Le 22 septembre 2025, Emmanuel Macron doit annoncer à l’ONU la reconnaissance par la France de l’État de Palestine, un geste historique qui cristallise autant d’espoirs que de tensions.
Emmanuel Macron reconnaît l’Etat de Palestine aujourd’hui

C’est lors de l’Assemblée générale des Nations unies, ce 22 septembre 2025, que le président Emmanuel Macron officialisera la reconnaissance par la France de l’État de Palestine. Un choix hautement symbolique, qui peut paraître arriver au mauvais moment. Cette décision s’accompagne d’un protocole précis, de conditions politiques strictes.
Le protocole de la reconnaissance : moment, lieu et cadre institutionnel
L’annonce doit intervenir lors du discours d’Emmanuel Macron à l’Assemblée générale de l’ONU, prévue à 21h30 heure de Paris. Le choix de New York et de l’arène multilatérale n’est pas anodin. Il vise à donner une visibilité maximale à un geste présenté comme une « contribution française à la paix ». La reconnaissance de la Palestine s’inscrit dans le domaine réservé du chef de l’État en matière diplomatique, ce qui signifie qu’aucun vote parlementaire n’est requis pour la valider.
Ce protocole suit une longue tradition française : Charles de Gaulle avait reconnu la Chine populaire en 1964, François Mitterrand avait ouvert la voie à des relations avec Israël et l’OLP, Jacques Chirac s’était distingué par son opposition à la guerre en Irak. Emmanuel Macron entend s’inscrire dans cette lignée, tout en affirmant une autonomie stratégique. Selon le ministre délégué Jean-Noël Barrot, cette décision représente « une victoire diplomatique majeure pour la France », reflétant une volonté de peser sur la scène internationale.
Les conséquences concrètes : diplomatie, sécurité et économie
La reconnaissance vise à établir des relations diplomatiques normales avec l’État de Palestine, défini sur les frontières de 1967, incluant la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est. Elle devrait déboucher sur l’ouverture d’ambassades et sur une présence accrue d’institutions françaises dans les territoires palestiniens. Plus de 145 pays reconnaissent déjà la Palestine, comme la Suède, Malte, la Bulgarie, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la République tchèque, la Slovaquie, Chypre, la Grèce, et la France rejoint désormais ce mouvement.
Cependant, Paris assortit cette décision de conditions strictes. Emmanuel Macron exige un cessez-le-feu à Gaza, le désarmement du Hamas, sa mise à l’écart du futur processus politique, la libération immédiate des otages israéliens, ainsi que des réformes institutionnelles de la part de la Palestine, dont l’organisation d’élections crédibles et la fin des incitations à la haine dans les manuels scolaires. Selon un conseiller diplomatique de l’Élysée, « il s’agit d’une reconnaissance conditionnelle, pas d’un chèque en blanc ».
Sur le plan économique, la France espère renforcer sa position comme acteur de stabilisation au Proche-Orient. Une telle reconnaissance pourrait ouvrir des perspectives de coopération en matière d’aide au développement, d’énergie ou d’infrastructures dans les territoires de la Palestine. Mais elle comporte aussi des risques : des représailles économiques d’Israël ou des tensions avec des alliés commerciaux comme les États-Unis. Cette ambivalence alimente le débat.
Les soutiens : dynamiques européennes et internationales
La France n’agit pas seule. Le Royaume-Uni, à l’origine de la Déclaration Balfour, a reconnu la Palestine quelques jours plus tôt, suivi du Canada, de l’Australie et du Portugal. D’autres pays européens, comme la Belgique, le Luxembourg ou Malte, s’apprêtent à rejoindre le mouvement. Pour Paris, ce front commun vise à éviter l’isolement diplomatique et à inscrire la reconnaissance dans une dynamique multilatérale.
Dans le monde arabe, la décision française est largement saluée. Plusieurs chancelleries estiment que ce geste renforce la légitimité politique des Palestiniens et pourrait relancer le processus de paix. Sur le plan européen, Ursula von der Leyen a exprimé sa « compréhension » envers l’initiative française, tout en rappelant que l’Union européenne reste divisée sur la question. La Suède et l’Espagne avaient déjà franchi le pas par le passé, mais d’autres pays, comme l’Allemagne, restent prudents.
Les opposants : Israël, Washington et certaines voix françaises
Israël a immédiatement dénoncé la reconnaissance française, affirmant qu’elle « récompense le terrorisme » et « compromet la sécurité de l’État hébreu ». Du côté américain, plusieurs responsables ont mis en garde contre une initiative « prématurée », qui risquerait de fragiliser les négociations régionales et de renforcer les groupes extrémistes. Ces critiques rappellent combien la question de la Palestine demeure une ligne de fracture dans les relations internationales.
En France, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a exprimé son opposition, qualifiant cette décision de « risque moral et diplomatique ». Certains intellectuels ou éditorialistes, comme Rachel Khan, considèrent même qu’il s’agit d’un « jour J du palestinisme », soulignant les dangers d’une reconnaissance qui ne tiendrait pas compte des réalités sécuritaires israéliennes. À l’inverse, une partie de la société civile, y compris des voix issues de la communauté juive française, plaident pour soutenir Emmanuel Macron, estimant que ce choix renforce la possibilité d’une paix durable.
