Les Français titulaires d’un contrat d’électricité à tarification différenciée vont voir leur quotidien bouleversé. Dès le 1ᵉʳ novembre 2025, le dispositif heures pleines/heures creuses va connaître une réforme d’envergure, touchant directement les usages domestiques et les stratégies d’économies d’énergie.
Électricité : réforme des heures pleines et creuses, mode d’emploi

Le système des heures pleines et heures creuses en électricité, appliqué à près de 14,5 millions de foyers en France selon UFC‑Que Choisir, est sur le point d’être profondément réorganisé. À compter du 1ᵉʳ novembre 2025, les plages horaires associées à ces tarifs différenciés seront redistribuées dans un objectif de meilleure adéquation entre consommation, production et réseau. Cette réforme, pilotée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), s’inscrit dans le cadre du nouveau TURPE 7, entré en vigueur le 1ᵉʳ août 2025.
Un fonctionnement centré sur la flexibilité de la demande d'électricité
Le dispositif dit « HP/HC » repose sur une répartition quotidienne : 16 heures pleines, facturées au tarif standard, et 8 heures creuses, au prix du kWh réduit. Comme le rappelle EDF Particulier, « les plages d’heures creuses sont des moments de la journée où la demande en électricité est plus faible, permettant un tarif réduit du kWh ». Ce découpage a pour but d’inciter les consommateurs à décaler leurs usages vers les périodes les moins tendues pour le réseau.
Depuis son lancement dans les années 1980, cette tarification différenciée permet de réaliser des économies d'électricité significatives, à condition de programmer les appareils énergivores (chauffe-eau, lave-linge, etc.) durant les créneaux à bas coût. Cependant, l’abonnement « Heures Creuses » implique un tarif plus élevé en heures pleines qu’en option « Base », ce qui oblige à une utilisation réellement décalée pour en tirer profit (EDF Particulier, même source). Jusqu’à présent, les horaires de ces plages étaient définis localement par Enedis, le gestionnaire du réseau, en fonction des contraintes de charge régionales.
Dès novembre, un redécoupage imposé à l’échelle nationale
Dès le 1ᵉʳ novembre 2025, le système entre dans une nouvelle ère. Selon la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), la réforme vise à « lisser la demande » sur les plages horaires où la production solaire est la plus forte — notamment entre 11h et 16h. En clair, une partie des heures creuses, jusqu’ici principalement nocturnes, sera déplacée vers l’après-midi.
« Les 8 heures creuses quotidiennes vont être réparties sur deux périodes : la nuit, entre 23h et 7h, avec au moins 5 heures consécutives ; la journée, entre 11h et 17h, avec jusqu’à 3 heures creuses », explique le Service Public. Cette nouvelle répartition s’appliquera à environ 11 millions de foyers sur les 14,5 millions ayant souscrit à cette option tarifaire d'électricité, selon UFC‑Que Choisir.
Le calendrier prévoit une bascule progressive entre novembre 2025 et fin 2027, afin de laisser aux consommateurs le temps de s’adapter. Les horaires matinaux (7h–11h) et du soir (17h–23h) seront supprimés, jugés inefficaces du point de vue de la production renouvelable. L’ajustement saisonnier entre été et hiver sera également pris en compte : en période estivale, les heures creuses seront réparties entre nuit et après-midi ; en hiver, elles pourront redevenir exclusivement nocturnes.
Quelles conséquences concrètes pour les consommateurs ?
Ce redécoupage aura un impact direct sur les économies d'électricité que les ménages peuvent réaliser. Les heures creuses mal positionnées aujourd’hui, souvent peu exploitables pour programmer ses appareils, seront remplacées par des créneaux plus propices à l’automatisation des usages. Cela pourrait renforcer l’intérêt de l’option HP/HC, notamment pour les foyers équipés de ballons d’eau chaude, de pompes à chaleur ou de véhicules électriques.
Le Journal de l’Économie souligne que cette réforme doit permettre « d’optimiser les appels de puissance sur le réseau et de tirer parti des pics de production photovoltaïque en journée ». Elle répond également à une exigence structurelle du nouveau TURPE 7, qui promeut une modulation plus fine des tarifs en fonction des périodes et des régions.
En pratique, Enedis transmettra les nouvelles plages horaires aux fournisseurs d’électricité au moins six mois à l’avance, et les clients seront prévenus individuellement un mois avant tout changement effectif. Pour les utilisateurs de compteurs Linky, la modification des plages pourra être faite à distance, sans intervention technique.
Cependant, tous les foyers ne seront pas affectés. UFC‑Que Choisir précise que « certains consommateurs conserveront leurs horaires actuels si ceux-ci sont déjà en adéquation avec les nouveaux critères de placement ».