Cadres : votre salaire progresse-t-il vraiment cette année ?

Le salaire des cadres progresse en 2025, mais sa montée reste modérée. Le dernier baromètre Apec met en évidence des hausses volontaires, des différenciations sectorielles et des pratiques qui évoluent dans un contexte économique encore incertain.

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By Aurélie Giraud Published on 19 novembre 2025 10h39
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En 2025, les hausses salariales se concentrent sur une partie seulement des cadres. - © Economie Matin
55.000 €Rémunération annuelle brute médiane des cadres en 2025 selon l’Apec.

La publication de l’étude annuelle de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) livre une vision actualisée du marché de la rémunération des cadres. Elle repose sur un échantillon de 26.000 cadres en poste dans le secteur privé et met en lumière les mécanismes et disparités qui influencent leur salaire. Les données offrent un panorama riche — et parfois contrasté — de la réalité salariale.

Rémunération des cadres : une progression qui ralentit

L’évolution de la rémunération des cadres en 2025 confirme un essoufflement du mouvement enclenché lors des années de forte inflation. Selon l’Apec, « la rémunération annuelle brute médiane (fixe + variable) des cadres s’établit en juin 2025 à 55 k€, en progression de +1,8% ». Ce chiffre reste positif mais tranche nettement avec les hausses observées en 2022 et 2023, plus dynamiques. Les entreprises ne reviennent pas en arrière, mais elles ralentissent.

L'étude précise par ailleurs que « 53% des cadres ont bénéficié d’une augmentation en 2025, mais cette proportion a baissé de 7 points comparé à 2024 ». Le mouvement touche toutes les tranches d’âge et la plupart des secteurs, y compris ceux traditionnellement plus généreux en revalorisations, comme l’ingénierie ou l’informatique.

Autre élément clé : la part variable se stabilise. « La part variable représente en moyenne 11,2% de la rémunération totale des cadres », précise l’Apec. Une donnée qui confirme le rôle désormais structurel des bonus, primes et rémunérations liées à la performance, tout en soulignant leurs limites.

Des augmentations plus ciblées, moins collectives

L’année 2025 marque un tournant : les entreprises privilégient les ajustements individuels plutôt que les hausses générales. Selon un article de Challenges consacré à cette étude, la tendance est à des revalorisations plus sélectives, concentrées sur les profils rares ou les secteurs en tension.

La mobilité professionnelle reste un levier déterminant. L’Apec observe que « 64% des cadres ayant changé d’entreprise et 70% ayant changé de poste ont été augmentés, contre 49% n’ayant pas évolué en interne ». Cette différence confirme que la négociation salariale repose moins sur l’ancienneté et davantage sur l’évolution de carrière. Rester au même poste, même performant, ne garantit plus une revalorisation.

L’écart femmes-hommes persiste lui aussi. Selon l’analyse détaillée de l’Apec, la rémunération médiane des hommes cadres dépasse encore de 16% celle des femmes. À poste comparable, l’écart avoisine 6,8%. Les entreprises affichent de plus en plus leurs engagements sur le sujet, mais les chiffres montrent une inertie forte.

Transparence salariale : un chantier que les cadres surveillent

La demande de transparence est l’un des phénomènes les plus visibles en 2025. Selon un travail spécifique publié par l’Apec le même jour que son baromètre, 65% des offres d’emploi cadre diffusées sur la plateforme affichent désormais une fourchette de rémunération, contre 47% en 2019.

Cependant, la perception interne reste très différente. L’étude “Transparence salariale” souligne que 46% des cadres jugent leur entreprise opaque en matière de rémunération.

Ce décalage devient stratégique pour les entreprises. L’entrée en vigueur de la directive européenne sur la transparence salariale, annoncée pour 2026, accentue la pression. Les entreprises devront publier davantage d’indicateurs et justifier leurs écarts.

Les cadres, de leur côté, s’appuient de plus en plus sur les fourchettes publiques pour calibrer leurs demandes d’augmentation. Cette évolution change la nature du dialogue salarial : ce ne sont plus seulement des négociations individuelles, mais des discussions fondées sur des données comparables, consultables et opposables.

Pouvoir d’achat : un sentiment en décalage avec les chiffres

Malgré une hausse médiane de +1,8%, le ressenti des cadres reste mitigé. Selon plusieurs articles économiques publiés depuis la parution du baromètre, beaucoup considèrent que leur pouvoir d’achat ne progresse pas réellement. La hausse nominale ne compense pas encore la montée durable des dépenses contraintes (loyer, assurances, transport).

Les cadres observent également que les promotions internes sont plus rares, ce qui réduit mécaniquement les augmentations significatives. L’analyse publiée par AEF Info souligne ainsi que les cadres sont « en attente de mesures relatives à la transparence salariale » et davantage sensibles à la façon dont leur rémunération évolue dans le temps, plutôt qu’à son niveau absolu.

Ce décalage pourrait devenir un facteur-clé d’attractivité, au même titre que les avantages sociaux, le télétravail ou les conditions de travail.

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Aurélie Giraud, juriste de formation, titulaire d'une maîtrise de droit public (Sorbonne, Paris I), est journaliste à Economie Matin, après avoir travaillé comme correctrice et éditrice dans l’édition.

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