriveront à échéance au 31 décembre 2025 selon BFMTV. L’accord vise à lever les incertitudes juridiques qui paralysaient le secteur et à sécuriser l’avenir de cette ressource stratégique.

Énergie hydroélectrique : un compromis attendu entre Paris, Bruxelles et l’UE

Depuis plus de vingt ans, la France est au cœur d’un conflit juridique avec la Commission européenne. Celle-ci reprochait à Paris de ne pas avoir ouvert à la concurrence les concessions hydroélectriques échues, estimant que le monopole d’EDF contrevenait au droit européen. Deux procédures avaient été engagées, en 2015 et 2019. Comme l’ont rappelé les rapporteurs parlementaires, « le pays est enlisé depuis plus de vingt ans dans un différend avec la Commission européenne », relaye BFMTV.

L’accord trouvé fin août 2025 permet d’éviter des sanctions financières tout en sécurisant la continuité d’exploitation. Les discussions ont reposé sur deux options principales, détaillées dans le rapport parlementaire du 13 mai 2025 : soit passer du régime de concession à un régime d’autorisation, afin d’échapper à l’obligation de mise en concurrence, soit réviser la directive européenne sur les concessions pour exclure l’hydroélectricité de son champ d’application. La seconde option, plus lourde, nécessiterait plusieurs années. La première, plus rapide, pourrait être mise en œuvre dès 2026, après la fin des concessions actuelles.

Énergie renouvelable : un parc stratégique de barrages hydroélectriques

En 2024, l’hydroélectricité a produit 74,7 TWh, soit 13,92 % de la production électrique totale en France et environ 50,47 % de la production renouvelable. Elle se place ainsi comme deuxième source d’électricité derrière le nucléaire et première source renouvelable.

La répartition des exploitants souligne la domination d’EDF, qui détient 70 % du parc hydraulique. La Compagnie nationale du Rhône (CNR) gère 25 %, tandis que la Société hydroélectrique du Midi (SHEM) représente 3 %. Les autres acteurs privés se partagent environ 750 MW. L’hydroélectricité joue un rôle unique : elle assure une importante production d’électricité renouvelable et une flexibilité précieuse pour équilibrer le réseau et stocker l’électricité en période de surproduction.

Des investissements enfin débloqués grâce à l’accord

Le différend avec Bruxelles avait gelé de nombreux projets de modernisation et d’extension de barrages. Les énergéticiens, confrontés à l’incertitude juridique, n’investissaient plus. Les rapporteurs parlementaires, à l’Assemblée nationale, ont insisté sur ce blocage : « Ils se sont clairement opposés à la mise en place d’un ‘Arenh Hydro’ afin de ne pas reproduire les travers… ».

Grâce au compromis, la France pourra lancer de nouveaux programmes de modernisation des barrages, indispensables pour améliorer le rendement et accroître la capacité de stockage. EDF a déjà annoncé qu’elle mettrait à disposition 6 GW de capacité hydroélectrique dans le cadre du nouvel accord. Ces volumes permettront de renforcer la contribution de l’hydraulique à la sécurité d’approvisionnement, notamment lors des futurs pics de consommation hivernaux.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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