L’étiquetage numérique des bouteilles de vin, généralisé en 2024, devait apporter transparence et simplicité. Pourtant, une enquête de l’association CLCV révèle que derrière les QR codes se cachent encore des zones d’ombre pour les consommateurs, entre informations lacunaires, additifs multiples et calories souvent méconnues.
Additifs et calories : ce que les consommateurs doivent savoir sur le vin

Étiquetage obligatoire du vin : dans 9 cas sur 10, l'information est accessible par QR code
Depuis la réforme entrée en vigueur en décembre 2023, les producteurs de vin doivent afficher la liste des ingrédients et les données nutritionnelles de chaque vin. Selon l’enquête de l'association de consommateurs CLCV, 96% des bouteilles de 2024 respectent désormais cette obligation. Toutefois, 90% d’entre elles le font via un QR code, privilégiant la dématérialisation plutôt qu’un affichage direct sur l’étiquette.
S’il peut sembler pratique, ce choix présente des limites. Environ 20% des QR codes recensés présentent une anomalie, qu’il s’agisse d’un bug technique, d’un lien cassé ou d’informations incomplètes. Pour les consommateurs, ces dysfonctionnements créent une insécurité informationnelle, allant à l’encontre de l’objectif initial de transparence. « Si la communication dématérialisée est une solution intéressante, elle doit impérativement garantir une information accessible et fiable pour les consommateurs », affirme CLCV.
Cette dépendance au numérique soulève aussi des questions d’accessibilité. Les consommateurs moins à l’aise avec les outils numériques, ou situés en zones à faible couverture réseau, peinent parfois à accéder aux informations. L’étiquetage physique, limité à la mention des allergènes et au degré d’alcool, apparaît donc insuffisant pour une partie du public.
Des vins riches en additifs, un constat récurrent
L’enquête dévoile un autre point saillant : la quasi-totalité des vins analysés contiennent des additifs. Précisément, 96% des échantillons testés en 2024 affichent au moins un additif, avec une moyenne de 3,5 additifs par vin. Ces substances, autorisées par la réglementation européenne, concernent par exemple les sulfites, les agents de conservation ou encore les correcteurs d’acidité.
La comparaison entre filières met en évidence des différences notables. Les vins biologiques recourent en moyenne à deux fois moins d’additifs que les vins conventionnels, confirmant leur image de produits plus « naturels ». Pour le consommateur, cette donnée nourrit un choix éclairé, mais encore faut-il y avoir accès sans obstacle technique. La mention des additifs, souvent dissimulée derrière le QR code, nécessite une vigilance accrue.
Cette forte présence d’additifs interroge également sur les pratiques de vinification modernes. Si leur usage est encadré et jugé sûr par les autorités sanitaires, la multiplication de ces substances dans un produit culturellement perçu comme « naturel » peut déstabiliser le consommateur. La transparence devient alors un enjeu de confiance, surtout face à un marché où le vin se veut porteur d’identité, de terroir et d’authenticité.
Calories : une transparence encore incomplète
Au-delà des ingrédients, l’étiquetage du vin doit aussi mentionner les valeurs nutritionnelles, dont l’apport calorique. Là encore, l’enquête apporte des données inédites. Les valeurs énergétiques varient entre 53 et 90 kilocalories pour 100 mL de vin, révèle CLCV. Autrement dit, un verre standard de 150 mL représente entre 80 et 135 kilocalories. Une information précieuse pour les consommateurs soucieux de leur équilibre alimentaire.
Cependant, l’accès à cette donnée reste souvent indirect. L’affichage par QR code, quand il fonctionne correctement, permet de consulter un tableau nutritionnel détaillé. Mais les anomalies relevées — 20% des cas — limitent la portée de cette obligation. Dans les faits, de nombreux consommateurs ne disposent pas d’une information claire sur les calories contenues dans leur verre de vin.
Cette opacité partielle contraste avec l’évolution d’autres secteurs alimentaires, où l’étiquetage frontal ou les systèmes simplifiés, tels que le Nutri-Score, facilitent la lecture. La filière vin, quant à elle, s’appuie sur une solution technique qui repose sur l’initiative du consommateur : scanner le QR code, naviguer sur une page parfois peu ergonomique et décrypter des informations dispersées. La transparence promise reste donc relative.
