La Organisation des Nations unies traverse une zone de turbulences majeures. En décidant de réduire drastiquement la dotation américaine, les États-Unis bouleversent l’équilibre financier de l’ONU et fragilisent des millions de bénéficiaires de l’aide humanitaire.
Aide humanitaire : les USA tournent le dos à l’ONU et coupent les fonds

Le 29 décembre 2025, l’administration américaine a officialisé une décision lourde de conséquences : la baisse massive de la dotation des États-Unis à l’ONU. Premier bailleur historique, Washington revoit à la baisse son soutien financier, invoquant une refonte de son modèle d’aide internationale. Cette annonce intervient alors que l’ONU fait face à des besoins humanitaires records sur fonds de crise climatique et hausse des tensions régionales.
ONU : Trump décide de couper l’aide humanitaire
La relation entre l’ONU et les États-Unis entre dans une phase de rupture budgétaire assumée. Le gouvernement américain a annoncé qu’il allouerait 2 milliards de dollars à l’aide humanitaire transitant par l’ONU pour l’année 2026. Converti, ce montant représente environ 1,85 milliard d’euros, soit une chute spectaculaire par rapport aux années précédentes. Jusqu’en 2022, la contribution américaine dépassait régulièrement 17 milliards de dollars, selon les données compilées par l’agence Reuters. Ainsi, la dotation américaine à l’ONU est divisée par près de neuf en quatre ans, un recul sans précédent.
Cette décision s’inscrit dans la ligne politique défendue par le président Donald Trump, revenu au pouvoir avec la promesse de recentrer l’aide extérieure américaine. L’administration explique vouloir « partager le fardeau » avec d’autres pays développés. « Les agences de l’ONU devront s’adapter, se réduire ou disparaître », a déclaré le département d’État américain. Cette formule brutale traduit un changement de paradigme : l’ONU n’est plus considérée comme un partenaire privilégié mais comme un système à rationaliser voire combattre et faire disparaître.
Dans le même temps, Washington impose un nouveau modèle de financement. Désormais, les fonds américains ne seront plus versés directement aux agences onusiennes, mais centralisés via le Bureau de coordination des affaires humanitaires. Ce choix, présenté comme un gage d’efficacité, suscite néanmoins de vives inquiétudes parmi les acteurs humanitaires, qui redoutent une perte de flexibilité et des délais supplémentaires dans les interventions d’urgence.
ONU en alerte : des coupes qui menacent l’aide humanitaire mondiale
Pour l’ONU, cette baisse de dotation américaine constitue un choc systémique. En 2025, les contributions humanitaires totales des États-Unis s’élevaient encore à 3,38 milliards de dollars, soit environ 3,12 milliards d’euros, représentant 14,8 % du financement humanitaire mondial, selon Reuters. En 2026, l’engagement annoncé tombe à 2 milliards de dollars, alors même que les besoins explosent. L’ONU a lancé un appel humanitaire de 23 milliards de dollars, soit près de 21,3 milliards d’euros, afin de venir en aide à 87 millions de personnes parmi les plus vulnérables de la planète.
Face à cet écart vertigineux, les responsables onusiens parlent de « choix brutaux ». « Nous sommes contraints de hiérarchiser la survie », a averti Tom Fletcher, chef des opérations humanitaires de l’ONU, cité par Reuters. Derrière ces mots, une réalité glaçante : certaines crises majeures risquent de ne recevoir aucun financement américain. Des pays comme l’Afghanistan, le Yémen ou des territoires affectés par le conflit à Gaza figurent parmi les zones exclues du financement initial des États-Unis.
Cette contraction budgétaire intervient dans un contexte global défavorable. Les financements humanitaires mondiaux reculent, tandis que le nombre de personnes nécessitant une assistance dépasse les 240 millions, d’après des estimations relayées par l’AFP. Ainsi, l’ONU se retrouve contrainte de réduire ses programmes, de fermer des missions et de limiter l’aide alimentaire, médicale ou logistique dans des régions déjà ravagées par les conflits et le dérèglement climatique.
Populations fragiles : l’ONU face au risque de catastrophe humanitaire mondiale
Sur le terrain, les conséquences de la baisse de la dotation américaine à l’ONU sont déjà perceptibles. Les organisations partenaires alertent sur des interruptions de programmes vitaux. En Afrique subsaharienne, en Asie centrale ou au Moyen-Orient, des millions de personnes dépendent directement des financements onusiens pour accéder à l’eau potable, aux soins de santé ou à une alimentation minimale. La réduction de l’aide humanitaire se traduit mécaniquement par une hausse du risque sanitaire.
Selon Al Jazeera, des responsables humanitaires estiment que les coupes budgétaires « coûtent déjà des vies ». Cette affirmation, bien que difficile à quantifier immédiatement, reflète une inquiétude partagée. Les crises prolongées, moins médiatisées, sont les premières sacrifiées. En parallèle, l’ONU doit absorber une baisse globale de ses appels de fonds : l’appel humanitaire pour 2026 est presque deux fois inférieur à celui de 2025, qui atteignait près de 47 milliards de dollars.
Ce choix politique américain, présenté comme une rationalisation, fait peser une pression accrue sur les autres bailleurs. L’Union européenne, les États du Golfe ou le Japon sont appelés à combler le vide laissé par Washington. Toutefois, aucun acteur ne dispose, à court terme, de la capacité financière équivalente. Pour l’ONU, le risque est clair : une aide humanitaire fragmentée, insuffisante et incapable de répondre à l’ampleur des crises actuelles.
