Elle se glisse dans les boîtes mail d’entreprise, cible les services RH débordés, exploite la moindre faille d’organisation. L’arnaque au virement de salaire n’est pas une fraude parmi d’autres : c’est une attaque directe contre votre paye, avec des effets immédiats sur votre budget, votre découvert, votre loyer.
Arnaque au virement de salaire : l’escroquerie qui cible vos revenus à la source

Les autorités françaises multiplient les avertissements ces derniers jours. « Cette nouvelle arnaque consiste à usurper l’identité d’un salarié pour demander […] de modifier les coordonnées bancaires », prévient Service-Public.fr.
Fraude au virement de salaire : pourquoi cette arnaque explose maintenant
Le terrain est favorable. Des bases de données circulent, des fuites massives ont exposé les identités et coordonnées de millions de Français (ex. incident France Travail en 2024). Plus un attaquant en sait sur vous, plus sa demande paraît crédible : intitulé exact de votre poste, manager, ancien IBAN, tranche de salaire. Cette « sur-information » alimente des usurpations convaincantes par courriel, téléphone ou messageries d’entreprise, rappelle la CNIL dans ses conseils face aux détournements liés aux IBAN et aux appels frauduleux.
Le scénario type est rôdé. Un escroc usurpe votre identité, contacte la paie et annonce un « nouveau RIB ». Le service procède au changement sans contre-appel : votre prochain salaire file sur un compte contrôlé par le fraudeur. Le mécanisme est simple : « Les fraudes au virement […] consistent à usurper l’identité d’une personne […] afin de détourner un virement », résume Cybermalveillance. Le choc survient le jour J : pas de versement. Vous découvrez trop tard que le « RIB » a été modifié. Et la menace progresse en volume. Le rapport d’activité 2024 de Cybermalveillance.gouv.fr note une « hausse significative » des fraudes aux virements (+29 % des recherches d’assistance), signe d’une industrialisation des attaques, même si toutes ne visent pas la fiche de paie.
Alerte à la fraude au virement de salaire
La CNIL a publié fin juillet une alerte spécifique. Le cœur du message est double : protéger les données qui permettent l’usurpation et verrouiller les procédures internes de modification de RIB. En cas d’incident, « documenter » la situation et notifier la violation de données à l’autorité quand c’est nécessaire (entreprises). Service-Public.fr appelle à une vigilance renforcée côté salariés : l’arnaque est réelle, active et ciblée, et passe par une usurpation d’identité directement orientée vers votre paie.
Si votre salaire a disparu : chaque minute compte
Réagissez immédiatement : appelez votre banque pour tenter le blocage/retour des fonds ; déposez plainte (la banque peut la demander pour instruire le rappel) ; prévenez les RH et la sécurité informatique pour stopper toute nouvelle tentative ; conservez e-mails, métadonnées et journaux d’accès. C’est exactement la marche à suivre conseillée par Cybermalveillance : « Alertez immédiatement votre banque […] » puis enclenchez la chaîne d’alerte.
Mais le meilleur bouclier du salarié, c’est une entreprise qui applique des contre-appels systématiques, des double-validations et des journaux de changement à jour. La CNIL insiste : une modification de coordonnées qui implique des données personnelles relève, en cas d’usurpation et de virement indu, d’une violation de données à documenter et, le cas échéant, à notifier.
