Les pistes de réflexion du gouvernement pour le projet de budget 2026 étonnent autant qu’elles intriguent. Parmi elles, une proposition a suscité de vives réactions : baisser l’impôt sur le revenu des couples payés au Smic, alors que la plupart d’entre eux échappent déjà largement à l’imposition. Pourquoi une telle mesure ? Comment serait-elle mise en œuvre ? Et que révèle-t-elle de l’orientation politique choisie par Matignon ?
Lecornu veut baisser l’impôt des couples au Smic, voici pourquoi

Une baisse ciblée de l’impôt, même pour les bas salaires
Sébastien Lecornu, ministre des Finances, a confirmé le 2 octobre que le gouvernement travaillait sur plusieurs mesures fiscales dans le cadre du budget 2026. Parmi elles, une mesure retient l’attention : une baisse de l’impôt sur le revenu destinée aux couples percevant un Smic. Une idée a priori paradoxale, dans la mesure où ces foyers à très faibles revenus ne paient quasiment jamais d’impôt.
« Le salarié au Smic, quand il est seul, n’est pas imposable, mais les couples où chacun est payé au Smic peuvent l’être », a précisé Matignon. Cette précision explique en partie le raisonnement gouvernemental. Car, si un salaire au niveau du Smic brut mensuel (1 801,80 €) ne déclenche aucun impôt pour un célibataire, la situation change pour un foyer composé de deux actifs à ce niveau de rémunération.
Actuellement, un tel couple paie en moyenne entre 500 et 600 € par an d’impôt sur le revenu, selon une estimation reprise par BFMTV. Cela représente environ 50 € par mois, une somme qui peut sembler marginale à l’échelle nationale, mais significative dans le budget d’un ménage à bas revenu.
Une incitation fiscale qui vise le « reste à vivre »
À Matignon, on explique que ces mesures en faveur des petits salaires traduisent une volonté politique claire : renforcer le pouvoir d’achat des actifs, sans recourir à de nouvelles aides sociales. Selon l’entourage du Premier ministre, « le fait de vivre de son travail et le reste à vivre demeurent une des premières préoccupations des Français », a rapporté BFMTV.
Dans cette logique, la baisse d’impôt envisagée ne s’adresse pas à tous les salariés au Smic, mais aux couples cumulant deux salaires proches de ce seuil, et se situant donc légèrement au-dessus des seuils d’exonération actuels. Cette nuance a été précisée par Public Sénat, qui évoque une mesure destinée « aux foyers légèrement au-dessus du Smic ».
La stratégie repose sur une modulation de l’impôt sur le revenu : l’idée serait d’aligner la fiscalité de ces foyers sur celle des célibataires au Smic, en tenant compte de leur situation familiale. Le ministère n’a toutefois pas précisé si cet ajustement passerait par un relèvement de la décote, une modification du barème ou une extension du quotient conjugal. « Rien n’est tranché », a rappelé le cabinet du Premier ministre auprès de BFMTV.
Une orientation budgétaire en faveur du travail, mais sans chiffrage précis
Cette proposition intervient dans un contexte budgétaire où le gouvernement cherche à démontrer qu’il valorise le travail, plutôt qu’il ne renforce les prestations sociales. Elle s’inscrit aux côtés d’autres pistes également discutées, comme la défiscalisation des heures supplémentaires, qui sont déjà exonérées dans la limite de 7 500 € par an, selon BFMTV.
Le projet s’aligne sur une doctrine plus large promue par Sébastien Lecornu : récompenser les revenus d’activité modestes, sans accroître les transferts sociaux. Mais cette orientation pose plusieurs défis techniques, notamment la définition exacte des foyers concernés, la méthode de calcul, et le coût budgétaire global.
Jusqu’à présent, aucun chiffrage détaillé n’a été fourni. Il est donc impossible de savoir combien de foyers pourraient être concernés, ni combien cette mesure coûterait à l’État. La prudence reste de mise. Le gouvernement n’a pas encore inscrit cette réforme dans le projet de loi de finances pour 2026.