Grève du 2 décembre : les syndicats face au discours de rigueur budgétaire

La grève du 2 décembre s’annonce comme un révélateur national : cette journée de mobilisation, portée par la CGT, la FSU et Solidaires, entend dénoncer les choix du budget 2026, alors même qu’une majorité de Français estime nécessaire de réduire la dépense publique.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 1 décembre 2025 16h35
Greve Du 2 Decembre Les Syndicats Face Au Discours De Rigueur Budgetaire
Grève du 2 décembre : les syndicats face au discours de rigueur budgétaire - © Economie Matin

Le mardi 2 décembre 2025, la grève du 2 décembre s’inscrit en pleine session budgétaire, au moment où le gouvernement défend la trajectoire 2026 devant l’Assemblée nationale. Cet appel, limité à trois organisations — la CFDT et FO ne s’y associant pas — s’articule autour d’un rejet des coupes dans l’éducation, la santé, les collectivités et l’ensemble de la fonction publique. Mais cette grève du 2 décembre se déroule surtout dans un pays où la demande de réduction du déficit et de rationalisation de la dépense publique n’a jamais été aussi forte depuis dix ans. C’est précisément dans cette contradiction que se déploie la mobilisation.

Transports ajustés, service public fragilisé

Les transports constituent le premier baromètre opérationnel de la grève du 2 décembre, avec des perturbations annoncées mais limitées. À la RATP, un préavis s’étend du lundi 1ᵉʳ décembre à 18 heures au mercredi 3 décembre à 7 heures, ce qui pourrait élargir la fenêtre de perturbations. Cependant, aucune désorganisation majeure n’est prévue sur le réseau parisien, les prévisions finales étant publiées la veille sur les outils numériques de la régie. Cette situation illustre une mécanique paradoxale : la grève du 2 décembre vise à alerter sur les effets des restrictions budgétaires, mais l’entreprise publique s’efforce d’assurer une continuité de service maximale pour éviter le mécontentement des usagers.

Sur le réseau SNCF, les effets demeurent incertains tant que les prévisions — attendues le 1ᵉʳ décembre à 17 heures — ne sont pas publiées. La CGT Cheminots affirme vouloir « combattre l’austérité et l’éclatement du service public SNCF ». Cette dénonciation met en lumière un processus silencieux : les réorganisations successives dans les fonctions transverses, médicales, sociales, administratives ou informatiques, évoquées dans les communiqués syndicaux, traduisent déjà plusieurs années d’efforts de rationalisation interne. La grève du 2 décembre devient l’occasion de rendre publiques des tensions structurelles que beaucoup d’usagers soupçonnent, sans en mesurer la portée.

L’école, premier front du conflit budgétaire

Dans l’éducation, la grève du 2 décembre prend une dimension centrale. Les 4 018 suppressions de postes dans le secondaire dénoncées par les syndicats deviennent l’un des symboles du bras de fer avec le gouvernement. Les moyens du primaire, en baisse selon plusieurs organisations, alimentent un discours syndical qui fustige des « régressions nombreuses et graves ».

Sur le terrain, la grève du 2 décembre va se traduire par des absences massives d’enseignants, des classes fermées, des cantines perturbées, des crèches désorganisées. Des rassemblements sont prévus devant les rectorats : à Bordeaux à 12 heures, à La Rochelle et Périgueux vers 10 h 30, selon Modes & Travaux. D’un point de vue macro, ce secteur concentre tous les signaux faibles qui alimentent la mobilisation : montée des besoins pédagogiques, fragilité des conditions d’enseignement, et arbitrages budgétaires qui heurtent le ressenti des personnels.

Le cas de l’éducation montre aussi l’envers du débat démocratique : une partie des contribuables considère que le secteur coûte trop cher pour des résultats insuffisants. L’autre partie juge qu’il est déjà sous-financé. La grève du 2 décembre met au jour cette fracture.

Grève du 2 décembre : santé, social et administrations face à l’effort de réduction du déficit

Le secteur médico-social, lui aussi mobilisé le 2 décembre, illustre les arbitrages difficiles du budget 2026. Les syndicats prévoient le report « d’activités programmées non urgentes », comme des consultations spécialisées ou des interventions planifiées, tandis que les urgences et les soins essentiels resteront assurés. La grève du 2 décembre montre ici les limites pratiques de la dépense publique : malgré la hausse tendancielle des budgets hospitaliers depuis dix ans, la perception des soignants est celle d’un dispositif à flux tendu, où chaque suppression de poste ou rationalisation logistique se paie immédiatement en qualité de service.

Les administrations ne seront pas épargnées par la grève du 2 décembre : certaines mairies, préfectures, centres des impôts, agences France Travail ou caisses d’allocations verront leurs guichets fermer ou fonctionner en mode réduit. Cela découle des préavis déposés dans l’ensemble de la fonction publique. Là encore, le paradoxe est saisissant : les usagers déplorent la lenteur administrative et la rigidité des services, mais soutiennent majoritairement la réduction du déficit, qui implique pourtant des économies internes.

Les revendications syndicales couvrent un champ large : fin du gel des rémunérations, retrait des suppressions d’emplois, abandon du doublement des franchises médicales, renforcement des budgets hospitaliers, éducatifs, universitaires et sociaux, et financement par une justice fiscale ciblant les plus hauts patrimoines. Cette grève du 2 décembre, davantage qu’une protestation sectorielle, devient ainsi un contre-projet de finances publiques.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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