Dans le cadre de l’accord commercial USA–UE (Union Européenne), la plupart des droits de douane américains sur les produits européens seraient relevés à 15 %, contre 10 % précédemment, mais moins que les 30 % que l’administration américaine avait menacé d’imposer si aucun accord n’était conclu avant le 1er août.
Accord commercial USA–UE : bilan positif ou négatif ?

Les automobiles seront soumises à un tarif douanier de 15 %, contre 25 % actuellement. Il s'agit d'une concession importante pour l'UE, car c'était l'une des principales demandes de la partie européenne lors des négociations. Les exportations de l'UE vers les États-Unis liées à l'automobile s'élèvent à environ 53 milliards d'euros (Fig.1) ; l'Allemagne et l'Italie en représentent la grande partie. Les exportations d'automobiles vers les États-Unis représentent 10 % du total des exportations de l'UE vers les États-Unis en 2024. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a précisé que certains produits européens bénéficieraient d’une suppression totale des droits de douane américains — notamment les avions et pièces détachées aéronautiques, certains produits chimiques, certains médicaments génériques et certains équipements de fabrication de semi-conducteurs. Il n’est pas encore établi si le taux de 15 % sur les semi-conducteurs et produits électroniques et les produits pharmaceutiques, qui ne sont actuellement pas soumis à des droits de douane supplémentaires aux États-Unis, entrera en vigueur le premier août en même temps que les autres volets de l’accord, ou si ce taux ne s’appliquera que lorsque les droits sectoriels seront instaurés pour d’autres partenaires commerciaux. Des annonces concernant les droits de douane sur les semi-conducteurs/électronique et les produits pharmaceutiques sont attendues dans les prochaines semaines. Concernant l’acier et l’aluminium, les droits de douane resteront à 50 %, mais la présidente von der Leyen a déclaré qu'ils pourraient être réduits et remplacés par des quotas. Nous n’avons pas d'accord sur les boissons alcoolisées pour l'instant.
Globalement, cela suggère que le taux moyen des droits de douane américains sur les produits européens n’augmenterait que marginalement par rapport aux niveaux actuels, les exemptions spécifiques et la baisse du tarif automobile venant compenser en partie la hausse du taux de base.
Côté européen, l’UE semble supprimer ses droits de douane sur les exportations américaines dans le cadre de l’accord. Toutefois, comme ces produits étaient déjà soumis à un droit de douane moyen pondéré d’environ 1 %, l’impact global de cette réduction resterait limité.
À l’image de l’accord récemment conclu avec le Japon, l’accord avec l’UE prévoit également des engagements d’achat de produits américains (750 milliards de dollars dans l’énergie) ainsi qu’une promesse d’investissement de 600 milliards de dollars.
Il convient de garder à l’esprit que l’administration américaine pourrait remettre en question certains accords commerciaux déjà conclus, dans l’optique d’ouvrir de nouvelles discussions. Ce scénario ne peut être totalement écarté.
L’accord représente-t-il une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
L’accord entre les États-Unis et l’UE était considéré comme l’un des plus difficiles à conclure étant donné la multiplicité des parties prenantes au sein de l’UE. Les nombreux enjeux susceptibles de peser sur les discussions et la rhétorique offensive de ces derniers mois le rendait tout aussi compliqué. L’accord devrait donc être considéré comme une étape majeure vers la résolution du conflit commercial. Beaucoup considèrent l’accord comme négatif pour l’Europe. Mais il permet d’éviter une escalade des tensions commerciales et apporte un peu de visibilité. Nous estimons que le taux effectif des droits de douane sur les exportations de l’UE vers les États-Unis se situe autour de 15–16 % avec l’accord, contre environ 1,5 % en 2024.
Malgré certains montants qui peuvent sembler élevés, il n’est pas évident que l’UE paie un prix beaucoup plus élevé que prévu. Selon nos calculs, le coût direct des droits de douane annoncés représente environ 0,5 % du PIB cumulé.
Du côté américain, l’accord est favorablement accueilli. Cependant, les effets de l’augmentation des droits de douane commencent à se faire sentir dans l’économie américaine, et l’incertitude continue de planer quant à l’ampleur, la répartition des coûts et les éventuels effets de second tour. Dans les jours et semaines à venir, les chiffres de l’emploi, de l’inflation et des ventes de détail seront à regarder à la loupe.
Comment investir ?
L’indice des actions américaines, le S&P 500, a gagné près de 30 % et l’indice européen 14 % depuis leur plus bas d’avril, lorsque les inquiétudes liées à la politique commerciale américaine étaient à leur summum. Cette progression des indices reflète la conviction, qui s’est peu à peu imposée chez les investisseurs, qui était que les négociations entre les États-Unis et leurs principaux partenaires commerciaux finiraient par aboutir à des accords. Dans la mesure où les marchés ont déjà réalisé un beau parcours et qu’ils intègrent une bonne partie des bonnes nouvelles, ils pourraient subir de la volatilité à court terme. Les investisseurs dont l’exposition aux actions est déjà conforme à leurs objectifs stratégiques devraient envisager des couvertures à court terme. Ceux qui sont sous-exposés aux actions devraient, quant à eux, se préparer à renforcer leurs positions en profitant des éventuels replis du marché dans les semaines à venir.
Compte tenu du niveau élevé du déficit budgétaire, du déficit de la balance courante des États-Unis et de la tendance actuelle des investisseurs internationaux à reconsidérer leur exposition au billet vert, nous continuons de tabler sur un affaiblissement du dollar d’ici à la fin de l’année. Alors que le niveau élevé des taux d’intérêt américains rend onéreuse la couverture de l’exposition au dollar, les investisseurs doivent, selon nous, passer en revue leur allocation aux différentes monnaies et l’aligner avec leurs besoins pour faire face à leurs dépenses ou à leurs engagements.
