L’hiver 2025‑2026 débute sous le signe de la grippe. Plusieurs régions françaises ont déjà basculé en phase « pré-épidémie », signalant un démarrage rapide de la circulation virale. Après une saison 2024‑2025 marquée par un excès de mortalité dépassant les 17 000 décès, les autorités sanitaires s’inquiètent d’une résurgence aussi brutale qu’anticipée.
Grippe : la France entre en pré-épidémie fin novembre 2025

Un début de saison sous haute surveillance
Depuis le 26 novembre 2025, les bulletins épidémiologiques hebdomadaires de Santé publique France alertent sur une recrudescence des syndromes grippaux. Selon l’agence sanitaire, « l’activité grippale est en augmentation dans toutes les classes d’âge ». Trois régions métropolitaines sont désormais classées en « pré-épidémie » : l’Île-de-France, la Normandie et la Nouvelle-Aquitaine.
À Mayotte, la phase épidémique est déjà enclenchée. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, les indicateurs de surveillance, notamment les consultations de SOS Médecins et les passages aux urgences pour grippe, sont également en hausse, bien que la région ne soit pas encore officiellement en pré-épidémie. Cette dynamique suggère toutefois une transition imminente vers un niveau d’alerte supérieur.
Le lourd héritage de l’épidémie 2024‑2025
La saison précédente a laissé une empreinte préoccupante dans le paysage sanitaire français. La grippe de l’hiver 2024‑2025 s’est révélée exceptionnellement virulente. D’après le bulletin épidémiologique hebdomadaire du 14 octobre 2025, publié par Santé publique France, elle a été marquée par « une circulation simultanée des trois virus grippaux saisonniers (A(H1N1)pdm09, A(H3N2) et B/Victoria), un démarrage précoce et une durée supérieure à la moyenne ».
Le chiffre le plus alarmant reste l’estimation de l’excès de mortalité toutes causes durant cette période : environ 17 600 décès. Cette surmortalité a été en grande partie imputée à la grippe, notamment chez les personnes âgées et les patients présentant des pathologies chroniques. Face à cet afflux de malades, de nombreux hôpitaux avaient déclenché des plans blancs, augmentant les capacités d’accueil en urgence.
Des conditions propices à une reprise accélérée
L’activation précoce de la grippe en cette fin novembre ne relève pas du hasard. Plusieurs facteurs structurels et comportementaux convergent. D’une part, la co-circulation active de virus grippaux de type A et B crée un climat épidémique instable. D’autre part, l’allègement des gestes barrières, désormais moins observés par la population, favorise une diffusion plus rapide des agents pathogènes.
Comme l’expliquait Santé publique France dans son analyse du mois d’octobre, « la levée des restrictions liées à la Covid‑19 a entraîné une exposition plus large aux virus respiratoires saisonniers ». De plus, l’intensification des activités en milieu clos dès l’arrivée du froid, transports bondés, salles de classe, lieux culturels, multiplie les opportunités de transmission.
Une menace sanitaire multiforme
Au-delà de la grippe, les autorités sanitaires rappellent que plusieurs virus respiratoires circulent simultanément, à commencer par le VRS (virus respiratoire syncytial), responsable de la bronchiolite, et le SARS-CoV-2, toujours présent. Cette co-circulation augmente les risques de co-infections, qui peuvent aggraver les tableaux cliniques, notamment chez les populations fragiles.
Les données recueillies en Occitanie indiquent déjà un rebond des passages aux urgences pour infections respiratoires aiguës (IRA) et syndromes grippaux chez les enfants de moins de 5 ans et les personnes âgées. Ce constat s’aligne avec les données nationales et anticipe une tension accrue sur les structures hospitalières dans les semaines à venir.
Que faire face à cette recrudescence ?
Pour freiner l’installation de l’épidémie, plusieurs leviers sont disponibles. En premier lieu, la vaccination demeure l’outil le plus efficace pour prévenir les formes graves et limiter la diffusion du virus. La campagne vaccinale 2025‑2026, lancée début octobre, cible en priorité les personnes à risque : plus de 65 ans, femmes enceintes, patients immunodéprimés ou souffrant de maladies chroniques, mais aussi les professionnels de santé. Par ailleurs, les gestes barrières, bien que largement abandonnés, conservent toute leur pertinence. Le port du masque dans les lieux clos ou bondés, le lavage régulier des mains et l’aération fréquente des espaces collectifs sont autant de réflexes simples mais protecteurs.
Selon Santé publique France, « ces mesures restent efficaces contre la grippe et les autres virus respiratoires ». Dans les régions en pré-épidémie, certains établissements scolaires et médico-sociaux ont déjà commencé à renforcer leurs protocoles internes. Il s’agit notamment de limiter les visites en maisons de retraite, d’augmenter la surveillance des cas symptomatiques et d’instaurer une vigilance renforcée dans les crèches et les écoles primaires.
