Taxe de deux euros : ce qui va changer pour les petits colis extra-européens

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By Jehanne Duplaa Published on 20 novembre 2025 10h00
Taxe de deux euros : ce qui va changer pour les petits colis extra-européens
Taxe de deux euros : ce qui va changer pour les petits colis extra-européens - © Economie Matin
2 €L'Assemblée nationale a approuvé l’instauration d’une taxe de deux euros qui sera désormais appliquée à chaque petit colis d’origine extra-européenne

Le 19 novembre 2025, les députés ont approuvé l’instauration d’une taxe de deux euros appliquée à chaque petit colis d’origine extra-européenne. Inscrite dans le projet de loi de finances pour 2026, cette taxe entend répondre à la croissance exponentielle des importations de biens à bas coût. L’Assemblée nationale place ainsi la fiscalité au cœur d’une stratégie économique visant à renforcer le contrôle des flux mondiaux tout en ciblant un segment devenu incontournable pour des millions de consommateurs.

L’objectif affiché : financer un contrôle devenu indispensable

Depuis plusieurs années, le marché français du e-commerce est alimenté par un flot continu d’achats en provenance de plateformes étrangères. D'après RTL, environ 1,5 milliard de colis sont livrés chaque année, et plus d’un sur deux relève de la catégorie des « petits colis » d’une valeur inférieure à 150 euros. Ces envois échappent le plus souvent aux droits de douane classiques, en raison d’un seuil réglementaire conçu initialement pour faciliter les faibles importations, non pour accompagner un modèle économique industriel.

Face à cette situation, la taxe de deux euros apparaît comme un instrument budgétaire autant qu’un outil de régulation. Le gouvernement mise sur un rendement estimé à environ 500 millions d’euros par an, destiné à moderniser les contrôles douaniers. D'après des précisions apportées par Le Monde, cet argent doit financer des scanners de nouvelle génération, renforcer les équipes en zones logistiques et permettre un ciblage accru des flux massifs provenant d’Asie, notamment de Chine. Les élus de la majorité défendent la logique de l’effort collectif : selon eux, l’explosion du commerce transfrontalier nécessite de nouveaux moyens proportionnés à son ampleur.

Une taxe simple en apparence, complexe dans ses effets

La taxe s’applique par article et non par colis, rappelle Points de Vente. Chaque produit contenu dans un envoi de moins de 150 euros se voit ainsi taxé à hauteur de deux euros. Cette précision renforce le rendement mais soulève des interrogations pratiques : comment traiter les colis multi-articles ? Comment collecter efficacement la taxe auprès de plateformes parfois basées hors Europe ? L’Assemblée nationale devra encore éclaircir certains aspects techniques pour éviter les fraudes, les retards ou les doubles paiements.

Derrière l’objectif affiché de financement, la mesure porte un message politique : l’État entend reprendre la main sur un marché devenu difficilement contrôlable. Les douaniers alertent depuis longtemps sur l’impossibilité matérielle de vérifier le flux colossal de petits paquets entrants. En imposant un coût fixe à chaque importation, les pouvoirs publics espèrent agir sur les volumes autant que sur les recettes. Néanmoins, ce mécanisme pourrait être absorbé par certaines plateformes, prêtes à réduire leurs marges pour conserver une image de prix imbattables.

Vives critiques sur l’impact social et la portée réelle de la taxe

Plusieurs acteurs politiques dénoncent une taxe jugée injuste socialement. Le député Jean-Philippe Tanguy estime ainsi que « ce n’est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c’est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes », selon ses propos rapportés par Les Échos.

Marine Le Pen a elle aussi critiqué la mesure, jugeant qu’il était irréaliste de prétendre qu’une taxe de cette ampleur suffirait à « augmenter de manière spectaculaire » les capacités de contrôle.

Un marché profondément redessiné mais encore difficile à encadrer

Avec plusieurs centaines de millions d’achats internationaux chaque année, les petits colis extra-européens représentent aujourd’hui un pilier du commerce numérique. Selon Points de Vente, cette taxe pourrait légèrement freiner l’essor des importations et pousser certaines plateformes à revoir leurs frais logistiques.

Cependant, l’impact réel dépendra largement de l’articulation entre la France et l’Union européenne. La Tribune, dans son analyse économique, souligne que de nombreux pays envisagent eux aussi de taxer les petits colis à bas coût. Une convergence des politiques pourrait réduire les contournements aujourd’hui massifs, comme la sous-déclaration ou la fragmentation artificielle des envois.

L’adoption du texte par l’Assemblée nationale n’a donc pas clos le débat. Elle ouvre au contraire une nouvelle phase : celle où l’État doit démontrer qu’une taxe forfaitaire peut réellement transformer l’équilibre d’un marché dominé par des plateformes internationales au modèle économique redoutablement efficace.

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